lundi 8 janvier 2024

Les écoles publiques dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, rue Guébriant, boulevard Carnot. 1903

  

Plan des écoles de Robien 1901. 5 Fi 124. Archives municipales

 

Plan de l'école des garçons à Robien 1901. 5 Fi 124. Archives municipales

 

Cet article n'a pas pour ambition de raconter l'histoire complète des écoles publiques du quartier de Robien mais simplement de donner quelques repères et d'évoquer la création de ces écoles en illustrant de documents anciens...

 


Le projet pour les écoles publiques de Robien. 1901

 

Le quartier de Robien subit une véritable explosion démographique au passage du XXe siècle. Entre 1896 et 1901, la population va tripler et atteindre plus de 1000 habitants. Les familles ont beaucoup d'enfants et il devient urgent d'y construire des écoles publiques.

 

Après avoir fait dresser des plans par l’architecte de la Ville de Saint-Brieuc, le 20  décembre 1901, la municipalité, sous la conduite de M. Louis Hélary,  délibère en vue de la création d’une école publique de filles et d’une école de garçons à Robien. 

 

Plan d'ensemble de la construction des écoles de Robien 1901. 5 Fi 057. Archives municipales


« L’école de filles comprend deux classes pouvant contenir 50 élèves et une classe enfantine pour 50 enfants. La maison d’habitation comprend un appartement de 6 pièces pour la directrice et deux logements de chacun deux pièces et un cabinet pour les institutrices ». 

La classe enfantine dispose d’un réfectoire. Dans la cour de l’école des filles, on a prévu un préau et des toilettes. Sur ce premier plan de 1901, la cour des filles donne sur le boulevard Carnot. 

 

Façade boulevard Carnot, St Brieuc. Plan des écoles de Robien 1901. 5 Fi 124. Archives municipales

 

 

Pignon boulevard Carnot, école des filles. St Brieuc. Robien. 1901. 5 Fi 124. Archives municipales

 

Ecole des filles boulevard Carnot, St Brieuc. Plan des écoles de Robien 1901. 5 Fi 124. Archives municipales

 

L’école des garçons comprend deux classes pouvant contenir chacune 50 élèves. La maison d’habitation comprend un appartement de 5 pièces pour l’instituteur et un logement de quatre pièces pour l’adjoint. Sur ce premier plan de 1901, la cour des garçons donne sur la rue Guébriant.

Ce projet est approuvé par le Ministre de l’Instruction Publique le 10 octobre 1902.

 

 

St Brieuc. Plan des écoles de Robien 1901. 5 Fi 124. Archives municipales

 

 

 

Les débuts de l’école publique. 1903

 

L’école des garçons ouvre en 1903. Mais les plans sont revus pour l'école des filles.

 

Plans d'agrandissement. 16 juillet 1904 Archives municipales


 
Plans d'agrandissement. 16 juillet 1904. Archives municipales



Plan de 1905, approuvé en 1907. Archives municipales


Après approbation du plan de l'architecte en octobre 1904, le projet de construction de l'école des filles est mis en route.

L'architecte Bourgin est l'auteur de nombreux plans pour la ville de St Brieuc. 

L'historien M. Illio a raison de dire qu'il mérite une mention spéciale : "Il fut à la fois architecte du département et architecte de la commune. Il mourut en 1929. Il était le beau-frère du Président de la République Millerand.

A son compte, il construisit beaucoup de bâtiments, qui contribuèrent à donner à la Ville sa physionomie du XXe siècle. Pour l'Etat, Bourgin a construit l'Hôtel des Postes, pour la commune (son ami, le maire Servain, était un grand bâtisseur), les écoles publiques Baratoux, Guébriant, Carnot, Poutrin, Berthelot..."  

 


L'école est aussi un lieu de culture pour le quartier de Robien


"Une bibliothèque populaire", fondée par la Municipalité, est installée en janvier 1906 à l'école de la rue Guébriant. 

Heures d'ouverture : 20h à 22h les lundi, mercredi et vendredi; dimanche de 17h à 19h.

 

 

En 1905, Mlle Cances est nommée adjointe boulevard Carnot (Ouest-Eclair 23 mai 1905)

Dans le recensement de 1906, on trouve  le nom des premiers instituteurs qui logent dans l’école rue Guébriant : Jean Morvan, né en 1866 à Pludual ; Marie Morvan, institutrice, née le Normand, née en 1866 à Loc Envel et Louis Tassel, instituteur, né en 1887.

Le directeur de l'école des garçons et la directrice de l'école des filles disposent d'un jardin (plan ci-dessous)

 

Jardins entre les deux écoles. 1901 Archives municipales

 

 

1905 Archives municipales


1905 Archives municipales


Les plans dressés par l'architecte en 1905 se révèlent déjà insuffisants.

En 1906, un projet d’agrandissement de l’école des filles est transmis aux différentes autorités, il porterait le nombre des classes de quatre, à six pour un total de 282 élèves déjà présentes.

Le projet prévoit la construction d’une salle de travail manuel et d’une salle d’enseignement ménager et d’un préau pourvu de sanitaires.

Personne ne conteste cet agrandissement car l'école est beaucoup trop à l'étroit : une classe se trouve pour le moment dans l’appartement de la directrice ! 

Les nouveaux plans sont approuvés le 22 janvier 1907 mais il faut attendre 1909 afin que se concrétise la construction des classes supplémentaires. Elles sont bien nécessaires pour faire face à l'augmentation constante des effectifs : entre 1901 et 1912, la population aura augmenté de 600 habitants, c'est considérable. 

 


 

 

Le quartier de Robien bénéficie d'un très bel outil avec ses écoles publiques mais cela va générer des jalousies du côté du quartier de Gouédic ! 

Voilà maintenant que l'on peut lire dans la presse en 1909 que "le quartier de Robien est favorisé" !


2 décembre 1909 Ouest-Eclair


 

En janvier 1910, un nouveau chantier est lancé avec la construction de deux classes supplémentaires pour l'école des garçons.


Affiche 1910. Archives départementales 2o278.14


 

 

L'affaire du pensionnat. 1909

 

Par une lettre du 17 février 1909, Mme Boutier, la directrice de l'école du boulevard Carnot, sollicite le Conseil municipal demande l'autorisation officielle d'établir un petit pensionnat qui fonctionne déjà depuis deux ans.

La Ville a mis a disposition un petit pavillon pour les instituteurs mais comme il y a de la place, la directrice y loge des élèves pensionnaires.

Certains conseillers s'y opposent mais le Maire et M. Boyer, le rapporteur de ce sujet, ont convaincu leur auditoire. Les Républicains votent pour l'officialisation du pensionnat.

 

 

Les transformations de l'école jusqu'en 1914

 

Avant 1914, l'école a bien changé, des classes supplémentaires ont été construites, des cours professionnels sont créés (comptabilité, couture, etc.) et une cantine scolaire est proposée en hiver.

 

École Guébriant. Plans 1909. Archives municipales. 5 Fi 122
 
 
École Guébriant. Plans 1909. Archives municipales. 5 Fi 122


École Guébriant. Plans 1909. Archives municipales. 5 Fi 122


École Guébriant. Plans 1909. Archives municipales. 5 Fi 122

 
 Archives départementales 2o278.14

 

 Archives départementales 2o278.14

 

L'école pendant la Guerre de 1914


École des Filles. Robien, année 1917. Photo Germaine Guays. Ouest-France 28 novembre 1990

 

Parole d'écolière. Germaine Hello née en 1905.

"Je me plaisais beaucoup à l'école Carnot; la directrice était Madame Laboureur et mon institutrice s'appelait Madame Le Mercier. Elle était très sévère, il fallait travailler dur. On passait le Certificat d’Études à 11 ou 12 ans.

Mais pendant l'année scolaire 1917-1918, nous avons dû laisser la place aux blessés de guerre. Je suis donc allée à l'école de la Providence".

Germaine Hello (Guays par son nom de mariage) raconte que l'école des filles a été fermée à la dernière année de la Guerre 14-18. Elle fait référence à cette période où la Ville de Saint-Brieuc avait été obligée de trouver des lieux pour soigner les victimes de la guerre. Quatorze hôpitaux étaient ouverts et l'école des Filles, 15 boulevard Carnot était désignée comme "Hôpital complémentaire 100". Cet hôpital possédait 122 lits et avait déjà fonctionné du 1er juin 1915 au 10 mai 1916.

Germaine a organisé des retrouvailles le 14 décembre 1991, dans la petite salle de Robien, pour retrouver ses anciennes camarades de classe présentes sur la photo de 1917. Léonie Belleret (dit "Mimi-Jan") et Eugénie Corbel étaient au rendez-vous 74 ans après. Martine Guilvic et Alice Hervé n'avaient pu venir...

 

Les premiers instituteurs et institutrices

Dans les recensements, on trouve les noms des enseignants des écoles publiques du quartier de Robien :

1906, Rue Guébriant : Jean Morvan, instituteur, né en 1866 à Pludual ; Marie Morvan, institutrice, née le Normand, née en 1866 à Loc Envel ; Louis Tassel, instituteur, né en 1887

1906, Boulevard  Carnot : numéro 13 Marie-Julienne Boutier, veuve née Arthur, directrice école publique ; numéro 15 Alice Herpe, institutrice;

1909, Mme Boutier, directrice de l'école boulevard Carnot 

1917, Mme Laboureur, directrice de l'école boulevard Carnot 

1931, Rue Guébriant : Jean Villeneuve, directeur école ; Marie Villeneuve, femme, institutrice ; Au numéro 6, François Le Nôtre instituteur ; au numéro 22 Emilie Tassel institutrice.

1936, Rue Guébriant : Camille Saindrenan, directeur de l’école ; Marie Saindrenan, institutrice ; Hélène André, institutrice.

1936, boulevard Hoche : numéro 26 Ferdinand Nicolas, directeur école ; Marie Nicolas, institutrice

Plan du quartier. 1938. Archives municipales 5Fi190

 

Une plaque pour François Clairon

En juin 1920, une plaque va être posée à l'école en mémoire de M. Clairon, instituteur-adjoint à l'école Guébriant et tué en 14-18.

François Clairon 22 juin 1920. La dépêche de Brest.

 

La nécessaire construction de l'école Hoche

Le 13 juillet 1936, la municipalité s’engage dans l’acquisition d’un vaste terrain appartenant à Monsieur Sébert, situé entre le boulevard Hoche et le sentier d’Yffignac (qui deviendra la rue François Ménez).

Cette décision procède d’une analyse détaillée des effectifs scolaires qui ne font qu'augmenter. La situation est exposée au Conseil municipal : l’école publique de garçons de Robien « Ecole Guébriant » qui comptait 188 élèves en 1927-1928 passe à 197 en 1930 et 287 élèves en 1936.

Depuis la création de l’école, le nombre de classes est passé à 5 mais s’est révélé insuffisant et il est devenu nécessaire d’installer une classe de garçons dans la salle des fêtes de l’école des Filles pour pouvoir y installer un maître supplémentaire.

En 1936, la situation est la suivante : 287 garçons, 6 classes, soit 48 élèves par classe. Le directeur annonce 300 élèves à la rentrée prochaine.

La population du quartier ne va cesser d’augmenter avec les nouveaux lotissements en cours. La municipalité table sur 400 élèves à l’école des garçons dans un avenir proche.
Du côté de l’école des filles, l’effectif est passé de 259 en 1929 à 336 en 1932-1933. Il faut donc prévoir une dizaine de classes de filles.

Suite à la création de l’Ecole libre de filles, le nombre des élèves est tombé à 315 puis est revenu à 336 en 1935 pour 7 classes, soit 48 élèves par classe. La municipalité a dû pour les filles, aménager une classe dans la partie non occupée de la salle des fêtes.

En retirant les garçons du groupe scolaire actuel de Guébriant, les locaux seraient très vite occupés par les classes de filles.

Le 23 avril 1937, la Ville complète ses acquisitions de terrains en vue de la construction d’une nouvelle école. Elle achète un terrain attenant à celui de M. Sébert, de 427 mètres carrés à M. Louis Feurgard, propriétaire, 7 rue Jules Ferry.

Malheureusement la guerre 39-45 viendra ruiner la réalisation de ce projet. La première rentrée de l’école Hoche ne se déroulera qu'en septembre 1956.

 

 Une bizarrerie

Le 21 mars 1938, le journal La dépêche de Brest publie un article décrivant la première Fête de l'arbre qui se serait déroulée "au terrain de camping de Robien" avec les enfants des écoles. 

Ce qui est bizarre c'est qu'aucune autre archive ne rapporte la trace d'un camping à Robien à cette époque. Le camping ne sera aménagé qu'en 1957...


 

Les écoles publique de Robien pendant la Seconde Guerre mondiale

Les écoles du groupe Guébriant-Carnot  sont réquisitionnées pour les besoins de l’armée au début de la guerre 39-45. Le  Conseil municipal fait le point le 15 mars 1940 sur toutes les mesures qu’il a fallu prendre d’urgence. 

La recherche de locaux de remplacement pour recevoir les élèves du quartier de Robien a concentré toutes les attentions. La municipalité a utilisé au maximum les locaux des écoles les plus proches mais elle a dû se résoudre, à partir du 1er octobre 1939, à installer des classes dans des locaux privés qui ne sont pas vraiment adaptés.

Ainsi une classe s’est retrouvée maintenant dans les bureaux des Huiles Shell, rue Émile Zola, une autre dans une dépendance du Café du Bon Coin, rue de Robien ! Rue Émile Zola le loyer payé par la mairie sera de 1500 francs pour l’année. De son côté, M Le Bras, propriétaire du Bon Coin qui garantit la location d’une grande pièce cimentée à usage de garage, avec un petit terrain vague devant le local et accepte la somme de 1200 francs pour l’année. D'autres élèves empruntent la passerelle piétonne pour rejoindre le Foyer laïc boulevard Charner où des salles de classe ont été aménagées.

Après six mois d’occupation, les locaux seront rendus à la ville à partir du 31 mars 1940.

Les ennuis ne sont pas terminés…

Les écoles du quartier sont réquisitionnées par les troupes d’occupation. La cantine ne peut plus fonctionner. Le service départemental des réfugiés met alors à la disposition du matériel de cuisine au service de la Ville. D’autre part, la Ville est autorisée par le service départemental des réquisitions à occuper trois baraquements édifiés par ce service sur la Place de Robien. Ils ont été aménagés pour un usage scolaire et fonctionnent depuis le 1er octobre 1941.

Ces baraquements devaient servir provisoirement de classes mais cette situation perdurera au moins jusqu'en 1948. (décision du conseil municipal de fin décembre 1947)

 

 

Décembre 1941, un élève de l'école Guébriant rencontre le Maréchal Pétain

Sous le titre « Dix enfants des Côtes-du-Nord sont partis pour Vichy », le journal Ouest-Eclair nous raconte qu’un rendez-vous a été organisé par le maréchal Pétain avec 10 enfants du département dont le jeune Antoine Chalmet de l’école Guébriant.

Accompagnés par le censeur du Lycée Le Braz, ils sont partis en train « pour être à Vichy les hôtes du chef de l’Etat l’après-midi du dimanche 28 décembre 1941 et seront de retour par mardi matin par l’express de cinq heures. »

La conclusion de l’article est pleine d’enthousiasme : « Nul doute que ces heureux et jeunes voyageurs reviendront de Vichy avec un souvenir impérissable de leur réception par le Maréchal Pétain »

Ouest-Eclair 29 décembre 1941

 

Souvenir d'enfant

« Pendant la guerre, un abri avait été construit au bout de la cour de l’école, comme sur le modèle des abris du chemin de fer. Quand il y avait des alertes il fallait aller s’y cacher. »
Michel Dhénaut



Les écoles juste après-guerre 

Guy Flageul est né en 1939, il se souvient de ses premiers pas à l’école Guébriant et Hoche après 1945 :  


« On commençait à l’école Guébriant au début du primaire.

 Mais après on allait à Hoche dans des baraquements provisoires, ce n’était pas des classes en dur.

Enfin, quand on était à l’âge du Certificat d’Études, on retournait à Guébriant ».

 

 En 1949, M. Francis Boisard est le directeur à Guébriant et il est récompensé par la Médaille d'argent de l'enseignement (Ouest-France 12 octobre 1949).


 

L'école de filles et l'école maternelle dans les années 60

A la rentrée de septembre 1956, les classes maternelles et l’école des filles ne bougent pas, elles ne déménagent pas dans la nouvelle école du boulevard Hoche.  Les plus grandes filles des classes de Cours Moyen rentrent par le boulevard Carnot tandis que les maternelles, CP, CE1 rentrent par la rue Guébriant. 
Ce n'est qu'au moment de la mixité dans les écoles que les filles rejoindront alors les garçons à l'école Hoche.

Dans la cour de l'école Guébriand à la rentrée. 16 septembre 1959 Ouest-France
 
 
Souvenirs, souvenirs
 
"Je suis allée dans cette école jusqu’en 1951. La directrice était Mme Lécuyer, assistée  de Mme Corbel, Mme Jonny et Mme Glon. Dans les années 69/70, l'école était dirigée par M. Le Corvaisier. Sa femme y enseignait aussi. Un grand instituteur comme on en voit plus beaucoup".
                                                           Françoise Sérandour. 
 
 
 
Le saviez-vous ?
 
Boulevard Carnot. Photo RF
 
Avez-vous déjà remarqué ces deux anneaux, l'un en dessous de l'autre, sur un pilier du portail de l'école boulevard Carnot ? Ce sont les anneaux qui permettaient de mettre le drapeau tricolore lors des cérémonies patriotiques.
 
 
L'attachement à l'école
 
Les parents sont attachés à leur école et sont impliqués dans la vie de ces établissements scolaires. Ils se regroupent au sein d'associations.

Même lorsqu'ils ne sont plus élèves ou parents d'élèves, certains veulent continuer d'entretenir cette mémoire. C'est ainsi que sera créée en 2003 l'Association des Anciens élèves des écoles Guébriant et Carnot. Pour preuve également le succès remporté par des sites comme "Copains d'avant" qui permet de retrouver ses anciens camarades de classe...


2003. Création de l'association des anciens élèves des écoles Guébriant et Carnot. Journal officiel



L'association des anciens de Hoche-Guébriant. A droite Liliane Frostin, la présidente. 1er février 2014 Ouest-France

 

A suivre :

L'histoire de l'école Hoche, cliquer ici

 

 

 

Retour au sommaire ICI

 

Rappel : cet article est très loin de retracer toute l'histoire de l'école Guébriant dans le quartier de Robien mais si vous avez des commentaires ou des documents à partager sur l'histoire de l'école Guébriant, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.


Nicole Connan a effectué sa première rentrée à l'école maternelle publique Guébriant en tant qu'institutrice en 1975, et en 1981, elle est devenue directrice. Photo Ouest-France 23 janvier 1997


 

 

Sources

 

Plans des écoles de Robien 1901. 1905. 1909. 5 Fi 124. 5 Fi 122. Archives municipales

Délibérations du Conseil municipal. 1936, 1937. Archives municipales

Délibérations du Conseil municipal du 15 mars 1940 et 6 septembre 1943.

Les écoles de Saint-Brieuc. Dossier 2o 278.14. Archives départementales.

Création d'association de parents d'élèves. 1959 et 2003. Journal officiel

Article de Ouest-France 1989, 28.11.1990, 1993

Recensements 1901, 1906, 1931, 1936. Archives départementales en ligne

J.B Illio, Histoire de Saint-Brieuc, 1931



 

jeudi 21 décembre 2023

La résidence du Parc, dans le quartier de Robien, rue abbé Garnier à Saint-Brieuc et la Résidence des Eaux minérales. 1979

 

En janvier 1979, on construit la Résidence du Parc au numéro 17 de la rue abbé Garnier à Saint-Brieuc.

Résidence du Parc, rue abbé Garnier. St Brieuc. Photo RF

Cette résidence est située sur le terrain rendu disponible après la démolition de la Coopérative agricole du Finistère qui se trouvait au bout de la briqueterie Le Dû. 
Coopérative agricole du Finistère, rue abbé Garnier. Photo 1964. Site du Musée de Bretagne

 
Sur la photo ci-dessous, comme sur le dessin de décembre 1981, on voit que des bâtiments de la briqueterie et une cheminée subsistent .

Résidence du Parc, rue abbé Garnier. St Brieuc. Photo Archives municipales


Dessin d'André Coupé 28.12.1981. La briqueterie Le Dû et la Résidence du Parc au second plan.

 
 
L'architecture est contemporaine et se compose d'un seul bâtiment de forme cubique de 6 étages, avec des terrasses pour le dernier étage. Beaucoup d'appartements bénéficient d'une agréable vue sur la Vallée de Gouédic.
 
L'entrée du bâtiment principal sur la rue Abbé Garnier s'ouvre sur la gauche avec un petit espace de style japonais agrémenté d'arbres miniatures. Face à l'entrée, un joli bassin est entouré d'arbres.
 
Résidence du Parc, entrée. Photo RF 2023

 
Le 17 B est un immeuble qui est à flanc de coteau et permet de descendre par un ascenseur jusqu'au Chemin des Eaux minérales. 

Passerelle de la Résidence du Parc. Photo RF

La Résidence du Parc, tout en haut. Photo RF
 

La "Résidence des Eaux minérales" est donc "associée" à la Résidence du Parc. Elle se situe également dans le quartier de Robien, sur la rive gauche du Gouédic. 


Résidence des Eaux minérales. St Brieuc. Photo RF


Résidence des Eaux minérales. St Brieuc. Photo RF

 

 

Prolongements

Continuer la promenade vers le Chemin des eaux minérales, ici

ou vers la suite de la rue abbé Garnier, ici


 

Retour au sommaire, ici





mardi 19 décembre 2023

La présence protestante dans le quartier de Robien à St Brieuc. 1906-2022

 

La paroisse catholique de Robien était très influente au début du XXe siècle et on imagine bien que les très rares protestants du quartier devaient se montrer très discrets.

Il faut dire que les protestants dans leur ensemble ont eu beaucoup de mal à s’implanter dans la ville de Saint-Brieuc. 

 (ci-dessous, un livre écrit par l'abbé Camus et édité en 1900 qui donne une idée de la bataille livrée à cette époque)

 

Mais, autour du pasteur Jean Scarabin, des protestants parviennent à se réunir dans cette ville le dimanche 20 mai 1906. Tout se passe dans une salle louée dans le centre ville, au 12 rue du Champ de Mars (rue du Général Leclerc de nos jours). Les membres présents ce jour-là sont Messieurs Bird, Hansen, Hervet, Bonnet, Gouriou, Le Hech, Scarabin et Mesdames Bird, Aubin, Guillou, Doucet et Scarabin. L'assemblée désigne deux personnes pour déposer les statuts d'une association.

C'est ainsi qu'est fondée en juin 1906 l'Association de l’Église Évangélique Méthodiste de St Brieuc, inscrite au Journal Officiel du 12 juin, et dont les membres se réuniront au Temple de la rue Victor Hugo.

 

Des protestants à Robien dans les années 1900 

En 1906, il s'agit dans un premier temps de déposer les statuts à la préfecture et de nommer le comité directeur de cette Église protestante. On y trouve un habitant du quartier de Robien qui occupe le poste de secrétaire. Il s’agit de Auguste Le Hech, employé des Postes, né le 26 janvier 1869 à Bulat-Pestivien, résidant 15 rue Luzel.(Inscription au registre matricule n°1562, ici. Fiche Généalogique ici)

Dans les membres, on note aussi la présence d’une autre habitante du quartier de Robien : Anna Guillou, sans profession, née le 24 octobre 1845, résidant 39 boulevard Carnot. 

En 1920, on note une famille rue Jules Ferry.

En 1927, on a deux demoiselles rue Cuverville, Mlle Groler et Mlle Roelou. 

En 1930, M. Géraut, rue de l'Armistice et "au delà de la gare marchandise Monsieur Guernsen" (?).

De 1933 à 1942, M et Mme Leclerc, 15 rue du Pont-Chapet.

En 1947, M. Carlier (mari de Marthe Marquer, voir ci-dessous), 51 rue Cuverville.

En 1948-49, M. Christian Neihouser, habitant boulevard Hoche, né à Dommartin (Vosges) le 24 octobre 1873, est inscrit comme membre responsable de l’Église protestante de Saint-Brieuc. (Fiche généalogique ici)


La famille Marquer

La famille Marquer qui habitait dans la rue Cuverville était bien connue dans le monde protestant à Saint-Brieuc dans les années 1920-1930. Quelle est son histoire ?

Pierre Marquer est né le 31 mai 1858 à Goudelin dans une famille catholique (registre d’état civil, naissances, vue 345). 

Pierre Marquer naissance à Goudelin, registre 1858. Archives départementales.

Pierre Marquer est recensé sur le plan militaire au bureau de Guingamp en 1878 (Matricule 904, année1878, Guingamp, lot numéro 2, image 414) et il effectue son service militaire à Laon dans l’Aisne en 1880. 

Pierre Marquer. Recensement militaire Guingamp. 1878. Archives départementales.

Il rencontre alors le caporal Joseph Taquet, né en 1858 comme lui. C’est à son contact qu’il se convertit au protestantisme.
Pierre Marquer se fixe à Préseau (59) à partir du mois de septembre 1883.

Le 22 septembre 1884, à Préseau dans le Nord, Pierre Marquer épouse Marthe Taquet, née le 25 février 1861 à Préseau (image 95, acte ici), passementière (informations supplémentaires sur le site Généanet ici). Le pasteur Vincent François, domicilié à Denain, est témoin à leur mariage où il est désigné par l'officier d'état civil comme "ami des époux". La profession indiquée pour Pierre Marquer est celle de cordonnier. Le couple aura quatre enfants : Olympe, Marthe, Naomie et Joël.

Mariage Marquer-Taquet 1884. Archives du Nord. Commune de Préseau. Vue 139
Signature des témoins du mariage.

D’après Sébastien Fath dans son ouvrage Les baptistes en France, 1810-1950, Pierre Marquer s’engage activement dans l’évangélisation et la prédication occasionnelle dans les Églises de Préseau et Anzin dans le Nord.
L’Église Évangélique Baptiste d’Anzin est née en 1869 grâce au travail d’évangélisation des pasteurs Jean-Philippe Crétin et François Vincent, soutenus par l’Église Évangélique Baptiste de Denain. En 1897, l’Eglise inaugure son premier lieu de culte, rue Félix Faure. François Vincent (1833-1906) était un pasteur qui débordait d'énergie. Il avait épousé en 1859 Avéline Honorine Cadot, sœur du pasteur Aimé Cadot (1832-1915).

Sébastien Fath consacre quelques lignes pour établir une biographie sommaire du prédicateur laïc Pierre Marquer.

Puis la famille part à Valenciennes en juin 1900. Pierre exerce la profession de directeur d’atelier. La guerre 14-18 va leur faire quitter le Nord et leur fils Joël, né le 31 août 1885 à Valenciennes, mourra pendant cette guerre en 1916. Il avait 31 ans.

Fiche du site Mémoire des Hommes
 

Ils vont s’installer à Saint-Brieuc et s’impliquer dans la communauté protestante locale. Marthe Marquer est la première à s’inscrire comme membre de la paroisse en 1923. De 1927 à 1930, leur fille Naomie (née en 1887) va également s’engager et Pierre Marquer devient le vice-président de l’association cultuelle.


Solveig Hansen, une paroissienne née en 1916, les a côtoyés et se souvient : "Les Marquer venaient de Valenciennes dans le Nord, d'où ils avaient fui à cause de la Guerre 14-18. Une des filles avait été mariée mais son mari était décédé pendant la guerre. Olympe était mariée avec M. Descarpentries. La plus jeune s'est mariée avec René Carlier qui était venu du Nord pour travailler dans les mines de Trémuson. Naomie était célibataire. Les Marquer étaient de confession baptiste." (Témoignage recueilli le 24 mai 2023)

Olympe Marquer, née à Préseau (59) le 31 mai 1890, professeur de coupe, s'était effectivement mariée à Valenciennes, le 15 novembre 1913, avec Pierre Descarpentries, né le 13 novembre 1890 à Orchies, décédé le 24 août 1914 à Guise en Picardie. Marthe s'est mariée avec René Carlier et aura deux enfants. Naomie née en 1887 restera célibataire.

Pierre Marquer est décédé à Saint-Brieuc le 21 novembre 1939 et Marthe en 1948.

Compléments : 

Information pour Olympe sur le site Généanet, ici et pour son mari sur le site Mémoire des Hommes, ici) 

Mariage Pierre Marquer et Marthe Taquet en 1884, ici


 

Quand la musique dérangeait 1930

En 1930, une affaire qui s'est déroulée dans le quartier de Robien a fait grand bruit, bien au-delà des Côtes-du-Nord !

M et Mme Carro qui tenaient un bistrot dans le bas de la rue Luzel y avaient installé un piano mécanique. Autour de cette musique, des bals se déroulaient sans que personne ne trouve à redire jusqu'au jour où l’Évêque de Saint-Brieuc se mit à condamner le plus fermement cette pratique, trouvant que ces lieux étaient des endroits de perversion de la jeunesse.

Le malheur frappa la famille Caro qui perdit leur fils de 4 ans. Condamnés moralement par l’Église M et Mme Caro se virent refuser un enterrement religieux.

Seul le pasteur réformé Jean Scarabin, qui officiait au Temple de St Brieuc, leur offrit cette cérémonie.

Le journal L'oeuvre et le journal Le Citoyen (lu dans le Finistère)  relatèrent cette affaire.

L'oeuvre. 21 juillet 1930

Le pasteur Scarabin en 1939

Les protestants vus par les catholiques dans les années 1930

Entre 1936 et 1938, les curés des Côtes-du-Nord ont répondu à une vaste enquête sur la vie dans leur paroisse. Quatre questions sur les protestants sont posées, elles figurent à la page 40 d’un questionnaire qui en comporte 41, c’est dire que ce n’est pas le sujet central ! Mais cela nous renseigne sur la manière dont les protestants des Côtes-du-Nord sont vus par des catholiques.

J. Marcadet, le curé de la paroisse Sainte-Anne-de-Robien,  a répondu qu’il n’y avait qu’une seule famille protestante dans la paroisse et, en parlant des parents catholiques qui seraient allés dans un temple protestant : « Quelques uns sont allés dans cette salle par curiosité ».

Un article du journal paroissial du 31 août 1930 met aussi en évidence la défiance envers les protestants qui viennent "chez nous", comme le mentionne le curé dans son titre. Les termes utilisés ne sont pas anodins : le curé "met en garde" au sujet de ces "quêteurs inconnus"...


Bulletin paroissial. 1930. Archives départementales.

 

Dans les années 1960

Bien plus tard, dans les années 60, dans la paroisse de Robien, l’heure est au dialogue entre catholiques et protestants sous l’impulsion de Jules Auffray, curé de Robien et du pasteur Kieffer.

Les chrétiens se retrouvent pour un temps fort, au moment de la semaine de l’Unité, qui se déroule chaque mois de janvier.

A l'occasion de l'ordination du pasteur Kieffer, une conférence est organisée dans une salle du quartier de Robien à St Brieuc où le pasteur Paul Gerber s'adresse à tous les chrétiens.

En 1967, une grande exposition sur la Bible est présentée pendant une semaine au mois de mai. Elle est accompagnée de trois conférences. La première est proposée au Temple par le pasteur Jean Barral (de l'Alliance biblique) et la seconde, à la salle de Robien, est animée par le chanoine Péron, curé de Guingamp et par le pasteur Barral.

Dans les années 70, la forme des rencontres change mais sur le fond, le dialogue se poursuit.  En 1976, le pasteur Blanc rencontre l'abbé Auffret de Robien, Le Borgne de Plérin, Le Conniat de St Vincent de Paul et l'abbé Giblat. Ces rencontres se déroulent dans un très bon état d'esprit.

En janvier 81, échange de chaire, le pasteur Le Cozannet donne la prédication à l'église de Robien et une semaine plus tard, le curé de Robien prêche au Temple.

Emile Le Cozannet

Dans les années 1990 et 2000, l’église de Robien est un lieu très vivant et de nombreuses cérémonies œcuméniques s’y déroulent.

En 1996, 200 personnes sont réunies pour une prière oecuménique dans l’église Sainte-Anne-de-Robien. C’est Pierre Charlot, président du Conseil presbytéral de L’Eglise Réformée, de France qui débute la cérémonie par un discours d’accueil.

Pierre Charlot

La présidence est assurée par le pasteur Thomas Mentzel de l’Eglise Réformée. On note aussi la présence de José Loncke de l’Eglise Baptiste de Morlaix.

A gauche, le pasteur Thomas Mentzel

En 1998, catholiques et protestants prient ensemble et Caroline Engel, pasteure à  de l’Eglise Réformée est présente, ainsi que d’autres membres de la communauté protestante comme le docteur Erling Hansen, bien connu alors à St Brieuc, et des évangéliques baptistes. Catholiques et protestants alternent lectures et chants.

 

En janvier 1999, à l'église Sainte-Anne de Robien, protestants et catholiques sont venus prier ensemble sous la présidence de  Monseigneur Fruchaud dans une célébration préparée en commun. La pasteure Caroline Engel était présente pour les protestants. (Ouest-France, 22 janvier 1999).

Dans les années qui suivront de moins en moins de moments de partages et de cérémonies se déroulent à l'église de Robien et les semaines de l'Unité continueront dans d'autres lieux...


Les protestants évangéliques dans le quartier de Robien.

L’Église protestante évangélique s'est installée à partir de 1960 au 10 rue Anne-de-Bretagne, dans le quartier de Robien. Elle est membre de la Fédération évangélique de France.

En 1975, deux manifestions sont annoncées par voie de presse.

17 mai 1975 Ouest-France

18 juillet 1975 Ouest-France

En 1985, on trouve cette Eglise sous le nom de "Mission évangélique Croix-Péron", en référence au nom du carrefour de la Croix-Péron, proche de la rue Anne-de-Bretagne.

Jusqu'en 2010, elle bénéficiait des services de pasteurs puis elle a été animée par une association culturelle présidée par Pierre Dubois. L'assistance moyenne au culte du dimanche était de 50 personnes. Ce groupe s'est particulièrement investi en 2010 pour présenter à l'espace Lamennais une pièce de théâtre jouée par 15 acteurs amateurs sur l'évangile de Marc, appelée "Marc, l'expérience" (samedi 22 janvier 2011).

L'Eglise évangélique a déménagé par la suite dans un autre quartier de Saint-Brieuc.

10 rue Anne de Bretagne à St Brieuc
 

Une autre Église évangélique appelée "Association La Paix de l’Éternel" a utilisé les anciens locaux industriels du site de la rue du Pré-Chesnay au numéro 38 à partir de 2015. Elle a fait des travaux pour transformer en partie des bâtiments en lieu de culte. D'autres travaux de mise aux normes et construction de sanitaires ont également été effectués.

L'association est enregistrée comme une association culturelle et de loisirs qui pratique le chant Gospel. C'est aussi une association religieuse qui avait pour but : "adorer et louer Dieu l’Éternel, d’évangéliser les gens, afin de donner espoir aux âmes découragées et de réconforter celles déjà fortes".

Puis les buts ont été redéfinis ainsi : "faire vivre et connaître la confession de foi du christianisme".(Association Loi 1901)
Son siège a été situé au départ dans le quartier Balzac puis au 22 rue Ambroise Croizat bâti. 2 11ème étage, porte 22 à Saint-Brieuc.

Le 38 de la rue du Pré-Chesnay à St Brieuc. Photo RF

Intérieur du 38 de la rue du Pré-Chesnay à St Brieuc. Photo RF


Retour au sommaire ICI

 

Si vous avez des remarques ou des éléments pour compléter cet article, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut à droite...

 

Sources

Registre des membres de la paroisse protestante de Saint-Brieuc.

Questionnaires  3F11a et 3F11b. Diocèse de St Brieuc

Articles de Ouest-France, 22 janvier 1996, 23 janvier 1998, 27 janvier 1999.

Article sur l'histoire des protestants dans les Côtes-du-Nord, ici 

Fiche dans Généanet sur Auguste Le Hech, ici

Mariage Pierre Marquer et Marthe Taquet en 1884, ici

A propos de Pierre Marquer, histoire de l'Eglise évangélique d'Anzin, cliquer ici

Article de Ouest-France du 24 janvier 2010 sur la présence de l’Église évangélique rue Anne de Bretagne

 

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts ...