jeudi 4 mai 2023

Les bistrots de Robien, rue abbé Garnier


 
 

Monsieur Callennec (le forgeron) et Josephine Callennec (débitante), devant le bar de la Croix Verte

 

 

LE CAFÉ DE LA CROIX VERTE, au numéro 3

A côté de la forge se trouvait le café de la Croix Verte.
Le café "A la Croix Verte", au 3 rue Abbé Garnier, est un bar très ancien du quartier de Robien. On peut le reconnaitre sur un détail d'une carte postale du début des années 1900.

Agrandissement d'un détail de carte postale.

En 1901, les propriétaires de ce débit de boissons, au 3 rue abbé Garnier, sont Jean et Louise Durand.

Ensuite le café "A la Croix Verte" a été tenu par Hippolyte Savidan et sa femme. C'est d'ailleurs le nom de SAVIDAN qui figure sur la carte postale ancienne.

A la Croix Verte Tenu par Savidan Café


Les Savidan vont céder leur affaire plus tard, dans les années 1930, à Joséphine Callennec dont le mari était maréchal-ferrant. 

Joséphine Callennec en 1945
 

Joséphine Callennec vendait aussi du tabac pour rendre service mais elle n'avait pas le droit de faire du bénéfice sur ce produit. Le tabac et les cigarettes venaient du café qui se situait en face de la passerelle piétonne, les propriétaires payaient une patente pour avoir le droit d'en vendre.

 

 

Témoignage de Madeleine Callennec

Madeleine est née le 11 novembre 1926. Elle raconte le Café de la Croix Verte dans les années 30-40. 

"Au Café de la Croix Verte, les gens y venaient pour boire un verre mais pas seulement. Le jeu de boules était très prisé à la belle saison.

Certains habitués venaient aussi pour se retrouver autour de ce qu’on appelait « le billard russe ». D’autres jouaient à la belote et les parties s’éternisaient le soir au grand dam de Fine (Joséphine) qui aurait bien voulu fermer. Mais on ne mettait pas les gens dehors…

Dans les habitués, Alphonse était un personnage, il exerçait la fonction de bedeau de l’Institut des Sourds, il sonnait l’angélus et tous les moments importants, il s’occupait de la chapelle et de l’entretien.

Les cheminots qui logeaient « au poste », juste à côté du pont des Sourds, venaient tous les jours".

 
Beaucoup plus récemment, à partir de 1970, c'est Maryvonne Noël qui est devenue la propriétaire du café de la Croix Verte. Tout le monde se connaissait dans ce bar et avait un surnom. « Mary Picsou » était celui de la patronne. 
 
Dans un article de Ouest-France du 8 janvier 1998, le journaliste donne la parole aux clients du bar : 
« On appelle la patronne comme ça, car bien que l’on soit des amis, elle nous pique nos sous. Heureusement, elle pique aussi ceux des impôts. Les employés sont clients. Maryvonne se souvient des grèves de 1989 : « Les revendications se sont négociées chez moi ».
 
Une partie de cet ancien bar est devenue une boutique de fleurs, d'abord tenue par Mme Callennec puis vendue à Mme Bouhezza. Cette boutique existait encore dans les années 1990.
 
 
L'ancien café de la Croix Verte. Photo 2020


Jusque dans les années 2000, le bar était le siège de l'Amicale des Médaillés Militaires de Saint-Brieuc.
Cet établissement reste malheureusement à l'abandon, juste à côté du restaurant italien Stella Maris, ouvert en 2003.
 

Bar de La Croix Verte, rue abbé Garnier. Carte postale vers 1900

 
Ancien Bar de La Croix Verte, rue abbé Garnier. Photo RF
 
 
 
 
LE CAFÉ MORVAN
 
Au début des années 1930, au carrefour de la Croix Perron à l'emplacement de l'espace vert, à côté de l'ex-salle de bains-douches, se trouvait "Le Café Morvan", tenu par Françoise Morvan (née en 1877 à St Donan). Son activité est mentionnée dans les recensements de 1931 et 1936. C'était le numéro 13 de la rue Abbé Garnier.
Plus tard, dans les années 1960, c'était une dame seule, Mme Baudet, qui tenait ce bistrot.
Monsieur Morvan, le propriétaire était conducteur des travaux à la ville de St Brieuc. Il a vendu le terrain et la maison à la Ville pour procéder à la modification de tout ce secteur qui a beaucoup changé. Il ne reste donc pas de traces de ce bar qui a été démoli en 1972.
 
 
Ancien bar "Chez Morvan", rue abbé Garnier

 
Sur la gauche de la photo, ancien bar "Chez Morvan", rue abbé Garnier


ANECDOTE
 
Jean Pierres, né en 1925, raconte dans un article de Ouest-France des souvenirs du Café Morvan. Il se souvenait que pour obtenir gratuitement une bolée de cidre au café Morvan, les mômes rendaient de menus services.



EN 1896 déjà !
 
Au lieu-dit "La Croix-Perron", en 1896 puis en 1906, au numéro 24, Jean-Louis Philippe était inscrit comme cabaretier. Il est difficile de situer cet établissement car les numéros et les lieux ont changé.
Théophile Geslin est également indiqué comme débitant en 1896.
 


Sources

Archives municipales, dossier de presse des années 1996 et 1998 avec des articles de Ouest-France. 

Archives départementales en ligne. Recensement de la population 1901, 1906, 1911, 1936.

Site internet, greffe du tribunal de commerce.

Merci à Françoise Debré pour la photographie de ses grands-parents M et Mme Callenec (forge et bar de la Croix Verte)

 
 
La tournée des bistrots de Robien continue ici...

Bistrots rue Jules Ferry 

Bistrots boulevard Carnot

Bistrots boulevard Hoche

Le bistrot rue de Robien

Bistrots rue Luzel

Bistrots rue de Trégueux




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Les bistrots de Robien, rue de Trégueux et chemin des Eaux Minérales


 
Rue de Trégueux : Chez Rault puis Chez Line, chez Ruellan, L'Horizon et Chez Monique, Sixties

 

Dans le recensement de la population en 1901, on apprend le nom de deux propriétaires de débits de boissons à la Croix-Perron : Théophile de Gestin et Jean-Louis Philippe. En 1906, il s'agit de Marie Morvan, née Glon, débitante au numéro 24 et de Jeanne Marie Bresset, débitante. Ce sont peut-être les anciens propriétaires d'un de ces établissements mais le secteur a tant changé qu'il est difficile de les situer.


 

CHEZ RAULT, CHEZ MAHÉ, LE CAFÉ DU CHAMP DE FOIRE, CHEZ LINE, BAR DE LA CROIX-PERRON
 

Avant les années 1940, à la Croix-Perron, au numéro 2 de la rue de Trégueux, il y avait un bar. Cet établissement a été tenu par M et Mme Rault en attendant que leur boucherie-charcuterie finisse d'être construite juste en face, en 1940.
Dans les années 50 et jusqu'au début des années 70, le bar était tenu par M et Mme Mahé. C'était le rendez-vous des boulistes.

Le bar s'est appelé "Café du Champ de foire", comme on le voit sur la photo ci-dessous, à l'occasion de travaux en 2020 qui ont fait apparaitre une partie de ce qui était écrit.

 

Ancien Café du Champ de foire, rue de Trégueux. Photo RF 2020


A la fin des années 50, début des années 60, M et Mme Mahé étaient les seuls dans ce secteur a posséder le téléphone, les gens du quartier y allaient aussi pour ça. La belote était une distraction courante dans ce bistrot où étaient aussi organisés des concours (voir plus bas l'article de Ouest-France de 1956). Dans la cour Mme Danno, la nièce de Mme Mahé avait son salon de coiffure.


Plus tard, dans les années 70 et 80, ce bar s'est appelé "Chez Line", la patronne s'appelait Line Dabat, son mari s'appelait Fernand. 

Le bar de la Croix Perron était le siège de l'Amicale des Médaillés Militaires de Saint-Brieuc en 1995.

Bar de la Croix-Perron En 2009

En 2008. Image Google Street

 

Après "Chez Line", le pas de porte a été repris mais uniquement dans une activité de restauration, dans un premier temps par L'Anis étoilé.

 

L'anis étoilé en 2011. Image Google street

 

 

Le restaurant "L'Ours herbivore" a pris la suite.

 



Paroles d'habitants

 

Jean-Claude Le Chevère nous livre ce témoignage : 

"En tant que cyclotouriste à l’ACB (le club briochin a compté plus de 300 licenciés dans les années 80, c’était alors le premier club de France) j’ai fréquenté deux établissements robiennais, le Tout Va Bien et la Croix-Perron.

Le plus souvent nous nous arrêtions à la Croix-Perron, longtemps tenu par Line, une maîtresse femme qui n’hésitait pas à remettre en place un client dont la tenue laissait à désirer. Elle personnifiait l’endroit. On disait d’ailleurs : « on va boire un pot chez Line.» Le dimanche midi le café était toujours plein et pour nous, cyclos, il offrait l’avantage d’avoir une cour où nous pouvions ranger nos vélos en sécurité".

 


 

CHEZ RUELLAN, LE CHASSE SPLEEN, L'ARMORIQUE
 

Bar au numéro 19

En 1996 existait le bar-restaurant L'Armorique, au début de la rue de Trégueux, certainement au numéro 19.

Avant de fermer, cet établissement s'est appelé "Le Chasse spleen" (à vérifier).



Bar du numéro 26
 

Au numéro 26 se trouvait le bar de Julie Thomas, inscrite comme "débitante" dans le recensement de 1936


Bar du numéro 28
 

Au numéro 28 se trouvait le bar d'Ernestine Ruellan, inscrite comme "débitante" dans le recensement de 1936. Son mari, Henri, travaillait chez Le Bigot comme manœuvre.

M. et Mme Ruellan tenaient un stand tous les ans à la Foire St Michel en septembre et ils vendaient des galettes-saucisses.

Le Chasse Spleen a été installé au 28 rue de Trégueux avec un bar qui faisait aussi restaurant. L'établissement a même proposé du pain dans les années 2010.

 

Le Chasse Spleen en 2008. Image Google.

 

Le Chasse Spleen en 2011. Image Google.

 

Le rez-de-chaussée de l'actuelle maison du 28 rue de Trégueux a beaucoup changé avec ses deux grandes portes de garages.


 

L'ex-bistrot "chez Ruellan", 28 rue de Trégueux. Photo Google Map

 


L'HORIZON

 
Depuis juillet 2013, on trouve aussi le bar-restaurant de l'Horizon au 43 rue de Trégueux


L'Horizon en 2013. Image Google

 

Les propriétaires, Rodolphe Thollon, Joël Thouron et Marc Fernandez, tenaient auparavant le Chasse Spleen.

 

Rodolphe Thollon, Joël Thouron et Marc Fernandez,10 août 2013. Photo Ouest-France

 





Bar du numéro 48
 

Au numéro 48 se trouvait le bar de Jean Jégou, inscrit comme "débitante" dans le recensement de 1936


 

CHEZ MONIQUE (hors de Robien)
 

« Chez Monique », est un café ouvert par Monique Guégan-Oréal et Christian Guégan en 1976 au 114 rue de Trégueux (donc un peu en dehors du secteur de Robien). La terrasse et les pistes de boules bretonnes créent une autre ambiance aux beaux jours.La cessation d'activité est intervenue le 4 août 2015.

 

En 2016 Image Google street








LES SIXTIES (hors de Robien)


Au 121 rue de Trégueux, le bar Les Sixties, tenu par Gérard Bohec qui a cessé d'exercer le 8 novembre 1995. Le bar-restaurant s'est ensuite appelé "L'Intense" avant de fermer définitivement en novembre 2012 et d'être transformé en habitation aujourd'hui.



 

Chemin des Eaux Minérales

En 1916, Mme Boleillon  était inscrite comme débitante au Moulin au Chaix. Le 23 mars 1916, Mme Boleillon adresse une réclamation au Préfet en lui indiquant que la dernière crue a causé des dégradations aux berges et au chemin latéral longeant la rive gauche de la rivière. 

Elle ajoute qu'aux abords d'un petit pont en pierre établi sur le Gouédic et donnant accès à son auberge se trouvant sur la rive droite, la crue a enlevé une partie du chemin avoisinant le dit pont, et que, de ce fait, il est très dangereux d'y faire passer une charrette chargée.

 

 

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Le bistrot rue de Robien

Bistrots rue Luzel

 

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Sources


Archives municipales, dossier de presse des années 1996 et 1998 avec des articles de Ouest-France. 

Archives départementales en ligne. Recensement de la population 1901, 1906, 1911, 1936. 


Archives départementales, dossier 84D 61 (établissement dans le chemin des eaux minérales)
 

Site internet, greffe du tribunal de commerce.

 

 
1956 25 février. Ouest-France. Concours de belote au Café Mahé

mercredi 3 mai 2023

Traverser la voie ferrée dans le quartier Robien : le Pont des sourds, le pont de la rue de Quintin, la passerelle Harel de la Noë.



Le pont de la rue de Quintin ou Pont Pierre Sémard. 1863 et 1926


Le pont de la rue de Quintin à St Brieuc Carte postale ancienne. Collection Hamonic

 

Le pont de la rue de Quintin est construit pour l’ouverture de la ligne en 1863. Il est en maçonnerie et granit, possédant toutes les qualités de solidité. Mais on le démolit  en 1925 pour élargir la sortie des voies ferrées après la gare. On le remplace par un pont plus long, en béton armé, de type "bow-string" (pont à corde d'arc). Il est tout à fait semblable à celui que l’on peut encore voir à Guingamp, construit en 1924-1925.

Le Pont de la rue de Quintin est ouvert à la circulation le 26 août 1925.

 

 

Pont au-dessus de la voie ferrée à Guingamp. Image Google

Ce nouveau pont traversant le quartier de Robien a permis que l’on fasse passer plus de voies de chemin de fer.

Avec le développement de la circulation automobile dans les années 70, la rue Pierre Sémard qui prolonge ce pont a posé quelques problèmes. Cette rue trop étroite a été élargie dans les années 80, après l’acquisition nécessaire de plusieurs immeubles par la municipalité pour procéder à un alignement des maisons.


Pont de la rue de Quintin à St Brieuc. Photo RF 2020

Portrait. Pierre Sémard

 

Le Pont après rénovation en 2021-2022. Photo RF

 

 

 

Le Pont Clémenceau, appelé ensuite Pont des Sourds-Muets. 1863

 

Pour accéder à la notice complète de cette formidable photo du Musée de Bretagne, cliquer ici

 

 

Le Pont Clémenceau (des Sourds-Muets) a lui aussi été conçu dès 1863 mais c’est un pont de chemin de fer sur lequel passent les trains, les véhicules passent en dessous.

 

Pont des Sourds-muets (ex Pont Clémenceau) à St Brieuc. Carte postale ancienne.




Sur la gauche, le Pont des Sourds-muets à St Brieuc. Carte postale ancienne.

 

Avant 1900 et un peu après, le pont permettait surtout que des charrettes, venant des fermes aux alentours, puissent circuler vers le centre-ville et y vendre leurs produits. C'est ce qui explique la présence de la maison d'octroi, juste après le pont, où les taxes devaient être réglées.

 

Le pont des Sourds-muets à St Brieuc. Carte postale ancienne.

 

Les piétons l’empruntaient beaucoup avant la construction de la passerelle en 1909. Ce passage sous la voie ferrée était aussi fort utile pour rejoindre dans cette partie du quartier l’Institut des Sourds-Muets ou la briqueterie Le Dû.

 

En 1953, des travaux de consolidation sont engagés sous le pont des Sourds-muets (photo ci-dessous) 

18 novembre 1953 O.F

 

 

 

La passerelle piétonne Harel de la Noë entre la gare de Saint-Brieuc et le quartier Robien. 1909

 

La passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne.

 

Dans quel contexte cette passerelle est-elle devenue indispensable?

Reportons-nous à la presse de l'époque, en 1908, avec cet extrait d'un article du journal Le Réveil :

"L’extension de la ville de St Brieuc se fait actuellement du côté de Robien. C’est là que les efforts se portent. Il faut pouvoir encourager ce développement et faciliter cette extension. La création de la passerelle si attendue mettra en communication constante la ville et ce quartier si important ; mais ce n’est pas tout.
Il existe un bureau auxiliaire des postes boulevard Carnot, bureau ne pouvant effectuer que la moitié à peine des opérations postales. Il n’est pas complet… Il n’émet pas de mandats pour les étrangers… Ce qui est plus grave, il n’a ni le télégraphe ni téléphone…On me dira « Il y a le télégraphe à la gare »…
 
On se préoccupe de ce quartier dans certains milieux. On y construit une église. Une église ne sert que des intérêts particuliers. Tout le monde n’en a pas besoin et tout le monde aujourd’hui a besoin de la poste et surtout de profiter des progrès modernes… Il faut que le public qui paie, reçoive satisfaction…
C’est le quartier extensible par excellence… Ce n’est pas une raison pour l’oublier, bien au contraire. Il faut savoir favoriser son éclosion et donner à ce quartier ce dont il a besoin".


Rappel de quelques dates pour bien situer les questions abordées dans cet article :

1902 : construction de l'école Guébriant
1905 : ouverture d'un bureau de Poste
1908 : décision du Conseil municipal de construire une passerelle
1909 : construction de l'église Sainte-Anne de Robien
 
 
 
Passerelle Robien. Plan 1930. 5 Fi 088 Archives municipales;

 

Cette passerelle piétonne est l’œuvre de l'ingénieur Louis Harel-de-la-Noë (1852-1931). 

Elle avait un but utilitaire en permettant de relier Robien à la ville dans le prolongement d'un axe majeur, la rue Jules Ferry. 

Commencement des travaux. 24 août 1908 La Dépêche de Brest

 

Avec un peu de chance, les habitants de Robien auraient pu avoir la chance d'utiliser cette passerelle au tout début de l'année 1909 mais c'était sans compter avec les petits problèmes de livraison ; déjà !


31 décembre 1908. Ouest-Eclair


Les lecteurs de Ouest-Eclair du 27 février 1909 reprennent espoir en apprenant que la pose de la passerelle est enfin commencée.

En 1921, on se pose la question d'installer un éclairage sur la passerelle mais l'administration des Chemins de fer oppose qu'une source lumineuse pourrait aller jusqu'à causer des accidents sur les voies, ce que personne ne souhaite !
 

Passerelle Robien. 26 avril 1921 La Dépêche de Brest

 

Un ouvrage d'art

La vue sur la voie de chemin de fer est assez spectaculaire comme on le voit ci-dessous. Mais cette passerelle était aussi un ouvrage d'art industriel au même titre que les passerelles de Gustave Eiffel. Cette construction démontre le savoir-faire des ingénieurs, des entreprises et des ouvriers de la métallurgie de l'époque.


La gare vue de la passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne. 
 
 
La gare vue de la passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne. Archives 22. 16 Fi 4878


La passerelle de Robien à St Brieuc. Carte postale ancienne.

 

 

Cette passerelle en aura vu en 100 ans ! 

 

Les régiments d'Infanterie du 71e et 271e partant pour le Front en 14-18.

 

Archives départementales 159 J 53 Fonds Salonne

 

Une course poursuite à la fin de la Guerre 14-18 !

 

11 octobre 1919. Ouest-Eclair

 

Des foules qui descendent du train (Carte postale de 1919)



 

Des trains à vapeur en gare de Saint-Brieuc, vus de la passerelle, dans le film de Raphaël Binet en 1932. A voir sur le site de la cinémathèque de Bretagne, en cliquant ici

Image du film de Raphaël Binet en 1932

 

Les régiments allemands prenant le train pendant l'Occupation dans les années 40...





Souvenirs d'enfance

 

A l’époque du cidre, des wagons de pommes étaient rassemblés sous la passerelle : « De beaux tas odorants, jaunes, rouges et verts. Pour certains gamins c’était tentant, "une sorte de marché distributeur".

Du haut de la passerelle, les galopins lançaient une longue ficelle que terminait un couteau pointu. Es plus adroits pêchaient ainsi la petite provision de fruits mûrs à point qu’ils consommaient sur place ou qui devait leur faire tout le jour ».


Extrait de  Maurice Le Lannou. Saint-Brieuc. Édition du Champ Vallon 1986



 

La passerelle dans les années 2010

 

Les voitures viennent stationner sous la passerelle. André Bougeard 10 janvier 2012



Photo André Bougeard 24 juillet 2011


Photo André Bougeard 24 juillet 2011

Des escaliers permettaient d'accéder aux quais. Photo André Bougeard

 

La fin de la passerelle

Cette passerelle a rendu service pendant plus de 100 ans mais elle a été démolie début 2016 dans le cadre d'un vaste aménagement des parties Nord et Sud de la gare de St Brieuc.

Photo publiée dans "Tu sais que tu viens de St-Brieuc". Années 60

La passerelle 8 mars 2018.


Dès 2013, le projet de démolition suscite des interrogations puis une forte opposition et les signataires d'une pétition pour la conservation de cet édifice sont actifs. Ces défenseurs du patrimoine pointent du doigt la contradiction qu'il y avait de valoriser les ouvrages d'art d'Harel-de-la-Noë et dans le même temps de détruire cette passerelle, un ouvrage emblématique de cet ingénieur.

Dans un premier article de Ouest-France paru le 20 novembre 2014, Yannick Giciquel, habitant de la rue Jules Ferry, lance un appel à ceux qui voudraient démolir cette passerelle.

Yannick Gicquel 20 novembre 2014 Ouest-France


Lançant une pétition avec trois autres personnes du quartier dans ce qui est appelé le Cric (Collectif Robiannais d'Initiatives Citoyennes), le collectif mené par Yannick Gicquel recueille plus de 1000 signatures. 

En parallèle, le comité de quartier de Robien, qui a accepté la démolition de la passerelle, est consulté depuis le début de ce chantier mais les informations ne lèvent pas toutes les zones d'ombres. Ainsi, le 24 novembre 2014 dans Ouest-France, Michel Sauvée, président du Comité de quartier, se pose de nombreuses questions : "On ne sait pas combien de temps va durer le chantier. On aimerait avoir une passerelle provisoire. On réclame aussi des précisions sur l'aménagement du parvis et du parking. Sera-t-il vraiment souterrain et sur deux niveaux ? Comment seront positionnées les barres d'immeubles?

 

Le 18 avril 2016, jour du commencement de la déconstruction de la passerelle, Ouest-France fait le point avec Yannick Gicquel sur cette action. Le défenseur du patrimoine "estime qu'on malmène l'héritage et qu'on détruit la plupart du temps par ignorance". Pour lui, "on a laissé s'abimer cette passerelle puis on a dit que les réparations seraient trop couteuses et que l'urgence c'est la démolition."

Yannick Gicquel montrent les pétitions 18 avril 2016 Ouest-France

 

La passerelle de la gare. Photo octobre 2014. Site du Comité d'Animation de Robien

La passerelle, de la gare vers Robien. Photo octobre 2014. Site du Comité d'Animation de Robien
 
  
 
Destruction des piliers de la passerelle.

 
 
Le dernier morceau de la passerelle est enlevé par une grue. 28 avril 2016 Ouest-France

 
Un pilier de la passerelle installé sur l'esplanade côté sud ?


Plan d'origine du pilier
Ce projet d'installer un ancien pilier de la passerelle Harel de la Noë n'est pas sorti d'un chapeau de magicien. L'idée figurait sur le plan d'aménagement du côté sud de la gare. C'est une promesse des élus de Saint-Brieuc Agglomération suite aux conseils du commissaire-enquêteur proposant des mesures de compensations avec l'association Harel-de-la-Noë.
Le pilier a été parfaitement découpé avec une scie circulaire de chantier et a été entreposé sur un terrain de la S.N.C.F.
Nouvellement installé dans ses fonctions d'adjoint au Patrimoine en 2020, Ludovic Le Moignic a relancé cette idée. Un beau projet en perspective, souhaité par le comité de quartier et tous les défenseurs du patrimoine de Saint-Brieuc. 
Affaire à suivre... 
 

 

Phase 1. Le pilier soutenant la passerelle

Phase 2. Le pilier découpé à la scie circulaire de chantier



Phase 3. Le pilier découpé conservé sur un terrain SNCF


 
Phase 4. Les responsables de l'association Harel de la Noë. Mars 2021

 
 

 
 
Ludovic Le Moignic à droite. 2021

 
 
Bientôt ?

 
 
 
 
Pierre Goréguès, Alain Redot de l’association Harel de la Noë, Richard Fortat et Ludovic Le Moignic, élu en charge du patrimoine devant l’emplacement où le pilier pourrait être installé. Photo Ouest-France 2021

 
Ouest-France a rendu compte de cette initiative dans son édition du 21 mars 2021
 
Les défenseurs du patrimoine réactivent leur souhait de valoriser le pilier de l’ancienne passerelle de la gare de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Le lieu d’implantation, boulevard Carnot, a déjà été repéré. Ce souvenir architectural permettrait aussi de rendre hommage au constructeur Harel-de-la-Noë.
 

Réactiver une promesse presque 10 ans plus tard

"Le principe de le conserver avait été acté par les élus lors du projet de déconstruction de l'ancienne passerelle, rappelle Pierre Goréguès.  La promesse date de 2012. Presque dix ans plus tard, l’idée de mettre en valeur ce souvenir architectural est réactivée par les défenseurs du patrimoine.

« L’endroit où ériger ce pilier est tout trouvé, dans ce petit parterre sur l’esplanade du boulevard Carnot », affirme Ludovic Le Moignic, conseiller municipal en charge du patrimoine. L’élu imagine une signalétique adaptée qui raconterait l’histoire de la passerelle construite en 1909 et l’histoire du quartier de Robien.

Créer un passé commun

L’un des historiens locaux, Richard Fortat, estime que « la valorisation du petit patrimoine permet de nous ancrer dans une histoire. Créer un passé commun incite à mieux s’insérer dans l’environnement où on habite, même si on est de passage. »

Passionné par le patrimoine local, Ludovic Le Moignic devrait mobiliser les énergies et les soutiens pour que ce pilier, « trace de ce qui a existé » retrouve une posture digne d’être remarqué.

 
 

Rappel des 3 endroits de passage 

dans le quartier de Robien.

 

Plan 1897. Archives municipales.

 
 
Au premier plan la passerelle piétonne et au deuxième le pont. 1964 Archives Musée de Bretagne.

 
 
 
Autres articles à consulter sur ce blog, en lien avec cette page
 
Les maisons d'octroi, ici
 
L'Institut des Sourds-Muets, rue abbé Garnier, ici 
 
Au sud de Robien, traverser le ruisseau du Gouédic ici
 
 

 

Autres articles à consulter sur Les cheminots, la gare, la S.N.C.F

 
La Société Française et Entrepôts Frigorifiques (S.T.E.F), cliquer ici

Les cheminots de la paroisse de Robien et le syndicalisme catholique, cliquer ici

Les Résistants cheminots du quartier de Robien en 39-45, cliquer ici

La Cité des Cheminots", boulevard Paul Doumer, cliquer ici

Le lotissements des cheminots, rue Cuverville, cliquer ici


 
 
Retour au sommaire, ici
 
 
 
 
Sources

A propos de la passerelle piétonne. Journal Le Réveil 1908. 

Fiche Wikipédia sur Harel de la Noë, cliquer ici

Biographie d'Harel de la Noë, cliquer ici 

Le chemin de fer de Bretagne Nord. Jean-Pierre Nenning. JPN Éditions 2010

Site du Comité d'animation de Robien, octobre 2014, cliquer ici 

Vous pouvez ensuite aller dans la rubrique Les lieux-phares puis Gare-sud et vous découvrirez d'autres photos de l'évolution de ce secteur de Robien, en particulier à l'automne 2014 où de nombreux travaux en ont totalement changé la physionomie.



L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...