vendredi 1 août 2025

Les bistrots de la rue Luzel dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc


La rue Luzel a eu de nombreux cafés et restaurants dont les noms sont resté dans les mémoires comme Les Trois Marchands, le bar de Lulu, le Café Hamon puis Chez Boulma, et Chez Josiane.
Déjà en 1896, route du Carpont, en partant du chemin de fer et en allant vers le Carpont, on a Guillaume Gariloup (ou Garilloux?), aubergiste ; Aimée Hamon veuve Dily, débitante; Jean Marie Vrot, aubergiste ; Pierre-Marie Lecoq, débitant.
Comme pour le boulevard Carnot, en 1901, dans le recensement de la population on apprend le nom de trois propriétaires de débits de boissons et d'un aubergiste dans la rue du Carpont (au bout de la rue Luzel) mais il est difficile de les situer car les lieux ont beaucoup changé. Les propriétaires mentionnés sont donc les suivants : au numéro 95 Louise Viémont (veuve) née Balavoine, débitante de boissons, au numéro 97 Guillaume Garilloux, aubergiste et Marie-Françoise Le Dily (veuve) née Hamon, débitante de boissons.

En 1906, il est question de Jeanne-Marie Robert (veuve) née Eono, débitante de boissons et de Pierre Le Coq, débitant.
Pour rester à une époque plus récente, nous partons du rond-point au bout du boulevard Carnot pour descendre en direction de Ploufragan. Le début de la rue pose un problème car, au numéro 4, à l'emplacement de l'immeuble moderne de la SBAFER il faudrait trouver une photo des lieux avant cette construction des années 70.

LE CAFÉ STENOU, LE CAFÉ HAMON, CHEZ BOULMA, La Belle Issue, L’Émeraude, 6 rue Luzel
En 1906 au numéro 6, Joséphine Carrée (née Hingant), née en 1876 à Lanouée, était inscrite comme débitante dans le recensement. Les deux filles Louise et Anne sont nées à Saint-Brieuc en 1904 et 1906.
Plus tard, dans les recensements de 1931 et 1936, au même endroit, on trouve Yves et Françoise Stenou exerçant la profession de cafetiers.
En 1946, Berthe Michel, née Stenou, était la propriétaire du café.
Le café-restaurant Hamon existait dans les années 40, toujours au numéro 6 de la rue Luzel, sur la droite, en venant de la Croix-Mathias. On trouve encore la trace d'un café Hamon à la fin des années 50, années 60 et 70 (le 20 janvier 1968, réunion des retraités des PTT de la CGT au café Hamon, annonce Ouest-France ; réunion du Vélo-sport briochin, 19 novembre 1977...). La famille Hamon avait une clientèle importante des ouvriers du quartier mais elle faisait aussi pension et hôtel pour les gens de passage (la gare n'était pas loin).
Au café Hamon,19 septembre 1960 Ouest-France
C'est de nos jours un grand bâtiment blanc de 3 étages, dont le rez-de-chaussée était occupé par le café-restaurant. Dans les années 2020, on pouvait encore voir peu distinctement les inscriptions "Café-restaurant".
6 rue Luzel à St Brieuc
Dans les années 1987-1988, un café-concert s'est installé, il s'appelait La Belle Issue (article complet en cliquant ici).
Enfin, un bar s'est de nouveau installé sous le nom de L’Émeraude, il était tenu par Salah et Violette Boulma qui tenaient avant le Café Robinson. L'ouverture de L’Émeraude a eu lieu le samedi 21 octobre 1989. L'établissement était aussi connu sous le nom de "Chez Boulma". 
Né en Algérie française, Salah Boulma est arrivé en France à 13-14 ans en 1953, il a fini par atterrir à Saint-Brieuc en 1957 pour participer à la construction du pont d'Armor. C'est à Saint-Brieuc qu'il rencontre par hasard sa future épouse devant le magasin de chaussures Boulbain. Le 1er août 1960, à 22 ans, il épouse Violette Pichon à la mairie de Saint-Brieuc. Violette Pichon est née à Dreux en 1938. De leur union sont nés Pascal en 1961 puis Véronique en 1974. Habitant Plérin depuis 1969, le couple a tenu plusieurs établissements : Le café Robinson, rue de Beauregard en 1976, l’Émeraude à Saint-Brieuc en 1991 et enfin l'Eclipse à Saint-Laurent-de-la-mer jusqu'en 2000. (D'après un article de Fabienne Richard dans l'édition de Ouest-France du 29 septembre 2013 et un autre du 11 août 2025).
Salah Boulma devant la mairie de Saint-Brieuc. Photo Ouest-France 2013

Le patron de l’Émeraude servait de bons coucous. il y avait aussi des allées de boules. Les Boulma sont  ensuite partis à Saint-Laurent-sur-Mer où ils ont ouvert L'Eclipse.
L’Émeraude 21 octobre 1989 Ouest-France

M et Mme Boulma lors de leurs noces d'Or, 2 août 2020 Le Télégramme

Noces de palissandre,Plérin,11 août 2025 Ouest-France

LE CAFÉ LE NOUVEL, LE CAFÉ MARCHAND puis LES TROIS MARCHANDS 12 rue Luzel
Au numéro 12, en 1906, Marguerite Stenou, née Glo, née en 1875 à Saint-Donan, est inscrite comme débitante. Son mari est Yves Stenou, né en 1876 à Cohiniac.
Dans les années 30, Jean et Célestine Le Nouvel étaient installés comme cabaretiers au 12 rue Luzel (recensements de 1931 et 1936).
Puis après 1945, en 1947 précisément, l'établissement a été repris par M et Mme Le Marchand. Ils avaient travaillé auparavant à Guingamp. Ils ont appelé le bar-restaurant « Les trois marchands ».  Les 3 Marchands ce sont les trois enfants de la famille, Léone, son frère et sa sœur. Cette histoire familiale est racontée par Léone Le Marchand dans l’édition du Télégramme du 26 janvier 2001.
Bar Les trois marchands 26 janvier 2001 Le Télégramme, article de Pierre Fenard
Elle n’avait que 6 ans quand ses parents ont pris la tête de cet établissement. : « C’était l’époque des Forges-et-Laminoirs ou des deux brosseries du boulevard Laennec : ici c’était la zone industrielle de Saint-Brieuc. Le café était entouré d’usines et les ouvriers venaient réchauffer leurs gamelles, le midi, sur la gazinière de maman. Ils n’avaient pas beaucoup de sous et ne pouvaient pas s’offrir le restaurant. Mais ils se parlaient, se rencontraient au détour d’une table en formica et connaissaient la valeur des petites choses : « Les ouvriers du laminoir, ils avaient toujours chaud. Ils nous cuisaient des pommes de terre dans la cendre et ils nous les apportaient, le midi, dans leurs tabliers. » 
Café Le Marchand, rue Luzel, 29 avril 1955 Ouest-France
La propriétaire en 1961 est Mme Yvonne Roland, son établissement est immatriculé au registre du commerce depuis le 22 mars 1961. A la disparition de ses parents, Léone (Kerrirzin), la fille de la maison, reprend l'affaire le 8 juillet 1980, avec son mari Gérard, après avoir passé une quinzaine d’années en Haute-Savoie. Elle ne change rien, le comptoir a bien 45 ans ! 
Gérard et Léone Le Marchand. Le Télégramme 9 mars 2001
En 2001, « Le formica habille toujours le comptoir, les tables restent celles d’un vrai bistrot, un bistrot de quartier. Chaque midi une trentaine d’ouvriers du coin viennent immanquablement déjeuner, sûrs de retrouver les habitués… Michel l’ancien boucher du quartier vient aiguiser les couteaux de Léone à l’heure du déjeune ». Le petit cordonnier installé en face du café, près du jeu de boules de chez Hamon.
Le café accueille le 4 mai 2001 un Bistrot de l’histoire pour retracer un siècle d’histoire de Robien. Pierre Fenard coordonne l’opération avec Christian Bougeard, et de nombreux témoins sont invités à partager leurs souvenirs sur la gare, les Forges-et-Laminoirs, les luttes contre la guerre d’Indochine…
L’établissement ferme le 16 juillet 2002.
12 rue Luzel; Les trois marchands

ANECDOTE
Claude Corack se souvient que son père qui travaillait comme chauffeur de four aux Forges-et-Laminoirs Vaucouleur allait régulièrement au café Le Marchand à la fin des années 40. Il se souvient des réunions syndicales de la CGT qui se tenaient dans ce café.

Un bar au numéro 14
Marie-Louise Le Dily veuve, née Hamon, est inscrite comme débitante en 1906.

Un bar au numéro 57
Pierre et Marie Lecoq sont inscrits comme débitants en 1906.

LE CAFÉ DUDAL, CHEZ JOSIANE au numéro 60.
Photo Ouest-France 28 août 2010
Un bar-épicerie est créé en 1896 à l’angle des rues Cuvervile et Luzel, mais l'adresse est celle du 60 rue Luzel. Josiane Dudal (née L’Hôtellier) a été la dernière propriétaire alors que son arrière-grand-père avait acheté cette échoppe en 1896. 
Louis Hillion et son épouse Marie, dans les années 30 (recensement de 1936), puis Tonton Pierre, l’oncle de Josiane qui est resté derrière le comptoir de 1942 à 1957, Mme Lelévrier et M et Mme Quenesson lui ont succédé. 
En mai 1969, Josiane L'Hôtellier a repris l’affaire. Avant les apéros de voisins organisés dans le quartier, un repas fin juin avait lieu devant le café. « Chez Josiane » a fermé en août 2010.
Texte de l'article du 24 octobre 1996 à lire ci-dessous

Article du 24 octobre 1996 Ouest-France

Le café-épicerie du coin.  

Josiane L'Hôtellier tient depuis 27 ans un des derniers café-épiceries de Saint-Brieuc, situé à l'angle des rues Cuverville et Luzel. On y croise les femmes du quartier qui font quelques courses, les hommes qui préfèrent discuter au bar et Josiane aux commandes.

Chez Josiane, on assiste parfois à des tours de magie. Des allumettes qui flambent rien qu'en se frottant sur un revers de veste, des tours de passe-passe avec un doigt qui amuse tout le monde. Que l'on vienne le matin, le midi ou en milieu d'après-midi, il y a toujours deux ou trois clients fidèles pour faire rire Josiane. Josiane qui gère ce café depuis l'âge de 23 ans doit alors jongler entre les blagues de ces clients de bar et la caisse de son épicerie. ¿ Je passe mon temps à courir entre les deux ! » Pourtant Josiane ne cherche pas à rivaliser avec les grandes surfaces. "J'essaye de dépanner le mieux possible les habitants du quartier avec des produits courants. » Quand Josiane n'est ni au café, ni à l'épicerie, elle n'est sûrement pas très loin. Essayez le jardin, dans la cour !


Ouest-France. 29 Août 2010

Article du 29 août 2010.  Ouest-France

A Robien, la fin d'une institution datant de 1896

L'histoire

C'était une institution dans le quartier. L'un de ces estaminets qui voient défiler des générations. Le bar-épicerie de la rue Luzel, quartier de Robien, baisse définitivement le rideau le 31 août, faute de repreneur après le départ en retraite de Josiane L'Hôtellier, la tenancière depuis 42 ans.

Mardi, les brèves de comptoir résonneront pour la dernière fois dans le bar du Pré-Chesnay, devenu depuis Chez Josiane. Une échoppe achetée en 1896 par son arrière-grand-mère, puis transformée en épicerie bar où le cidre est incontournable.

Une lignée familiale

Quelques années plus tard et pendant une quinzaine d'années, Mme Hillion en devient la tenancière. Puis il y eut Tonton Pierre, l'oncle de Josiane. Il passe 15 ans derrière le comptoir, de 1942 à 1957. À son départ, Mme Lelévrier, M. et Mme Quenesson se succèdent. Le 8 mai 1969, Josiane reprend le bistrot alimentation.

À l'époque, le quartier de Robien est un quartier industriel. Les ouvriers et autres clients affluent nombreux. « J'ai aimé cette période, jusqu'à la fin des années 1970. C'était vivant. Depuis, les clients se font de plus en plus rares. »

Le bar de la rue Luzel était devenu un véritable lieu de rencontre et de vie pour les gens du quartier. Qui des habitués n'a pas pris un p'tit verre sur le zinc de l'échoppe pour papoter avec Josiane ou d'autres clients ?

A l'instar d'Yves, un fidèle client qui regrette la fermeture. « J'aimais bien venir ici. J'y rencontrais toujours les mêmes personnes et surtout la gentillesse de Josiane avec qui j'adorais discuter. Ça m'occupait. Où vais-je aller maintenant ? »

C'est non sans un brin de nostalgie que Josiane, à 64 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Elle remercie « tous ses clients qui n'ont parfois pas hésité à donner un coup de main au moment où elle a été confrontée à la maladie. »

En 2010, sur la rue Luzel avec l'enseigne BAR Alimentation. Image Google


En 2010, avec l'enseigne BAR. Image Google

En 2020. 60 Rue Luzel


ANECDOTE
Claude Corack se souvient qu'un peu plus haut que le café DUDAL sur la droite, après la rue du Pré Chesnay, il y avait une ferme avec quelques vaches. Le fermier menait ses vaches sur le Tertre dans l'ancienne scierie pour se nourrir des herbes. Tout ça c'était à la fin des années 40...

 
CHEZ CARRO puis CHEZ ROUALLAN et plus tard CHEZ THÉO, au 61
Au 61 rue Luzel, il y avait déjà dans les années 40 un bar-épicerie-restaurant que l'on l'appelait "Chez Carro". Le fils Carro est devenu ensuite patron d'une petite menuiserie sur le tertre Marie-Dondaine, en bordure de la rue Luzel.
Au début des années 60, le bar a changé de nom pour s'appeler "Chez Rouallan". On y rentrait sur le côté et le bar occupait tout ce côté du rez-de-chaussée de cette grande maison en granit, juste avant le pont. Plus tard, on a appelé ce bar "Chez Théo". Théo a repris ensuite le "Bar de l'espérance".
61 rue Luzel. Photo RF


ANECDOTE
Roger Gicquel dont la mère tenait le bar juste à côté de "Chez Carro" se souvient qu'au début des années 60, il y avait une télé dans la famille Carro. 
Les enfants du voisinage venaient voir les grands événements, c'est ainsi que Roger se souvient d'avoir vu le combat d'Henri Corack pour un championnat de France. "C'était un peu l'idole du quartier !"
LE BAR DES DEUX PONTS, CHEZ GICQUEL, au 65 rue luzel
Au 65 rue Luzel, après le pont en allant vers Ploufragan, c'était un bar-épicerie appelé "Le bar des deux ponts". Il était tenu par François Pécheux dans les années 30 (recensement de 1936) et jusqu'au début des années 60. 
La photo ci-dessous montre le bar avant la construction du Pont de chemin de fer au-dessus de la rue Luzel.
Photo archives départementales. Fonds Henrard
 
Ensuite, vers 1965, c'est Francine Gicquel qui a repris l'affaire mais avant elle tenait déjà un bistrot sur le même côté de la rue, un peu plus haut en allant vers le Carpont. Son mari avait une entreprise où il vendait du cidre. On y trouvait un peu de tout, de l'épicerie, de la charcuterie, des pointes, des casseroles, des cigarettes etc. Les gens disaient c'est "Le petit Mammouth" (du nom d'une chaine de grandes surfaces de l'époque). Le bar faisait aussi resto ouvrier. Beaucoup de cheminots s'y retrouvaient et les gens du quartier y faisaient aussi leurs courses. Les ouvriers de l'usine Sambre et Meuse représentaient aussi une clientèle assidue.
65 rue Luzel



ANECDOTE
Roger Gicquel, le fils de la maison se souvient :
"Quand les gens parlaient du bar de mes parents, on disait "Le bar des deux Ponts" et au début des années 50 sur le pont, c'était écrit avec du goudron "Pont Henri Martin" du nom d'un militant communiste, opposé à la Guerre d'Indochine...
C'était un bar qui marchait très bien, il faut dire qu'à cette époque les ouvriers ne savaient pas rentrer chez eux sans boire un coup au bistrot !
Les gens prenaient "à l'ardoise". Ils avaient un compte ouvert et tous les 5 mois, ils venaient régler. Il fallait faire des additions à n'en plus finir...Le bar faisait aussi restaurant et quand les gens avaient leurs congés on organisait "les têtes de veaux". Ces grands repas étaient très arrosés, ça buvait beaucoup et mon père, Roger, devait remettre de l'ordre. Il fallait souvent raccompagner les clients chez eux."

LE BAR DE LULU
Rue Luzel, il se dit qu'il y avait aussi "Le bar de Lulu" qui a quitté le quartier en 1965 et s’est installée aux Villages. Il reste à le localiser...
 
Paroles d'habitants
 
Souvenirs des années 50, de Lucien Pally, un ancien habitant de la rue Luzel :
« De Sambre et Meuse à l’entrepôt de chemin de fer où œuvraient 450 apprentis, de l’usine Glémot qui fabriquait des sandales en caoutchouc, aux cimenteries Gaudu, des brosseries Bullier aux célèbres conserveries Saupiquet, toutes les fabriques laissaient échapper, chaque midi, des flots de travailleurs qui se pressaient dans les cafés du quartier »

 
Retour à la maison (le sommaire) ICI

Si vous avez des commentaires ou des documents sur l'histoire de Robien (bistrots ou autres), vous pouvez utiliser le formulaire de contact en haut à droite de la page, en laissant votre adresse mail pour que je puisse vous répondre.

 
Sources

Archives municipales, dossier de presse des années 1996 et 1998 avec des articles de Ouest-France.

Archives départementales en ligne. Recensement de la population 1901, 1906, 1911, 1936.
Archives départementales en ligne. Fonds Henrard. 26 Fi 358
Site internet, greffe du tribunal de commerce.

Merci à toutes les personnes qui ont apporté des précisions sur les bars de la rue Luzel : Alain Le Flohic, Josiane L'Hôtellier, Roger Gicquel, Claude Corack, Gérard Huet et Guy Flageul  Entretiens réalisés en mai, juin et décembre 2020



 

 

 

mercredi 11 juin 2025

Armor-Peinture, 28 rue Emile Zola à Saint-Brieuc. 1961


Origine de l'entreprise Armor-Peinture

Cette entreprise est née en 1961 de l’union de deux entreprises briochines, dont l'entreprise Hains, au moment de la réalisation des travaux de peinture du Lycée Fressinet qui se construisait à l'époque.
L'entreprise était domiciliée au 3 rue Waldeck-Rousseau dans les années 60 mais son siège se trouvait au 28 rue Émile Zola dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc.

L'entrée de Armor-Peinture 28 rue Émile Zola. Image Google street

Annonce 20 août 1966 Ouest-France

C'est Louis Morvan qui en a assuré la direction de l’origine jusqu’en 1972 où Henri Choron (voir son portrait en bas de page) a pris sa suite, après en avoir occupé depuis 1961 le poste de directeur-adjoint.
L'entreprise a connu un rapide développement.

Annonce. 30 mai 1972 Ouest-France

Armor-Peinture. Le Griffon numéro 26

1966. Remise de médailles.

Dans l'édition de Ouest-France du 26 décembre 1966 on apprend que M. Choron et M. Morvan, directeurs de la société Armor-Peinture, ont réuni le personnel pour un vin d’honneur autour de quatre employés qui sont alors récompensés :

René Hennique, 46 années dans la profession, médaille d’Or du travail 1966

Mathurin Le Duhault, 38 années dans la profession, médaille de Vermeil du travail 1966

Georges Muset, 38 années dans la profession, médaille de Vermeil du travail 1966

Théophile Le Flohic, 26 années dans la profession, médaille d’argent du travail.

Ci-dessous, les médaillés avec leurs épouses qui ont reçu un bouquet (Qui pourrait identifier ces personnes ?)


1972. Départ en retraite du directeur et remise de médailles.

Lors du départ en retraite de M. Morvan, le directeur, une remise de médailles d’honneur a  lieu et plusieurs personnes sont décorées : MM Charles Boga, Charles Boulain et Jean Camar (médailles de vermeil) ; MM Robert Hamon, Robert Gaudaire, Jean Le Menec et Henri Toupin (médailles d’argent).

En 1972, l’entreprise Armor-Peinture représente 145 salariés en Bretagne au sein du groupe national S.E.G.I.P

26 décembre 1972 Ouest-France

Armor-Peinture. Annonce Le Griffon 1978


1977. Médailles du travail

André Berthault, médaille d’argent du travail. 1977

André Corlay, médaille d’argent du travail. 1977

Maurice Pringent, médaille d’Or du travail. 1977

 

1979. Un mouvement de grève

En 1979, l’entreprise Armor-peinture emploie 115 salariés. Une très grande partie d’entre eux rentre en grève pour des revendications salariales : augmentation mensuelle et treizième mois. Pour le directeur M. Choron les revendications ne sont pas justifiées même si l’entreprise est en bonne santé. 

13 juin 1979 Ouest-France

La C.G.T conteste les chiffres avancés par le patron et argumente que certains ouvriers sont alignés sur les salaires les plus bas du bâtiment. Une semaine plus tard, le conflit s’enlise. La C.G.T dénonce l’embauche de personnels « prêtés gracieusement » par d’autres entreprises de peinture exerçant la même activité à Saint-Brieuc, Guingamp ou Dinan. Les chantiers sont ainsi poursuivis réduisant l’impact de la grève. Cette grève laissera des traces...
(D’après Ouest-France des 13, 20 et 23 juin 1979)

 
Le sport d'entreprise chez Armor-Peinture

Dans les années 70-80, une équipe de football d'Armor-Peinture est engagée en promotion de première division. On retrouve d’autres entreprises du secteur comme Chaffoteaux, Les Forges-et-Laminoirs, Mammouth, Olida…

En octobre 1979 : Unicopa bat Armor-Peinture 6 à 1
En 1982, en 16e de finale de l'Ouest Corporative à Loudéac : Armor-Peinture bat Olida 4 à 0

 

1980-2024. Un employé qui connaît le métier

En 1980, Pascal Josse est embauché comme stagiaire dans l'entreprise, puis de nouveau il réintègre Armor-Peinture en 1985 avant de partir à l'armée, et enfin en mars 1987. Il ne le sait pas encore mais en 2024, il figure encore dans le personnel et c'est le plus ancien chez Armor-Peinture, la première fois qu'il avait franchi la porte de l'entreprise, c'était il y a 44 ans ! il est sans discussion possible le plus ancien dans l'entreprise...(témoignage recueilli sur le forum Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc en avril 2024)


1980. Un accident du travail

En février 1980, Loïc Fleicher et Florent Clairenteau, deux ouvriers d’Armor-Peinture, sont blessés par une explosion de gaz alors qu’ils travaillaient dans les sous-sols de la BNP, place du Général-de-Gaulle à Saint-Brieuc.

Accident Armor-Peinture16 février 1980 Ouest-France
 

1983. Des innovations
Henri Choron, le PDG de l’entreprise, réunit des constructeurs et des architectes pour les entretenir de l’évolution des méthodes de traitement des façades. 

Armor-Peinture 8 mars 1983 Ouest-France
 

Jean-Louis Raymond, le directeur général arrivé en 1981, développe les questions relatives à l’imperméabilisation et à la protection contre le froid. En conclusion il a été rappelé que : « des solutions existent, les spécialistes d’Armor-Peinture ont des réponses, il suffit de les consulter » !


1985. L’entreprise communique sur la peinture publicitaire.

Armor-Peinture 8 octobre 1985 Ouest-France


Armor-Peinture13 décembre 1985 Ouest-France

1988. L'EuroFoot Cadets

En avril, Armor-Peinture sponsorise l’équipe du Standard de Liège durant l’EuroFoot Cadets qui se déroule à Saint-Brieuc du 5 au 8 avril 1988.


1988. Le chantier de la gare de Saint-Brieuc

Dans l’attente de l’arrivée des premiers TGV en gare de Saint-Brieuc, l’entreprise Armor-Peinture et La Celtique Industrielle mettent leurs efforts en commun pour rénover la gare et lui faire retrouver sa beauté de 1931 ! La technique employée, baptisée « Fluroc », ravale, renforce et assure la protection du bâtiment.

Armor-Peinture 9 septembre 1988 Ouest-France


1991. Les 30 ans d’Armor-Peinture
L’entreprise est dirigée par Jean-Louis Raymond depuis 1981 et, en 1991, la société emploie 140 salariés sur trois sites dont deux filiales à Rennes et Vannes.
Depuis 1989, la holding Armor-Management chapeaute une seconde société normande Techni-Peinture (ex Établissements Gagneux) qui compte 140 salariés entre Caen, Le Mans et Versailles.

Armor-Peinture 27 septembre 1991 Ouest-France
 

Un bouillonnant patron : Jean-Louis Raymond, PDG d’Armor-Peinture 

Jean-Louis Raymond 27 septembre 1991 Ouest-France

Jean-Louis Raymond a une formation d’ingénieur dans le BTP. Il devient ensuite conseiller en entreprise comme permanent de la Fédération Nationale du Bâtiment.
Et comme il le dit : « J’en ai eu marre de dire comment faire : j’ai voulu réaliser moi-même ». Il reprend Armor-Peinture au début des années 80 (en 1981) et va y appliquer ses méthodes. Tout d’abord, les salariés travaillent par affinités, en cellules autonomes avec des moyens indépendants. Ensuite les salariés sont mobilisés car intéressés au développement de l’entreprise. Un tiers du capital est détenu par le personnel.
En 1989, Jean-Louis Raymond reçoit le prix de l’Aster 89 de la part de « L’association pour le progrès de la peinture » pour son sens de la « mobilisation des ressources humaines ».
Il envisage alors de créer un musée des métiers de la peinture. On le retrouve aussi à la tête de l’Agence de Développement Économique du pays briochin.

Dans les années 80-90, Jean-Louis Raymond est un personnage qui compte dans le milieu économique du secteur de Saint-Brieuc.
(D’après l’article de Christophe Violette de Ouest-France, 27 décembre 1991)

1993. Redressement judiciaire

Le bâtiment subit une grave crise en 1992. Le 2 février 1993, la société Armor-Peinture est mise en redressement judiciaire mais les emplois ne sont pas menacés. D'autre part, les trois sociétés normandes de Techni-Peinture (liées l’entreprise) sont en grosses difficultés et ont licencié. 

(Ci-dessous, le titre de Ouest-France du 3 février 1993)

Crise du bâtiment : un chef d'entreprise dans la tempête.
Armor peinture corrige le cap.

Le PDG d'Armor-Peinture 3 février 1993 Ouest-France

Armor-Peinture 4 février 1993 Ouest-France

1994. Changement de patron

En 1994, l’entreprise Armor-Peinture  est reprise par Jean-Yves Rousseau, l’ancien patron des établissements du même nom à Plélo. Sur le site de Saint-Brieuc, 108 salariés sur 114 sont repris. Dans les 6 salariés en moins, on compte 3 départs en retraite non remplacés et 3 personnes en congés de longue durée non réintégrées. Les unités de Rennes, Morlaix et Vannes sont supprimées et une trentaine de salariés sont licenciés.

Le nouveau patron hérite d’une société qui a toujours une très bonne réputation et dont les carnets de commandes sont pleins jusqu’en janvier 1995 avec les chantiers de l’IUT, la réhabilitation de la Croix Saint-Lambert, du centre Hélio-marin de Trestel…


L'évolution de l'entreprise

Après le départ de l’entreprise du quartier de Robien, l’entreprise s'installe dans de vastes locaux, en bordure de la voie express RN12 entre Saint-Brieuc et Guingamp.
En 2022, l'entreprise compte 80 salariés dont 3 conducteurs de travaux, un bureau d'étude composé de 2 personnes, 11 chefs de chantier, 9 chefs d'équipe, 50 compagnons, 1 chef d'atelier.


 
Henri Choron
Henri Choron à la fin de sa vie.
 
Depuis le début des années 60, Henri Choron a été à la tête de de l'entreprise Armor-Peinture, comme directeur adjoint avec M. Morvan puis directeur en 1972. C'était un homme d'engagement et aux fortes convictions comme le montre le contenu de cette demande de la carte du Combattant volontaire de la Résistance, remplie par l'intéressé en 1959 : étudiant au Lycée Le Braz jusqu'en 1942, il est réfractaire au Service du Travail Obligatoire (S.T.O) après avoir été appelé en juin 1942. Entré dans le maquis de Plésidy jusqu'à la Libération de Guingamp, engagé volontaire le 1er septembre 1944 au 2-71e Régiment d'Infanterie, combattant sur le front de Lorient puis avec les troupe d'occupation de l'Allemagne, démobilisé le 2 septembre 1946 et nommé caporal de réserve. 
Néanmoins, sa demande de la carte du Combattant volontaire de la Résistance ne va pas aboutir car il ne fournira pas les pièces justificatives exigées à cet effet.
Cela n'empêche pas Henri Choron d'avoir été décoré de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et d'être Chevalier national du Mérite Ancien maquis de Plésidy et de Coat-Mallouen. 
 

Dans la Résistance, après avoir été arrêté, il se serait échappé d'un train vers Lyon et serait rentré à pied en Bretagne. C'est ainsi que l'on racontait son histoire bien après-guerre dans la famille...  
Si on revient un peu en arrière, Henri Choron est né le 31 août 1922 à la Ville-Fréhour, Saint-Quay-Portrieux.
 
Etat-civil de Saint-Quay.

Son père Fernand Choron (article complet sur Fernand Choron à lire en cliquant ici) est alors peintre-décorateur à Saint-Quay dans un premier temps, avant de s'installer à Saint-Brieuc rue Glais-Bizouin au début des années 30.
 
Annonce 9 janvier 1931 Ouest-Eclair

 
Jeu de l'oie des commerçants. 1931. Photo RF

1936 5 mars Ouest-Eclair

1936 16 mars Ouest-Eclair

Il se marie avec Yvonne Mazure.

Mariage Henri Choron et Yvonne Mazure

Homme engagé pendant la guerre 39-45 et, un peu plus tard, dans le courant du gaullisme social, Henri Choron se lance dans l'entreprise Armor-Peinture avec Louis Morvan. Leur but est de donner du travail aux ouvriers.
Après les grèves de l'année 1968, en juin 1979, Armor-Peinture est secoué par un long conflit social où les 115 salariés restent en grève pendant plusieurs semaines. Malgré les propositions d'augmentations de salaire de M. Choron, le conflit s'enlisera et la C.G.T continuera de réclamer un treizième mois en plus des augmentations. Le dialogue social n'est pas une chose facile et Henri Choron supporte mal cette "lutte des classes" exacerbée... (Édition du 23 juin 1979 Ouest-France)
Il continue de gravir les échelons dans le monde des entreprises et accède à d'importantes fonctions en juin 1981 où il est élu Président du Syndicat patronal du bâtiment et des Travaux publics des Côtes-du-Nord
Il a aussi été Président régional du Lions Club.
Yvonne Choron, Henri Choron et à droite sa soeur. Photo famille Choron-Hot

Yvonne Choron, son épouse née Mazure le 9 octobre 1922, va être très active mais plus discrète, occupant le poste de secrétaire de René Pléven, ancien ministre et Président du Conseil et un poste à la Préfecture.
La famille Choron habitait dans le boulevard Waldeck-Rousseau, dans une maison qui surplombe la vallée de Gouédic (actuel numéro 7).
Henri Choron aux U.S.A. Photo de famille


Après une vie bien remplie, Henri Choron décède en 2006, il avait 84 ans, et Yvonne en janvier 2017 à l'âge de 94 ans.
Avis dans Ouest-France 13 février 2006
 
A suivre : article complet sur Fernand Choron à lire en cliquant ici
 
 
Témoignage de Nicole Quettier

"Mon père ainsi que mon oncle (qui est l’un des médaillés que je reconnais avec ma tante qui a un bouquet de fleurs sur la photo du 26 décembre 1966) ont fait toute leur carrière à Armor-Peinture anciennement l’entreprise Morvan. Ils sont restés dans l’entreprise quand M. Choron est arrivé et y ont travaillé jusqu'à sa mort pour mon père et sa retraite pour mon oncle. Mon oncle fait parti des médaillés sur la photo. Ils ont eu tous les deux une Médaille de vermeil. Ça me rappelle des souvenirs, mon papa a connu ma maman alors qu'il était sur un chantier au Val-André et mon oncle a connu ma tante (qui était la soeur de ma maman) alors qu'il travaillait sur le même chantier que mon papa. La plupart des noms cités me disent quelque chose, je les ai entendus à la maison quand j’étais petite". 
Témoignage recueilli sur le Facebook "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc" en avril 2024
 
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Lien

Dans ce blog, l'histoire de l'entreprise Armor-Signalétique, ici

Sources

Recherches dans les archives de Ouest-France

Bulletin municipal, Le Griffon, archives municipales

A propos de la famille Choron : informations et portrait photographique fournis par Françoise Briand (avril 2024). D'autres informations ont été transmises par Anne-Marie Tatin, filleule d'Henri Choron (avril 2024).

Site Armor-Peinture, cliquer ici

Facebook Armor-Peinture, cliquer ici

 

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