mardi 2 novembre 2021

Les bistrots de Robien, rue de Robien à Saint-Brieuc

 

 

Chez Nicolas, LE TOURBILLON, CAFÉ RAMIO, 31 rue de Robien

 
 
 
Années 1900-1910. Carte postale ancienne.

 
 
L'histoire de ce bar-restaurant de la rue de Robien à Saint-Brieuc mérite vraiment que l'on prenne le temps de s'y arrêter car elle est emblématique d'une entreprise familiale qui s'est transmise de génération en génération et qui plus est par les femmes.
 
 
Déjà en 1901, Marie-Françoise Rouxel, née Le Charpentier à Langueux en 1860, veuve, est enregistrée comme aubergiste au 19 rue de Robien. Son mari, Jean-Louis Rouxel, aubergiste, est décédé trois ans avant le 26 septembre 1898.
 
 
Au début des années 1900, on trouve donc déjà un pas de porte avec un débit de boisson à l'angle du boulevard Hoche et de la rue de Robien, comme on le voit sur une carte postale ancienne du quartier.
 
Le propriétaire inscrit dans le recensement de 1906 est François (Célestin) Nicolas, né le 3 juin 1859 à Yffiniac (ex instituteur). C'est le second mari de Marie-Françoise Le Charpentier, veuve de Jean-Louis Rouxel. Elle se remarie avec lui à Saint-Brieuc le 22 juillet 1903. 
 
 
Signatures sur le registre de mariage en 1903.

 
 
 

 
 
1906. recensement rue Jules Ferry. Archives départementales

 


Le numéro d'alors était bien le 19 rue de Robien (plus tard il deviendra le 31).
 
En 1931, la fille de Marie-Françoise Le Charpentier et Jean-Louis Rouxel, Marie-Louise Roussel (avec une erreur sur le nom qui est en fait Rouxel) est inscrite comme débitante et le numéro de la rue est devenu le 31. Elle reprend en fait l'activité que sa mère avait au début du siècle. 

 
On trouve en 1936 René Ramio, né en 1908 à Théza (66), inscrit comme "gendre" de Madame Rouxel. Il est alors "marchand forain". Son épouse Marie (née Rouxel) est née le 9 mars 1912 à Saint-Brieuc. Elle est la petite fille de  Marie-Françoise Nicolas et la fille de Marie-Louise Rouxel. Dans le recensement de 1936, Marie-Françoise Nicolas (veuve et belle-mère) habite avec ses descendants. 
 
En 1932, la petite-fille de Marie-Françoise Le Charpentier-Rouxel-Nicolas, Marie Rouxel, se marie avec René Ramio. C'est la troisième génération de débitants en vin de la rue de Robien.

Dans les années 50, le Tourbillon, appelé aussi "Chez Ramio" (ou Café Ramio) était un établissement bien connu dans le quartier de Robien et plus en général pour les habitants de Saint-Brieuc.

Le Tourbillon se transformait le midi en restaurant ouvrier. Il arrivait parfois à Madame Ramio de commander jusqu’à 150 côtelettes à André et Simone Beloeil, les bouchers, pour un déjeuner.

Les amateurs de combats de boxe (qui se tenaient dans la grande salle des fêtes de Robien) allaient au Tourbillon à l'entracte des combats pour boire un coup. Le bar faisait le plein ces soirs-là. 
 
 
 
La photo ci-dessous a été prise le 29 juillet 1971 par H. Lemare. On y voit M et Mme Ramio et Mlle Émilienne Charloy, une parisienne alors en vacances à Saint-Brieuc.
 

 
 
1971. Le Tourbillon, croisement boulevard Hoche et rue de Robien. Photo A. Bougeard
   


 
La belote était une distraction très prisée dans ce bistrot et des concours pouvaient s'y tenir comme celui du grand concours départemental de belote des Anciens Prisonniers de Guerre en février 1956.(voir plus bas l'article de Ouest-France de 1956).  
 
M et Mme Ramio on tenu leur bar-restaurant jusqu'en 1977. 

A noter que M. Ramio était également connu depuis le début des années 50 dans le quartier pour son activité de marchands de fruits et primeurs.


 
Emplacement actuel du bar Le Tourbillon. Image Google

 
 

M. Ramio, un patron trop confiant


 

Le 11 avril 1950, Ouest-France relate un incident fâcheux s’étant produit chez M. Ramio lorsqu’il exerçait comme vendeur de fruits et primeurs. Sous le titre « Les cageots de fruits s’envolaient », on nous explique que certains employés profitaient de la confiance que leur accordait leur patron « pour charger quelques caisses supplémentaires et garder une partie du surplus d’argent ainsi récolté ».

 

En 1951 s’est ouvert le procès des deux ouvriers indélicats de chez M. Ramio. Le premier a été condamné à 6 mois de prison ferme et à devoir restituer 60 000 francs. Le deuxième écope de 4 mois de prison avec sursis et a dû restituer 15 000 francs.

 
 
 
 
 
La tournée des bistrots de Robien continue ici...

Bistrots rue Jules Ferry 

Bistrots rue abbé Garnier

Bistrots boulevard Carnot

Bistrots rue Luzel

Bistrots rue de Trégueux

 


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Sources

Archives municipales, dossier de presse des années 1996 et 1998 avec des articles de Ouest-France.
 

Archives départementales en ligne. Recensement de la population 1901, 1906, 1911, 1936. 

Etat civil de Langueux, vue numéro 2, registre des naissances 1860.

Registre des mariages :  Nicolas-Le Charpentier, St Brieuc, 1903, vue 381

Généanet, fiche Marie-Françoise Le Charpentier, ici

Site internet, greffe du tribunal de commerce. 

Photographie, collection André Bougeard

 

Si vous avez des commentaires ou des documents sur l'histoire de Robien, vous pouvez utiliser le formulaire de contact en haut à droite de la page. Merci d'avance.

 

1956 25 février. Ouest-France. Concours de belote au café Ramio

 


mercredi 1 septembre 2021

L’entrepôt des bus de la ville, rue abbé Garnier à St Brieuc. 1950-1963

  

 

La rue abbé Garnier dans le quartier de Robien à St Brieuc a longtemps été le siège d'équipements et de services municipaux. C’est ce que nous allons voir avec l’histoire de l’entrepôt des bus de la Ville.

 

 

Des garages pour la compagnie de bus

 

Juste avant les années 50, le 1er mai 1949, la Compagnie Française de Transport (CFT) est choisie par la municipalité pour organiser le réseau de bus de St Brieuc.

Le conseil municipal du 23 Janvier 1950 autorise à passer un marché pour la construction de garages pour les T.U.B. pour un montant de 2.500.000 FR. Il est finalisé en Juin 1950 et dispose de 6 garages. A l'époque, le réseau n’est constitué que de quatre lignes. Cinq fourgons Renault sont aménagés par le carrossier Gruau et chaque véhicule dispose de 18 places assises. Ils étaient de couleur rouge avec une bande or, portant l'écusson de la ville et les initiales T.U.B. Chaque autobus porte à l'avant et à l'arrière une lettre indiquant la section de ligne desservie et la direction.

 

Le premier modèle de bus à St Brieuc


Lors de l'inauguration le 30 Avril 1949, M. NICOLAS, maire de Saint-Brieuc à l'époque a rappelé les difficultés à surmonter pour "mener à bien cette entreprise" : de longues formalités administratives et de grosses difficultés pour avoir cinq véhicules d'un seul coup.​

 

L'inauguration en 1949. Article Le Télégramme, 2 mai 49. Archives départementales 22


Le dépôt est donc construit en 1950 rue Abbé Garnier. Le bâtiment est au départ constitué de simples hangars avec six portes de garages. A cette époque, la rue Abbé Garnier est totalement séparée de la place Octave Brilleaud, les escaliers qui y mènent n’existent pas encore. 

 

Les garages entre 1950 et 1951. Photo archives municipales.


Les garages en 1951. Photo archives municipales.


Ensuite, un nouveau bâtiment est construit juste à côté des garages. C’est un ensemble qui va abriter la cuisine centrale.



L’évolution des garages

 
Mai 1957 : Les garages actuels rue Abbé Garnier ne suffisent plus à assurer une exploitation normale. Un projet est établi pour l'extension et la surélévation avec la création de 4 garages supplémentaires, un bureau, un local à matériel et des vestiaires pour un montant de 12.500.000 Fr. Ce bâtiment, c’est la maison de quartier d’aujourd’hui. 

 
Les garages après la construction de l'escalier menant au parking. Photo archives municipales.


Vue actuelle des anciens garages dont les portes ont été transformées. Photo RF 2020


1959 : Les TUB subissent une croissance inattendue, l'actuel dépôt de la rue Abbé Garnier est toujours en travaux d'agrandissement si bien qu'il y a même deux véhicules qui ne peuvent pas entrer... 
 



Le déménagement à l’extérieur du quartier de Robien. 1963


En avril 1963, un nouveau dépôt, rue Évariste Galois est construit dans la zone industrielle de Saint-Brieuc récemment crée. 
 
En effet, les installations actuelles de la rue Abbé Garnier ne suffisent plus à garantir l'exploitation compte tenu de l'accroissement du réseau et de la dimension des nouveaux véhicules mis en service. Le remisage des autobus sera transféré à Douvenant en cours d'année. Ce dépôt devient ensuite le lieu central de la Compagnie Armoricaine de Transports, CAT 22.

 

 

 

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Sources
 
Archives municipales, dossier de presse des années 90 avec des articles de Ouest-France. 

Merci à Stéphane Botrel des Archives municipales pour sa disponibilité et ses remarques avisées. 

Presse en ligne, Ouest-France et Le Télégramme (2003, 2011, 2019). 

Merci à Fabien LE BERRE, Président de l'association HistoTUB.

Pour accéder au site passionnant sur l'histoire des Transports Urbains Briochins, cliquer ici
 
Transports Urbains Briochins, fiche Wikipédia, cliquer ici
 
 
 
 
 
 

 

dimanche 18 juillet 2021

C.R.A Carrelages et Revêtements d’Armor, rue Emile Zola à St Brieuc

 



 


 

L’entreprise C.R.A (Carrelages et Revêtements d’Armor) est installée depuis 1979 au pied du tertre Marie Dondaine, du côté de la rue Emile Zola dans le quartier de Robien.

La C.R.A existe depuis 1953 à Saint-Brieuc mais était implantée près du Tertre Notre-Dame avant de venir à Robien.

C’est une société spécialisée dans la pose de tous les types de sols.

 

Dans les années 70, dix-neuf personnes y travaillaient sous la direction de Daniel Maillet (le créateur de l’entreprise). A cette époque, la proximité de la boite de nuit « Le Palace-Club » causait des désagréments aux employés de la C.R.A qui devaient participer au ménage du parking, régulièrement jonché de bocks de bière chaque lundi matin !

 

 

 

L’entreprise est à l’heure actuelle constituée d’une équipe d’une vingtaine de spécialistes des sols, de conducteurs, de magasiniers, de personnels de bureau d’études et d’employés administratifs.

La C.R.A est restée une entreprise familiale avec les trois frères Maillet qui ont succédé à leur père.

 

 

 

Vincent, Olivier et Fabien Maillet. Photo le Télégramme

 

 

 


 

 

 

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Sources

  

Site de la C.R.A, cliquer ici

 

Article Le Télégramme 28 février 2014

 

 

samedi 17 juillet 2021

Presle, industriel chiffonnier, rue Luzel à St Brieuc. 1945-1954

 

 

 

La famille Presle, spécialisée dans la récupération, habitait au 42 boulevard Charner, un peu après le foyer Laïque proche de la gare, en direction de la Croix Mathias. Leur entreprise se trouvait au numéro 44 depuis le début des années 1910.

Après 1945, profitant d’une opportunité, les établissements Presle ouvrent un dépôt au début de la rue Luzel, dans l’ancienne conserverie Saupiquet.

 

 

Les établissements Presle s'installent dans le quartier de Robien. 1945

 

 

La raison de l'installation des établissements Presle est évoquée dans le journal manuscrit de J.B Illio intitulé « St Brieuc de 1939 à 1945 ». Il rappelle ce qui se passait pendant la période de l’Occupation et notamment le moment où le gouvernement allemand a intensifié la collecte de métaux. A Saint-Brieuc, de nombreuses statues et plaques ont ainsi été récupérées puis fondues. 

 

Les particuliers étaient également mis à contribution. Les métaux non ferreux comme le zinc étaient visés : des restaurateurs et tenanciers de bar en ont fait les frais, leurs comptoirs et tables en zinc étaient très prisés. Le cuivre des portes, armoires et fourneaux, était recherché par les récupérateurs.

« A la Libération, l’ancienne usine Saupiquet, de Nantes, établie rue Luzel, était remplie de métaux non ferreux, au compte de la grande chiffonnerie Presle. On ignore ce que devinrent ces masses de marchandises ».

 

Lors du conseil municipal du 22 novembre 1954, la Ville a acquis un petit terrain de 60 mètres carrés appartenant aux établissements Presle pour engager des travaux au bout du boulevard Hoche et de l'embranchement vers le pont de Quintin.


 

Les traces de ces bâtiments sur des photos aériennes. 

 

 

Ci-dessous, cette photo aérienne des années 60 nous donne une bonne idée des locaux occupés par les établissements Presle, rue Luzel.

 

Années 60. L'ancienne usine Saupiquet, rue Luzel, et au premier plan le boulevard Vauban

 

 
 

Quelques repères sur les établissements Presle à St Brieuc

 

1934 Facture Presle. Dossier 3 L 137 Archives municipales

 

Les établissements Presle de St Brieuc comptaient parmi les plus importants dans ce domaine dans l’hexagone et leur rayon d’action s’étendait dans tout l’Ouest de la France.

Ils furent fondés en 1858 par Auguste Gontrand, auquel succéda Presle et Gontrand. Ensuite Eugène Presle fonda les Établissements Presle et les confia plus tard à ses deux fils Émile et Louis. Les établissements comportaient de vastes magasins et ateliers à Saint-Brieuc, Vannes, Quimper, Dinan et Lannion.

Un grand atelier Presle se trouvait boulevard Charner et sa proximité était une bonne raison pour que des femmes du quartier de Robien y travaillent.  



Presle boulevard Charner. L'Illustration 1926.

 

Dans les années 1920, la production annuelle dépassait les 8 000 tonnes, soit 25 tonnes de matières diverses par jour expédiées en France et à l’étranger (chiffres de 1926).

 

1944. Dossier 3 L 147. Archives municipales.

 

C’est d’ailleurs M. Émile Presle qui était le président d’honneur la réunion annuelle du syndicat des Chiffonniers et Ramasseurs des Côtes-du-Nord le 10 juillet 1948 à Saint-Brieuc. M.Presle offrit le champagne à tous les présents. L’assemblée fut suivie d’un banquet d’une soixantaine de couverts à l’Hôtel de la Croix-Rouge « où un déjeuner copieux, arrosé de forts bons vins et cidre fut servi impeccablement. » (Ouest-France 17 juillet 1948)

 

1944. Familles Presle, Le Bigot et Gaudu. Fonds Gaudu. Archives municipales


On retrouve plusieurs personnes de la famille Presle sur cette photo. Elle a été prise en avril 1944 au château de Grénieux de Saint-Brandan, propriété de Mme de Callac. L'identification des personnes a été facilité par les notes prises par Jean Le Bigot.

1. Lucie Le Bigot-Presle ; 2.Simone Presle. 1922-1986, mariée avec Jean-Claude Gaudu, une fille Monique née en 1951 ;  3.Émile Presle (1894-1960) ; 4.Yvonne Presle, née Bouguen, épouse d’Emile ; 5.Henri Presle ; 6.Jacques Noël Le Bigot ; 7.Augustine Le Bigot, née Thomas ; 8.Marie-Thérèse Le Bigot, épouse Ferdinand Meuric ; 9.Denise Presle (épouse Le Coq)


  

 


 

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Sources

 

Collection de cartes postales

 

Archives départementales. Photos aériennes 

 

"St Brieuc de 1939 à 1945 », J.B Illio. Dossier 68 J 1 Fonds Huguen

 

Les chiffonniers de Paris. Antoine Compagnon. Gallimard. 2017

 

 


L’histoire des chiffonniers du XXe siècle, et de leur manière de trier et de recycler, nous ramène à ce début de XXIe siècle où les concepts d’économie circulaire sont d’actualité.

La concentration autrefois de nombreux chiffonniers industriels dans le quartier de Robien trouve aujourd'hui un héritage naturel dans l'engagement de ses habitants à en faire un Eco-Quartier vivant. 

 

Chiffonniers, fourreurs, marchands de peaux. Quartier de Robien

Repères

 

 

1920. Chiffonnier : Mennou Albert, 29 boulevard Carnot

 

1932-1936. Fourreurs : La Pelleterie de Bretagne, Jean et Thérèse Thomas, 13 bis rue Jules Ferry

 

1932-1936. Peaux : Eugène Méheut, 33 bis rue Jules Ferry

 

1932-1936. Peaux : Pradat, 7 boulevard Hoche 


1948-1949. Récupération de peaux : Méheut, 81 rue Jules Ferry ; Pradat, 47 rue Jules Ferry ; Thomas, 21 rue Jules Ferry, Presle rue Luzel

 

1955. Chiffons : Thomas Jean,  21 rue Jules Ferry

 

1955.  Récupération de peaux : Pradat, peaux brutes, 47 rue Jules Ferry

 

1973. Récupération de chiffons et peaux : Méheut E,  35 rue Jules Ferry ; Pradat, 47 rue Jules Ferry

 

 

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...