samedi 19 août 2023

Traces de l'identité bretonne à Robien. Saint-Brieuc


 


Des sensibilités et des histoires personnelles

Depuis un siècle, les habitants de Robien ont éprouvé le besoin de marquer personnellement sur leur habitation l’empreinte de leur identité bretonne. 

L’identité bretonne est forte à Saint-Brieuc, il n’est donc pas étonnant que l’on retrouve ce marquage culturel à Robien.

Blanche Rousselet, habitante de Robien, vers 1910 (1893-1973)
Détail de cartes postales anciennes de Robien.

 

Chacun choisit, selon sa sensibilité et son histoire personnelle, ce qu’il va mettre en avant. Certains restent dans la symbolique avec le triskell, l’hermine, la croix celtique.

Ces motifs sont appliqués sur une porte d’entrée ou sur un portail avec de la ferronnerie, ou bien gravés dans la pierre. 

D’autres placent une statuette d’un saint breton dans une niche en façade (St Brieuc avec le loup, St Yves le patron des avocats…).
Mais ce que l’on voit le plus souvent ce sont ces petites plaques (en marbre pour les plus anciennes) avec un nom ou une expression en langue bretonne. C’est une affirmation individuelle, parfois de l’ordre de l’intime.
On y retrouve des références propres à la Bretagne qui rappellent les éléments comme le vent, la mer… 

 

Robien, un quartier accueillant de longue date pour la culture bretonne

21 février 1963. Le Télégramme. Fonds Salaün. Archives départementales

 

Dans un article du mardi 26 février 1963, titré « Le bal breton à Robien de dimanche », le journal Le Télégramme s’interroge : « Sommes-nous à la veille d’une nouvelle vague des bals bretons ? Telle est la question que l’on peut se poser en constatant le succès que connut le bal organisé par le Foyer culturel breton ».

Le journaliste poursuit en indiquant qu’après un excellent goûter, « place fut faite à la danse. Binious et bombardes, ou plus simplement chants, entrainèrent toute la jeunesse. Et quelle fraicheur ! Quel dynamisme ! Quelle vie ! ». Les présences de M.Erwan Ropers, secrétaire général de Kendalc’h et de M. Tostivint, professeur honoraire à Le Braz, sont signalées.

Pour parler du même événement, Ouest-France titre « Journée d’amitié du Foyer Oaled ab Herve, salle de Robien". La directrice du Foyer était alors Mme de Bellaing que l'on retrouvera bien plus tard, toujours en première ligne, pour la promotion de la culture bretonne.

25 février 1963. Ouest-France. Fonds Salaün. Archives départementales

 

A propos de la langue, on peut noter que dans le quartier de Robien, la langue régionale tient une place importante, comme en témoignent la présence de l'école Diwan, créée en 1979 et depuis 1986 à Robien, et celle du Centre culturel breton Abherve, implanté depuis 1997 (avec des panneaux indicateurs bilingues).

Rue Jules Ferry, St Brieuc

Dans les années 90, le bagad de Saint-Brieuc répète dans la maison de quartier de Robien et des cours de bombarde, batterie écossaise et cornemuse sont donnés une fois par semaine (Le Griffon 1997 numéro 139).

Le Griffon numéro 139. Archives municipales

 

Les noms de rues

Les noms de rues qui évoquent la culture bretonne ne sont pas absents dans le quartier, citons Anne de Bretagne (duchesse de Bretagne et reine de France), François-Marie Luzel (collecteur de contes et chants bretons), Paul Le Flem (compositeur inspiré par la Bretagne), François Menez (écrivain et journaliste breton)...


Paul Le Flem, compositeur. Photo Le Griffon



Enfin, on remarque que ces références bretonnes, liées à l'habitat, se retrouvent en grand nombre dans les maisons construites dans les années 30 pour les maisons de style néo-breton. Cette période et ce style mettaient en avant le régionalisme. L’époque contemporaine est également riche en signes bretons, signe d'un regain d'intérêt porté à cette culture.

 

Petit florilège de l'empreinte bretonne à Robien, rue par rue (une cinquantaine d'exemples !) 

Regardez bien autour de vous, il y en a sans doute autant qu'à Robien !

Cet article est une invitation à scruter les maisons et à essayer de décrypter leur charme et à trouver ce qu’elles ont d’unique.

 


Rue du Pré-Chesnay
Numéro 9 plaque : Va Neiz bihan, Mon petit nid.



Numéro 11 plaque : Ty an Avel, Maison du vent



Numéro 14 plaque : Ker Bugalic, Maison du petit enfant 



Numéro 43 : War an uhel, Sur le haut.
Ce portail en fer forgé a été commandé par les premiers propriétaires M et Mme Lefur qui étaient très attachés à la Bretagne. 


Numéro 49 : statuette de St Yves (St Yves est fêté le 19 mai, jour de la fête de la Bretagne)

Cette maison a été construite en 1943 par des personnes très pieuses. 


"Placer sa maison sous la protection d'un saint patron est une évidence des Bretons. Rapportées ou incorporées dans le mur, ces niches sont régulièrement agrémentées de bouquets de fleurs".  

L'âme des maisons bretonnes. Editions Ouest-France

 

Numéro 53 : numéro de la maison avec un triskell de part et d'autre




Numéro 67 : statuette de Sainte Anne (Sainte Anne est fêtée le 26 juillet, c’est la Sainte patronne de la Bretagne et la patronne de la paroisse de Robien)




Rue du Tertre Marie-Dondaine

Numéro 46 : Ker Anna (c'est le prénom d'Anna Marquer, l'habitante de la maison)


Rue Luzel

Numéro 56 plaque : motif avec un bateau breton traditionnel, le Grand Léjon (céramique d’Étienne Hück, potier au Légué).
Ce bateau a été construit entre 1988 et 1992 à la demande de l’association pour Le Grand Léjon et il a été mis à l’eau en mai 1992 au port du Légué.



Numéro 37 bis : triskell




Numéro 39 : porte avec des motifs comme sur les lits clos




Numéro 49 plaque : Kan Avel, Chant du vent


 
Rue du Coucou

Numéros 4 et 6 : au niveau des épis de faitage, deux hermines et un triskell
C’est M. Rouxel, le propriétaire qui a fait réaliser ces épis de faîtage par Joël Babey un artisan de Plouha en 2007.

Photos RF 2020
 
Photos RF 2020

 

Toujours dans la rue du Coucou : Ker Roger



Rue de l’Ondine

Numéro 56 peinture sur ardoise (années 2010) avec maison bretonne aux volets bleus de l’île de Houat dans le Morbihan, un endroit particulièrement aimé par la propriétaire des lieux. 




Numéro 58 peinture sur ardoise (années 2010) avec maison bretonne


 

Avenue des Tilleuls

Numéro 1 plaque : Ker Ste Thérèse



Rue Jules Ferry

Numéro 70, plusieurs auges en pierre comme on en trouve dans les fermes bretonnes.




Numéro 141, plaque avec un bateau breton traditionnel, le Grand Léjon (céramique Etienne Hück)


Boulevard Hoche

Numéro 18 auge en granit




Numéro 26 : Roc Bihan.

Le nom du foyer Roc Bihan renvoie à l’origine du nom de Robien (Roc’h bihan = petit rocher)


 Numéro 44 : Ty Mam Goz (maison de grand-mère)


Numéro 89 plaque Ty bihan (petite maison)


 Numéro 96 :  Ker Pierric



Rue de Robien

Numéro 1 motifs celtiques sur les ferronneries

 



Numéro 4 plaque : Ker Men, Maison en pierre


 
Rue Aristide Briand

Numéro 15 plaque : Sked an heol, Rayon de soleil




Numéro 16 portail avec motifs celtiques (imaginé par Didier le Buhan) Les motifs stylisés ont été mis en valeur par le travail de ferronnerie réalisé par un artisan. Les thèmes représentés sont liés aux trois éléments : air, eau, feu. Tout à fait à droite, un motif évoque les gorges de Toul-Goulic (entre Trémargat et Lanrivain).




 
Rue Condorcet

Numéro 46 : petite plaque en céramique avec une hermine

 
Rue Albert Thomas

Numéro 3 : croix celtique sur une entrée de l’école Ste Bernadette (différente de la croix de l’église catholique romaine)



Numéro 5 : saint breton




Numéro 14 plaque : Ker Annick (Ce nom est lié au salon de coiffure qui se trouvait autrefois au rez-de-chaussée  et qui était tenu par Annick Le Bail)


Annonce parue dans Le Moniteur des Côtes-du-Nord 7 août 1943

 
 
Rue Abbé Garnier

Numéro 29 panneau : Laz bleuenn, Très fleuri 




Numéro 41 plaque : Ker Avoel, Maison du vent



Rue Bir Hakeim

Numéro 9 plaque : bateau breton traditionnel, le Grand Léjon (céramique Etienne Hück)




Numéro 12, plaque : Ker Josette




Numéro 31: motifs géométriques sur les ferronneries de porte


 
Boulevard Jean Macé

Numéro 5 plaque : Min ma Bro, Pierre de mon pays.
La personne qui a fait construire la maison était propriétaire d'une carrière de granit à Perros-Guirec. Elle était très attachée à la Bretagne et à ce coin du Trégor qui a fourni la pierre de bien des maisons du quartier, d'où ce nom de "Pierre de mon pays".




Numéros 9 et 11, statuette dans une niche.
Cette maison néo-bretonne exceptionnelle a fait l'objet d'une description détaillée.



Rue Louis Blanc

Numéro 15 plaque : Hiboud an Aven, Murmure du vent (la plaque est cachée par une haie)

Hiboud an aven. Photo RF 2022



 
Rue Chapelain de la Ville Guérin

Numéro 26, peintures extérieures de 1977 sur la maison qui était celle où vécut André Coupé jusqu’en 2009. André coupé était très inspiré par la Bretagne. Il ne parlait pas breton mais les deux thèmes de sa peinture murale font référence à l’Armor et l’Argoat. Ils sont appelés : « Beteg ar mor braz » (Jusqu'à l'océan) et « Dreist al lann » (à travers la lande).

Beteg ar mor braz. Photo RF 2020

 
Rue Anne de Bretagne
Numéro 12, plaque : Ker-Eole (Maison du soleil)

Numéro 46, hermine


Boulevard Paul Doumer

Entre le numéro 1 et le numéro 3, plaques de ciment ajourées séparant deux maisons avec le motif de l'hermine.


 
Rue de Trégueux

Numéro 20, rue de Trégueux, plaque avec le nom de la maison "Ker Joëlle"

 

Autres articles à lire sur le sujet sur ce blog

 

Les maisons néo-bretonnes et néo-normandes, cliquer ici

 

L'histoire de l'école Diwan à Robien, depuis 1986, cliquer ici

 

Retour au sommaire ICI

Sources

Promenades et enquêtes dans le quartier entre le 13 et le 23 avril 2020 (Période très propice aux déplacements très courts pendant cette période de confinement !). 

La photo de Blanche Rousselet (1893-1973) a été aimablement envoyée par sa petite fille Chantal Le Calvez.

Toutes les photos sont prises dans le quartier de Robien. Photos Richard Fortat

Entretien avec Didier Le Buhan pour la traduction des noms, du breton au français. 

Articles de Ouest-France 25 février 1963 et du Télégramme 21 février 1963. Fonds Salaün. Archives départementales.


 

 

mercredi 16 août 2023

Les maisons individuelles du 19e et début 20e à Robien, quartier sud de Saint-Brieuc

 
 
Dans le patrimoine 19e et début 20e du quartier de Robien à Saint-Brieuc, on trouve des maisons de toutes les tailles. Quant au style, on a de grandes maisons avec les mêmes caractéristiques que dans les maisons à bandes: l’architecture est souvent constituée de façades de pierres de taille en granit ou de pierres de constructions recouvertes d'un enduit. Les décors, autour des fenêtres et des portes, allient brique et granit. 
 
Mais dans ces grandes maisons individuelles, les décors sont très fournis, plus complexes et la façade est en retrait de la route, avec un espace clos de grilles et de murets.
 
La maison de ville présente généralement un plan type avec : une porte d’entrée et un couloir, une ou deux fenêtres sur le rue éclairant le salon et éventuellement la salle à manger, une véranda (plus ou moins grande) donnant sur la cour ou le jardin, une cuisine.
A l’étage, on peut avoir deux ou trois chambres et un coin salle de bain.
Au deuxième étage, s’il existe, d’autres chambres et un grenier avec une ou deux mansardes.
Le garage est en option dans le quartier de Robien ! Il est devenu sous-dimensionné pour les véhicules d’aujourd’hui et se voit reconverti à d’autres fonctions.


L'intérêt architectural de la maison individuelle peut aussi résider dans des éléments de décoration ou d'ornementation comme ce
très bel exemple de portail au numéro 1 rue de Trégueux, ces  carreaux de ciments décoratifs rue Guébriant et rue Jean Jaurès ou les épis de faitages de la maison du 4 rue du Coucou.



LA MAISON DU 1 RUE DE TREGUEUX. 1905

 
M et Mme Morvan sont les actuels propriétaires depuis septembre 2017. Ils ont acheté cette maison à M et Mme Coadou, qui l’avaient acheté en 1997 à M et Mme Cerisier Marcel.
Lors de la signature d’achat de notre maison, le notaire a évoqué le fait que c'était une maison d'octroi. C'est ce qui explique les initiales SB sur le portillon qui représentent la ville de St Brieuc, on retrouve ces mêmes initiales rue Jules Ferry sur une autre maison d'octroi. 
Cette maison de la rue de Trégueux aurait été construite en 1905.
 

Ancienne maison d'octroi 1 rue de Trégueux à St Brieuc. Photo RF

Portail 1 rue de Trégueux à St Brieuc. Photo RF




LA MAISON DES 4 et 6 DE LA RUE DU COUCOU. 1895

Cette maison de la rue du Coucou, une des premières construites dans ce secteur, aurait été construite entre 1895 et 1898 par la famille Rouxel. Monsieur Rouxel travaillait dans une menuiserie du quartier Robien.

L'actuel propriétaire est né dans cette maison construite par son grand-père. Il conserve des souvenirs de la maison autrefois, quand par exemple, il fallait chercher l'eau au puits qui se trouvait à l'arrière. Il a vu la cité Vauban se construire (entre 1950 et 1955 environ).
Les initiales HB sur la cheminée sont celles de l'architecte (est-ce H. Bouchet dont on retrouve le nom plusieurs fois dans la rue du Pré-Chesnay très proche?).
Beaucoup plus récemment, en 2007, M Rouxel a fait réaliser trois magnifiques épis de faîtage par Joël Babey un artisan de Plouha. 

Maison 4 et 6 rue du Coucou à St Brieuc. Photo RF

Au fond du jardin, maison 4 et 6 rue du Coucou à St Brieuc. Photo RF

Une maison individuelle plus simple peut parfaitement se révéler intéressante par la connaissance que vous en avez et par l'envie de nous faire partager son histoire !


LA MAISON DU 13 RUE DE L'ONDINE. 1929

Ainsi, dans le cadre de cette enquête, l'actuel propriétaire de la maison située 13 rue de l’Ondine nous a transmis des plans et des renseignements sur les actes notariés. C'est une maison devant laquelle on peut passer sans plus s'arrêter mais les éléments de son histoire nous racontent quelque chose d'intéressant sur le quartier. Tout d'abord on apprend que cette construction de 1929 s'est faite dans le cadre d'un lotissement du boulevard Hoche. Mais il ne faut pas imaginer que cela se passe comme de nos jours avec bien trop souvent des lotissements où les maisons sont standardisées.

Ce projet de lotissement a été lancé en 1927, c'est l'année du commencement des lotissements à Robien. Le premier est le Lotissement ACART, il consiste en 18 lots à la jonction du boulevard Hoche prolongé et de la future rue de l’Ondine qui n’est pas encore baptisée ainsi. La maison du numéro 13 se situe dans ce programme de développement du quartier.
Nous apprenons aussi que les toilettes n'étaient pas situées à l'intérieur mais dans le jardin comme cela se faisait couramment alors en campagne mais aussi en ville.

Maison 13 rue de l'Ondine à St Brieuc. Plans 1929

Maison 13 rue de l'Ondine à St Brieuc. Plans 1929

 
Enfin nous connaissons l'identité des premiers propriétaires : Ernest Allainguillaume et Maria Julou. Le 25 mai 1929, ils ont acheté le terrain de Madame Estelle Baggio, demeurant à Saint-Brieuc 11 rue des Bouchers, veuve de Louis Accard. Ils ont ensuite fait construire la maison du 13 rue de l’Ondine. Après le décès de M. Allainguillaume le 20 août 1955, Maria Julou est restée dans la maison du 13 rue de l’Ondine jusqu’en 1996. 
Ensuite des travaux de réhabilitation ont été effectués et la maison a été transformée par rapport à la construction d'origine. C'est ce qui arrive dans de nombreux cas pour ces maisons modestes du quartier, conçues il y a des dizaines d'années : mises aux normes d'isolation, cloisonnement différent pour de plus vastes espaces, changement des huisseries, salle de bain plus confortable, éventuelle extension... 

Maison 13 rue de l'Ondine à St Brieuc. 2020

Maison 13 rue de l'Ondine à St Brieuc. Plans 1929


LA MAISON DU 5 RUE DE LA PAIX

Roselyne Le Bon nous parle de sa maison située à côté de l'église de Robien :
"J'ai acheté la maison du 5 rue de la Paix en 2014, dans ce quartier où j'avais déjà habité de 1974 à 1977, mais dans la rue du Coucou. J'ai eu le coup de foudre pour cette maison de 1926, sa façade aux chiens assis, sa terrasse en surplomb, sa cour aux poulaillers, et son escalier de bois qui me rappelle la maison de mon enfance à Ginglin.
Elle a été construite par son premier occupant, un maçon et vendue ensuite à M. et Mme Oger, qui y ont vécu avec leur fille, et la grand-mère à l'étage avec un oncle. Jusqu'aux années 70, il n'y a pas de salle de bains et les toilettes sont dans la cour, où le lieu sert désormais de local poubelle.
A la fin des années 70, la chambre de l'arrière est transformée : salle d'eau, WC, et une petite pièce qui sert de bureau. J'aime la distribution des pièces, leur haut plafond, les chambres mansardées, J'adore ma cour bien close, où le soleil d'été est parfois si brûlant au zénith qu'on ne peut y rester, où le soir les murs dégagent la chaleur du jour et où j'arrose mes deux plates-bandes, mes fleurs en pots et mon bac potager sur pied avec l'eau de pluie recueillie dans l'ancien lavoir.

Maison 5 rue de la Paix à St Brieuc


Depuis l'automne 2018, le soubassement de la terrasse a été décoré d'une fresque par Deuxben de Rennes pendant une opération de street-art.

Deux-Ben réalisant la fresque sur la maison 5 rue de la Paix à St Brieuc

 
Par contre l'hiver, malgré le changement de la chaudière et des fenêtres, l'humidité se fait sentir à l'étage et il faudrait isoler les murs.
De l'autre côté de la rue, l'église St Anne me fait face avec ses murs austères et je regrette que les cloches n'y sonnent qu'une fois par mois et à l'occasion des obsèques ! Car le son des cloches est associé à la vie de village. Par contre, à l'arrière, chaque mercredi, de 17h30 à 19h30, la Cimade tient une permanence et les migrants s'y pressent.
De ma rue, on rejoint à pied le cinéma et le marché par la passerelle ou par la place de Robien, on peut aussi y aller par la navette qui s'arrête à 1mn rue Jules Ferry ou rue Jean Jaurès.
Je retrouve ici l'ambiance de village qui régnait à la Ville Ginglin, et une riche vie de quartier."


LA MAISON DU 56 RUE LUZEL. 1902

C’est une maison ancienne du quartier. Elle est construite sur une cave, avec une façade en granit, deux niveaux et comporte un jardin à l’arrière. Deux fenêtres en arrondi apportent une touche d’originalité à la façade sur rue. La petite fenêtre, située juste au dessus d’une élégante marquise en fer forgé, donne l’impression d’une deuxième maison encastrée au premier étage.
En 2019 sur tout le pignon sud, l’artiste Deuxben de Rennes a réalisé une peinture murale qui donne une nouvelle identité à cette maison située en entrée de ville. Claude Joanin et Alain Le Flohic sont ravis du résultat qui s'inscrit dans le développement du street-art à Robien.La porte de garage (avec des oeuvres de Thiago Ritual et Swan) et même la boite aux lettres (oeuvre de Bona Berlin)  portent la marque de ce même style artistique.
D'un point de vue historique, les actes notariés permettent de faire la liste des propriétaires successifs :
Madame Richeux (acquisition le 24 mai 1902). Marie Louise Toque-Richeux et Monsieur Aristide René Eugène Richeux (sous directeur de la Banque de Bretagne en retraite), vente le 7 janvier 1960.
Monsieur Francis Edouard Marie Radegonde Rault et Mme Marie Richard, son épouse, vente le 22 aout 1977.
Monsieur et Madame Belloir, vente le 13 juillet 1990 à Claude Joanin et Alain Le Flohic.

Maison 56 rue Luzel à St Brieuc


MAISON 43 RUE ANNE DE BRETAGNE. 1931

Michel et Martine Le Borgne présentent eux-mêmes leur maison mieux que quiconque :
"Notre maison construite en 1931, achetée en 1976, a été agrandie en créant une lucarne capucine à gauche sur une partie grenier. L’intérieur a bien sûr été entièrement rénové au fil des ans et des moyens financiers. Abattage de cloisons, réfection complète du sanitaire, de l’électricité, du chauffage etc…

Maison 43 rue Anne de Bretagne à St Brieuc. En 1975

Maison 43 rue Anne de Bretagne à St Brieuc. En 2019


Pour une construction de 1931, les fenêtres sont grandes. Ajoutons-y un passe plat entre la cuisine et la salle à manger cela rend la maison très claire à toute heure de la journée.
Mais n’ayant pas de contre cloisons dans la partie ancienne le choix de l’isolation par l’extérieur a été fait en 2009. Nous avons substitué, au survitrage fait par nous-mêmes, un double et, triple vitrage (côté nord), avons remplacé en 2001 le chauffage au fuel par du gaz.
 
Pour les intéressés nombreux dans notre quartier, voici un chiffre montrant que les maisons de pierre peuvent quitter leur statut de maison passoire. Selon les critères du DPE nous sommes passés de 161 Kw /m2/an (sur 6 ans) à 103 kw/m2/an (sur les 10 dernières années). Bien sûr dans notre secteur nombreux sont les habitants qui ont réalisé de tels travaux. Cela n’est-il pas réjouissant de voir se rénover l’habitat de caractère de Robien !!!
 
Depuis la maison, nous avons une vue à la campagne sur la vallée du Chemin des Eaux Minérales et sur le secteur de la Croix St Lambert. D’ailleurs j’ai pu photographier les soleils levants sur les tours depuis 76 jusqu’à leur disparition. J’y ai fait un film de 8 mn qui dort dans mes archives.
Dernier point : les maisons de Robien sont souvent surélevées pour accéder au rez-de-chaussée. Les premiers propriétaires pendant la construction, attendaient de la ville que le niveau de la future rue soit abaissé. Par chance pour nous, ce ne fut pas le cas : notre rez-de-chaussée se trouvant au niveau du trottoir, une passerelle nous permet un accès sans marche. Ainsi nous espérons y passer le plus longtemps possible notre retraite à Robien".

Passerelle, 43 rue Anne de Bretagne à St Brieuc


MAISON DU 36 RUE JEAN JAURÈS. 1930

Jean-François Aubry et Gwenn le Chapelier nous racontent les origines de la maison qu'ils ont longtemps occupée rue Jean Jaurès :
Sur un terrain acheté début 1930 aux WEILL de Paris, Monsieur et Madame HILY font construire une maison la même année par l’entreprise de bâtiments Henri RIDEAU 12 rue Jules Ferry suivant les plans, que nous avons toujours, établis par l’entreprise Graziana-frères . Au rez-de-chaussée : un couloir central menant à l’escalier. A droite une salle (3.50 x 3.50) coté rue et une cuisine sur jardin. A gauche deux chambres. Au premier étage : une cuisine au-dessus de celle du rez-de-chaussée et trois pièces. Au milieu de l’escalier : un WC en saillie sur la façade arrière servait aux deux appartements monsieur et madame HILY logent au rez-de-chaussée. Leur fille, leur gendre Monsieur et Madame Rannou et leurs deux filles habitent au premier. 
Madame Rannou décède en 1969 et l’année suivante Monsieur HILY (lui-même veuf). Alors Monsieur Rannou descend au rez-de-chaussée et sa fille s’installe au premier avec son mari : M et Mme SALVIAT.
Puis Monsieur Rannou part habiter ailleurs, les Salviat occupent la maison tout entière et y font des travaux : les deux chambres du rez-de-chaussée sont réunies pour faire un séjour.
 

Maison du 36 rue Jean Jaurès à St Brieuc.

 
Le terrain de 580 m2 est plus bas que le niveau de la rue. La cave (coté rue) et de plain-pied sur l’arrière avec le jardin. A l’extérieur sur le côté sud de la maison existait un « couloir » de 1 m 25 permettant le passage d’une brouette entre la rue et le jardin. Le lot voisin (N° 38 rue Jean Jaurès) était configuré de la même manière avec un passage mitoyen. En 1969 les deux allées sont réunies permettant le passage de voitures entre les deux maisons. 
Monsieur et Madame Salviat font alors construire à l’arrière un garage sur toute la longueur de la façade ouest. A l’étage ils ouvrent deux portes fenêtres à la place des fenêtres existantes pour la cuisine et le séjour qui donnent alors sur la terrasse aménagée sur le toit du garage. Dans le fond du jardin à proximité du square Barillot est planté un noyer vraisemblablement contemporain de la maison (1930).
Au 22 rue Aristide Briand (ou à coté ?) Il y a un puits dans le jardin et plusieurs jardins communiquent entre eux (et à l’accès à ce puits probablement).

Serrure années 30, vue intérieure, 36 rue Jean Jaurès


Serrure années 30, vue extérieure, 36 rue Jean Jaurès

D'autres maisons individuelles du 19e et début du 20e du quartier de Robien présentent de très beaux éléments d'architecture, en voici quelques exemples dans le boulevard Hoche et rue Cuverville (voir l'article suivant rue Cuverville ici).

44 Boulevard Hoche Saint-Brieuc
Rue Cuverville


Un chantier Graziana dans les années 60

Chantier Graziana. Maquette de M. Malapert. Photo RF avril 2023

La maison du 36 rue Jean Jaurès (voir un peu plus haut) a été bâtie par l'entreprise Graziana dans les années 30. Et cette maquette, œuvre de M. Malapert, évoque un chantier de cette entreprise, mais dans les années 60. 

Cette scène est inspirée d’une histoire familiale : en juin 1964, l’entreprise de bâtiment Graziana, rue de Quintin à Saint-Brieuc, vient d’acheter un camion Berliet GLC neuf. René Malapert, le chauffeur de l’entreprise, va réceptionner le véhicule chez le carrossier Sanson à Saint-Etienne dans la Loire. René Malapert effectue ici sa première livraison sur un chantier de l’entreprise. A cette époque les matériaux du bâtiment n’étaient pas encore sur palettes, les sacs de ciment pesaient 50 kilos et la plupart du temps, les gâchées se faisaient à la pelle.

Chantier Graziana. Maquette de M. Malapert. Photo RF avril 2023

 

Racontez-nous votre maison

Si vous habitez une maison individuelle du 19e ou du début du 20e siècle, et qui présente un intérêt architectural ou humain, racontez-nous son histoire :
connaissez-vous les dates de construction, l’architecte ?
Avez-vous des plans ?
Connaissez-vous les propriétaires successifs ? S’est-il passé des événements importants dans cette maison ?
Comment cette maison a-t-elle évolué au fil du temps (extension) ?
Est-ce qu’il y a eu autrefois un commerce à la place de cette maison ?
Etes-vous satisfaits ou non de votre habitation et pour quelles raisons (éléments de caractère patrimonial, matériaux, jardin, superficie, proximité de commerces et services, logement adaptée aux familles ou autre, économe en énergie) ?

Articles pour prolonger les découvertes sur ce sujet

Les maisons de l'octroi, cliquer ici 
L'histoire des rues : rue de l'Ondine, rue Luzel...

 

 Retour au sommaire ici

 

Sources

 « Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine. AVAP » Document de Saint-Brieuc Agglomération (dossier Pdf en ligne)

Archives municipales et départementales.

Archives des journaux du CAR depuis juin 1984.Saint-Brieuc. Étude de géographie urbaine. R. Huon 1946.

Plans et actes notariés transmis par Sylvain Ruffet pour la maison du 13 rue de l'Ondine.

M et Mme Morvan pour la maison du 1 rue de Trégueux.

Claude Joanin et Alain Le Flohic, maison rue Luzel.

Martine et Michel Le Borgne, maison de la rue Anne de Bretagne.

Roselyne Le Bon, maison de la rue de la Paix.

Jean-François Aubry et Gwenn Le Chapelier pour la maison du 36 rue Jean Jaurès

Avec les contributions de Didier Le Buhan, Michel Le Borgne, Xavier Pageot, Mary Simon...

 

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...