mercredi 3 janvier 2024

La famille Watrin, des industriels forains en Bretagne.

 

 

Cet article est lié au départ à l'histoire des fêtes foraines dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, puis plus largement aux autres fêtes foraines du secteur de Saint-Brieuc et de Bretagne. 

M. Watrin à droite en 1959.

La famille Watrin est une très grande famille d'industriels forains depuis le début du 19e siècle et a de profondes attaches dans l'Ouest de la France et en Bretagne.

Cet article est écrit à partir d'articles de presse, de forum Facebook et de recherches sur un site de généalogie, il ne prétend pas faire le tour complet de l'histoire de la famille Watrin et ne demande qu'à être complété avec le formulaire de contact...

Les familles Watrin et Audroin sont associées par le mariage de Gabrielle Georgette Audrouin, fille de Dominique et Juliette Audroin qui s'est mariée avec Georges Watrin, directeur d'une attraction d'auto-tamponneuse. 

 

1ère génération

Jean-Louis Watrin (1833)

Jean-Louis Watrin est né le 24 septembre 1833 à Vernéville en Moselle. Il était marchand confiseur forain. Marié avec Françoise Lamiable, il aura un fils appelé lui aussi Jean-Louis.

 

2ème génération

Jean-Louis Watrin (1859-1908)

Jean-Louis Watrin est né le 25 avril 1859 à Scy-en-Moselle. Il était marchand confiseur forain. Il se marie avec Catherine Céline Munier le 5 février 1878 à Gondrecourt en Moselle. Le couple aura plusieurs enfants, dont Léon (industriel forain, voir plus bas), Louise (directrice de cinéma), Raoul, né en novembre 1890 (industriel forain), Laurence née le 13 octobre 1895 à Baccarat en Meurthe-et-Moselle (artiste de théâtre).

C'est à Léon Watrin, son fils aîné, que l'on doit de connaître les débuts de son père qu'il raconte dans un entretien avec un journaliste de La Dépêche de Brest le 10 janvier 1937 : "Avant 1870, mon père tenait "un métier" à Metz. Pour ne pas devenir Allemand, il a abandonné tout ce qu'il possédait. Il est rentré en France". (La guerre de 1914 fut une deuxième catastrophe pour la famille car la bourgade de Conflans-Jarny fut anéantie sous les obus).

 

Le Musée national

La famille Watrin va circuler en Belgique et en Hollande avec un musée ambulant dans le style du Musée Grévin. Les épisodes présentés étaient surtout ceux de la Guerre de 1870. 

En 1896 survint un évènement qui allait décider de la suite de la vie familiale :"Le séjour en Hollande fut désastreux. Tout le pays était alors germanophile. notre boutique fut véritablement assiégée par une foule en folie. Il fallut partir. Et c'est ainsi que de Hollande, nous sommes venus à Rennes, mais oui, comme cela, d'un trait".

Le 30 mai 1898, au moment de la Foire de la Trinité, le Journal de Paimpol signale la présence du "grand musée, genre Grévin, contenant 150 sujets d'une réelle valeur artistique et représentant dans un agencement des plus heureux, les personnages les plus connus de l'histoire, de la politique, des arts...". L'attraction de la famille Watrin revient en 1899 et elle est présentée comme un "musée historique et mécanique, activant par une machine à vapeur, un grand nombre de sujets représentant des scènes diverses".


Le journal La Dépêche de Brest dans son édition du 10 juillet 1900 évoque "La grande exposition du Musée national" de M. Watrin. Ce musée ambulant comprend 200 personnages en cire, grandeur naturelle.

Watrin 10 juillet 1900

D'autres musées de cire tournent sur les fêtes foraines en Bretagne comme en juin 1903 à la Foire de la Trinité à Paimpol ce musée des arts criminels et des sciences et des arts...

 

Le cinématophone Watrin

En Bretagne, il faut trouver une nouvelle occupation en complément du Musée de personnages en cire et ce sera un ancêtre du cinéma parlant, le cinématophone. La première séance aurait eu lieu en 1900, Place de la Liberté à Brest, mais aucune trace dans la presse ne vient encore confirmer cette date. "Quand le film se déroulait, nous passions simultanément au phonographe un rouleau car il n'était pas encore question de disques. Naturellement les paroles ne suivaient le film que d'une façon assez approximative. Mais la nouveauté de l'attraction suppléait à tout."

Par contre, le premier article trouvé dans la presse concernant "le grand salon du cinématophone" est dans Ouest-Eclair où cette attraction a fait forte impression à la fin du mois de mai 1901 à Rennes.

Ensuite dans Le Publicateur du 16 juin 1901, on trouve le compte-rendu de ce spectacle "absolument nouveau" qui se déroule à Saint-Brieuc et où on peut voir des vues de l'Exposition de Paris 1900, "son succès s'est déjà affirmé dans les villes où il s'est arrêté"...

Le cinématophone.16 juin 1901

En août et septembre 1901, le cinématophone est à Brest, en octobre à Carhaix et en décembre à Landivisiau.

Watrin 10 août 1901 Brest

 
Watrin 5 septembre 1901 Brest

Watrin 30 octobre 1901 Carhaix

En mai 1902, le journal de Paimpol présente le cinéma Watrin comme une attraction majeure de la Foire de la Trinité : "Le salon du cinématophone, nouvel appareil à projections animées, différant complètement de tous les cinématographes connus. Le riche établissement de M. Watrin sera sans contredit l'une des plus grandes attractions de la foire. le succès qu'il a obtenu dans toutes les villes où il est passé en est d'ailleurs un sûr garant."

Watrin 18 mai 1902 Journal de Paimpol

En mai 1903, en plus de l'activité de cinéma, on signale que M. Watrin vient d'acquérir la nouvelle attraction appelée Looping the loop qui fut présentée pour la première fois en France par le Cirque Rancy le 15 mars 1903.

Watrin 3 mai 1903 Dépêche de Brest


Image Circus Parade, lien ici

 

Toujours à Paimpol, en 1903, le cinématophone enthousiasme le public avec des images animées qui ont "une netteté et une précision qui donnent l'illusion complète du naturel".


Watrin 14 juin 1903 Journal de Paimpol

En octobre 1903, le journal L'éclaireur du Finistère évoque la présence du "cinématophone" de M. Watrin à Morlaix. M. Watrin s'équipe également d'un appareil pour filmer les évènements locaux et les projeter ensuite, le succès est garanti ! 

En décembre 1904 à Saint-Pol de Léon M. Watrin donne une grande séance de gala avec Le Chat Botté, féérie en couleurs en sept actes, et le voyage de M. Doumergue, ministre des colonies à Morlaix. Quelques jours plus tard, la presse fait état de manifestations "assez bruyantes" lors de la projection du film montrant M. Doumergue. M. Watrin sera même contraint de quitter la ville car ce programme provoque des troubles à l'ordre public !

Un autre cinéma va bientôt concurrencer le cinématophone, il s'agit de l'Impérial bioscope de M. Audrouin, un autre forain qui fera parler de lui en Bretagne...

Jean Watrin décède en mars 1908 dans sa roulotte à Brest, le jour du mariage de sa fille ! L'article de La dépêche de Brest nous fait mieux percevoir le tragique de la situation.

Décès de Jean Watrin 25 mars 1908 Dépêche de Brest

Dans les années 1910, Jean de Trigon, un morlaisien raconte dans ses mémoires que "Les attractions ne manquaient pas à Morlaix ! Une innovation due à l’ingéniosité de Watrin fit sensation. Un compère éloquent le présentait d’une manière pompeuse : « Le cinématographe animé de la parole » (sic)".

 

On note à Brest en janvier 1891, le décès de Marie Watrin, célibataire, sans profession, 89 ans, est-ce de la famille ? 

De même, le décès de Georges Watrin, 15 ans, résidant sur le Champ-de-Bataille à Brest (lieu de la Fête foraine) est mentionné le 16 janvier 1910.

 

3ème génération

Louise Watrin (1878-1936)

Louise Watrin, fille de Jean-Louis Watrin, est née le 22 mars 1878 à Gondrecourt en Moselle. Elle se marie à Brest le 24 mars 1908 avec Henri Coutaret, fils d'un marchand ambulant. Louise Watrin est la directrice du cinéma Watrin, un cinéma ambulant.

Toute la famille Coutaret-Watrin va travailler dans le cinéma Le Casino à Puteaux, en région parisienne, où ils vont déménager. Raymond, le fils né en 1909 à Douarnenez, est opérateur de cinéma, comme son frère Roger, né en 1910 à Rennes, idem pour l'autre frère Achille. Louis Coutaret, directeur du Casino, est élu conseiller municipal à Puteaux sur une liste socialiste en 1925 et en 1929. Plus tard, en 1933, il lance L'Aviatic Cinéma au Bourget.

Le décès de Louise Watrin le 28 mai 1936 à son domicile 10 rue Rigaud, au Bourget, va faire l'objet de plusieurs publications. Son corps sera rapatrié en Bretagne à la gare de Brest et la cérémonie se déroulera à l'église Saint-Martin. Elle est inhumée au cimetière de Brest.

Décès de Louise Watrin 2 juin 1936 La Dépêche de Brest


 

Raoul Watrin (1890-1963)

Raoul Watrin, fils de Jean-Louis Watrin et Céline Munier, est né le 3 novembre 1890 à Château-Thierry dans l'Aisne.

Raoul Watrin, recensement militaire. 1910

Raoul travaille sur les fêtes foraines avec son frère Léon. Ils ont un manège appelé "La Chenille". 

Raoul est décédé le 11 janvier 1963 à Concarneau à l'âge de 72 ans.

 

Laurence Watrin (1895)

Laurence Hélène Watrin est née le 13 octobre 1895 à Baccarat en Meurthe-et-Moselle. Elle se marie avec Raoul Mottard, né sur le Champ-de-Foire à Tours en 1890 et décédé à Pleubihan le 28 avril 1956. Son mari est marchand forain et Laurence Watrin deviendra artiste de théâtre.

 

Léon Watrin (1886-1946)

Léon Auguste Watrin, né le 23 décembre 1886 à Gondecourt (ou Conflans-Jarny, près de Metz??) en Moselle, a toujours vécu dans le monde forain avec ses parents d'abord. (voir plus haut l'histoire de son père Jean-Louis Watrin)

Au décès de son père en 1908, il reprend l'activité. Par exemple le 10 juin 1913 à Rennes, Ouest-Eclair mentionne le cinéma ambulant de M. Watrin (Léon) sur le Mail. Il se marie le 1er février 1910 à Landerneau (Finistère) avec Léonie Mottard (1888-1958).


Le couple aura deux enfants, Georges (né en 1910) et Nadia (née en 1914).

Au moment de la Guerre 14-18, Léon Watrin est incorporé dans le 19e régiment d'Infanterie et ensuite il est désigné comme metteur au point chez l'aviateur Blériot qui travaille pour l'aviation militaire à Buc. 

Après la guerre 14-18, Léon Watrin songe à créer une attraction nouvelle. Pour cela il observe les jouets d'enfants et comme Léon Watrin est un chercheur inventif, maitrisant parfaitement les secrets de l'électricité, il va mettre au point Le moulin hanté, Le skid, Les glissades suédoises, L'autodrome, Le radio-skooter.

L'attraction des glissades suédoises est opérationnelle dans les années 20. Elle est mentionnée sur le Champ-de-Foire de Lamballe le 20 juin 1927. L'autodrome Watrin est une attraction très en vogue à la foire du Champ-de-Bataille de Brest en décembre 1929. A Saint-Nazaire en septembre 1931, M. Watrin est là avec son Radio-Car, The Bobsling et le Skid.

Dans le Journal Républicain de Morlaix, on signale le 30 septembre 1933 à la Foire Haute de Morlaix Place des jacobins L. Watrin avec "Le train fantôme" et Place Cornic avec l'autodrome. 

Dans les années 40, comme à la Foire du Liège à Dinan en 1943, Léon Watrin est présent avec La Chenille.

Léon Watrin vend certaines attractions en Angleterre où la construction est réputée et met au point une nouveauté pour la grande Exposition internationale de Paris.

Ce passionné travaille parfois jusqu'à 16 heures par jour mais n'abandonnerait son métier pour rien au monde.

Léon Watrin décède le 12 février 1946 à Rennes. 


 

4ème génération

Nadia Watrin (1914-1999)

Nadia Suzanne Watrin est née le 15 octobre 1914 à Le Relecq-Kerhuhon dans le Finistère. Elle est la fille de Léon Watrin (né en 1886). Elle se marie à Douarnenez en août 1935 avec M. Chevalier. Elle est décédée le 9 avril 1999 à Concarneau (29).

Mariage Nadia Watrin 14 août 1935

 


Georges Watrin (1910-1989)

Georges André Watrin est né le 30 (ou 31) octobre 1910 à Auray dans le Morbihan. Il est le fils de Léon Watrin (né en 1886).

Georges Watrin s'est marié avec Gabrielle Georgette Audroin

En 1947, on possède une trace d'archive de Georges Watrin avec son radio-skooter à la Fête foraine de Dinan, sur la Place Duguesclin.
Les autres industriels forains bien connus dans le secteur sont également présents. Le long de la rue du tribunal on a : N° 23
Radio-Skooter Watrin, n°28 chevaux de bois, n°8 chenille enfantine, , n°4 Le dragon, chenille, n°3 Le cyclone, en bas en partant de la gauche stand de tir, loterie, manège,  sous le n°20, M. Winand ; Train du plaisir, Audroin, Salvat loterie Le Chat botté, M. Pasquier jeux mécanisés ; tout à fait à droite n°1 Radio-Skooter Hoffmann.

1947 Dinan Place Duguesclin. Publié sur le Facebook Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs

G.Watrin à gauche et M. Audrouin à droite. 9 janvier 1959 Ouest-France
 

En janvier 1959, on trouve Georges Watrin, à la tribune d'une réunion syndicale des industriels forains à Rennes. M. Watrin a exercé la fonction de délégué régional et d'administrateur du syndicat. Il sera toujours très présent dans les réunions syndicales en Bretagne.

Watrin. Ouest-France 1971

Sur la photo ci-dessus, tout à fait à gauche, on le retrouve en 1971 à Dinan lors d'une réunion avec ses collègues industriels forains.

En juin 1960, M. Georges Watrin et Charles Janselme sont les deux assesseurs de la réunion syndicale qui se tient à Saint-Brieuc. On note à cette réunion que depuis mai 1960, tous les forains ont droit à la carte d'identité nationale même s'ils n'ont pas de domicile fixe.

23 juin 1960 Ouest-France

 

A Loudéac en 1955

 

Une nouvelle attraction pour la foire de Loudéac avec le Cyclone de M. Watrin, un habitué de la fête.

M. Watrin au montage de son Cyclone. 9 avril 1955 Ouest-France

G. Watrin pour la foire de Rennes 7 août 1960, publication dans "Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs"

Des communions à Saint-Brieuc en 1955 et 1961.


Communion Watrin 18 juin 1955 Ouest-France
 

En juin 1955, Gilbert et Daniel Watrin font leur communion à la chapelle de Nazareth à Saint-Brieuc avec leurs camarades Daniel Dauvier et André Audroin, Mariannick et Joëlle Briand. Chantal Watrin figure aussi sur la photo. Gilbert Watrin et Joëlle Briand ne le savent pas encore mais en avril 1966, ces deux-là seront mariés à Dinan !

Quelques années plus tard, en juin 1961, c'est au tour de Chantal-René Watrin de faire sa communion solennelle, tandis que Monique Dauvier, Josette Briand et Marie-Claire Figuier effectuaient leur confirmation


 

Grande fête à Morlaix. 1955

En septembre 1955, dans le quartier de Saint-Mathieu, on se prépare aux grandes fêtes. L'autodrome Watrin est en plein montage et un bal clôturera la fête le lundi sur cet autodrome.

Montage de l'Autodrome Watrin. 29 septembre 1955 Morlaix. Ouest-France

 

Un match de foot à Dinan en 1961

Il est habituel qu'à la fin des foires du Carême à Dinan, les vétérans du stade dinannais rencontrent l'association Sportive des Forains en faveur d'une bonne oeuvre, le Bureau d'Aide sociale. En mars 1961, l'équipe des forains est composée de Fouillen, Audroin, Janselme, Malmanche, Bozec, les quatre frères Musset et de Watrin.

 

Les forains sur la Place de Robien en 1967

 

Sur ce plan établi par la municipalité de Saint-Brieuc pour indiquer le placement des marchands forains en 1967, on découvre les noms des habitués des fêtes foraines du quartier de Robien : Tricoire, Hoffmann, Mouton, Figuier, Watrin avec son auto-skooter...

 

Foire de Vitré 1969

En 1969, à la Foire Saint-Georges de Vitré on retrouve la famille Watrin avec l'auto-scooter.

Auto-skooter Watrin à Vitré 1969 photo Ouest-France publiée dans "Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs"

 

Foire du Liège à Dinan 1971

Ci-dessous un ticket pour des réductions à la Foire du Liège de Dinan en 1971 avec les autos-skooter Watrin. Document envoyé par Lorette Lafosse et publié dans le Facebook "Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs".

 

Pendant la fête foraine de l'hiver 1975-1976, Gilbert Watrin est enregistré avec son auto-skooter (qui sera vendu à cette époque à Michel Escroignard). Gabrielle Watrin tenait un stand de loterie pour enfants.

Photo, de l'auto-skooter au Parc des promenades à St Brieuc, parue dans Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs.


 En juin 1973 à Saint-Brieuc, Édouard Quemper, premier-adjoint, coupe le ruban de la fête foraine sur la place de la Liberté, sous la conduite de M. Watrin, président des industriels forains.

M. Watrin à droite. Saint-Brieuc 12 juin 1973 Saint-Brieuc

 

Voici une caricature de M. Watrin parue dans la page de Ouest-France édition de Morlaix en novembre 1973. La légende dit : "Une des figures les plus populaires chez les forains, M. Georges Watrin"

Georges Watrin 22 novembre 1973 Morlaix

 

5ème génération

Sur le Champ-de-Mars à Rennes. 1971

Deux articles de Ouest-France font la part belle à la jeune génération d'industriels forains. Gilbert Watrin en fait partie.

Gilbert Watrin en 1971

Gilbert Watrin à l'arrière plan, avec ses collègues en décembre 1971

Sur la gauche l'auto-skooter Watrin. Photo Musée de Bretagne

Ci-dessus, une photo de Charles Barmay sur la fête foraine du Champ-de-Mars de Rennes en janvier 1963, avec sur la gauche l'auto-skooter Watrin. 

 

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter sur la famille Watrin et les familles d'industriels forains de Bretagne, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page. 

 

Ci-dessous, deux adorables enfants accompagnant l'article sur Léon Watrin à Brest en 1937... Qui les reconnait ? Merci d'utiliser le formulaire de contact.


 

A suivre, d'autres familles d'industriels forains 

en Bretagne :

 

La famille Audroin, cliquer ici

La famille Chira, cliquer ici

La famille Coéffic, cliquer ici

La famille Descamps, cliquer ici

La famille Drouet, cliquer ici

La famille Figuier, cliquer ici

La famille Greneux, cliquer ici

La famille Hoffmann, cliquer ici

La famille Mouton, cliquer ici

L'histoire de Romain Mouton, appelé le Père Mouton, cliquer ici

 

 

Pour lire l'article sur les Fêtes foraines à Robien et dans le secteur de Saint-Brieuc, cliquer ici

 

Pour retourner au sommaire du blog, cliquer ici

 

Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France et du Télégramme. 

Sur Généanet, Georges Watrin, cliquer ici

Sur Généanet, Léon Watrin, cliquer ici

L'histoire du cinéma à Saint-Brieuc, blog de l'histoire de Robien, cliquer ici

Raoul Watrin, recensement militaire, cliquer ici 

Sur Généanet, Laurence Watrin, cliquer ici

Sur le site le Maitron, Louise Watrin mariée à Gaston Coutaret, cliquer ici

L'histoire de L'Aviatic Cinéma, cliquer ici

L'arrivée du cinéma à Morlaix. 1895. Emmanuelle Danielou. Cliquer ici 

Facebook "Forain d'autrefois", cliquer ici 

Facebook "Fêtes foraines de Bretagne et d'ailleurs", cliquer ici

Jean de Trigon. Morlaix avant la guerre. Souvenir d’un morlaisien. Imprimerie de la Presse libérale, 4 rue du Château, Brest. 1937

 

 

mardi 2 janvier 2024

Romain Mouton (1850 Lafrançaise-1941 Saint-Brieuc), directeur de cirque et de théâtre ambulant.

 

Le Père Mouton en 1939

Dans les années 1920-1930, à Saint-Brieuc, quand venait le temps des fêtes foraines sur le Champ-de-Mars ou à Robien, on ne pouvait pas manquer le Père Mouton, « canne à la main, en gilet de laine et casquette à visière de cuir », allant de voiture en voiture. Il était aussi très connu pour tenir une baraque à frites, avec sa femme, dans le square devant la Gare.

Le Père Mouton à l'âge de 87 ans

 
La famille de Romain Mouton

Par différentes recherches (dans l’état civil du Tarn-et-Garonne et sur des sites de généalogie), on découvre que Romain Mouton est né le 28 février 1850 à la maison du sieur Delprat, père aubergiste dans la Grand-rue de la ville de Lafrançaise, proche de Montauban, sans doute au hasard d'une tournée du Théâtre ambulant de la famille. 

 

Romain Mouton. Acte de naissance. 1850

 

Son grand-père est Louis Joseph Mouton, déjà dans le milieu artistique et du théâtre. Louis Mouton jouait avec François Lamberty dans les années 1810-1835 (informations sur le Théâtre Lamberty ici ).

Son père est François Mouton, 22 ans, né à Angoulême (Charente), artiste ambulant d’agilité. Sa mère est Catherine Beaumestre, née le 17 avril 1825 à Rotterdam en Hollande, déclarée également comme artiste ambulante d’agilité. Elle est connue sous une autre identité respectant ses origines hollandaises : Catharina Fileberta Bouwmeester, artiste dramatique (1825-1885). Catharina est d'ailleurs décédée à Saint-Brieuc le 1er novembre 1885.

 

Romain Mouton est le frère d'Abel Mouton et donc l'oncle de Camille Mouton qui sera bien connu en Bretagne dans le monde forain avec son épouse, Marthe Calphas (doyenne des forains de Bretagne jusqu'en 1984 et dont le père était installé à Saint-Brieuc depuis 1914...(Article complet en cliquant ici)

Romain Mouton aura contracté deux mariages, le premier avec Octavie Recoursé vers 1870 mais son épouse décède à Redon (35) le 26 novembre 1879. Veuf, il se remarie le 7 septembre 1887 à Le Croisic (44) avec Marie Caroline Coué (1861-1950), artiste, née à Chaudefonds (Maine-et-Loire) le 13 octobre 1861.

1887 Mariage Romain Mouton et Caroline Coué.
 

Ci-dessous, photo de Marie Mouton. 

Ouest-Eclair 14 janvier 1939

Mme Mouton en 1939

Une carrière artistique

Romain Mouton était une personnalité singulière de la ville de Saint-Brieuc où il s'était installé en 1915. C'est pourquoi il avait fait l'objet d'un premier article de F. Geffrain dans l’édition du 23 janvier 1937 de Ouest-Eclair


Mme et M. Mouton devant leur boutique. 23 janvier 1937 Ouest-Eclair

Romain Mouton était alors âgé de 87 ans et on apprenait qu’il était le troisième de neuf enfants élevés dans le cirque. Il n'avait pas appris à lire, ce qui ne l'empêcha pas d'apprendre tous les rôles du répertoire théâtral dans des registres différents comme la comédie, le drame ou le mélodrame. Son père était clown en même temps que directeur d'un théâtre où l'on présentait aussi du théâtre.

Ci-dessous, cette photo du Théâtre Mouton au 19e siècle a été publiée par Jean-Pierre Bernardon dans le Facebook "Forain d'autrefois" en novembre 2023.


M. Mouton a exercé comme directeur d'une troupe d'acteurs pendant plus de cinquante années. « Dans la famille, il fallait être artiste lyrique ou dramatique et acrobate », avait-il expliqué. La famille donna des représentations dans toute la France, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Belgique.

 

Romain Mouton, acteur de cinéma

Il a été aussi acteur de cinéma avec le rôle du père Morellec, un vieux pêcheur dans "Retour à la vie", un film muet de Jacques Dorval de 1923, avec en vedette l'actrice Colette Darfeuil. ce film raconte l'histoire du compositeur Michel Trévick et de sa sœur Maud, en vacances en Bretagne, qui se lient d'amitié avec un jeune violoneux amnésique recueilli par un vieux pêcheur, Morellec (joué par Romain Mouton).

Romain Mouton, dans le film Retour à la vie. Photo Jean-Pierre Bernardon


Il joue le personnage du maire dans "La Brière", un film muet de Léon Poirier, sorti en 1925, d'après le livre de M. Alphonse de Châteaubriant.

A rectifier, 75 ans et non 80 ans en 1925.

Tournage du film La Brière, image Ciné-miroir 1er août 1924.

Film La Brière 1924. Site Wikipédia

 

Un troisième rôle lui est donné dans "Pic le rétameur".

 

 

Romain Mouton, philosophe

Une vie bien remplie : acrobate, comédien, artiste de cinéma, écuyer, dresseur d'animaux, professeur de gymnastique, commerçant...

Romain Mouton avait aussi sa petite philosophie de la vie :

 

"J'ai tout fait mais j'ai oublié de faire fortune ! "

 

"Les gens ne comprennent pas assez ces paroles sublimes : Aimez-vous les uns les autres". 

 

Cette dernière phrase sur l'amour de son prochain montre l'attachement de Romain Mouton aux valeurs chrétiennes. Et, encore un aspect original du personnage, on trouve inscrit en 1929 dans le bas de la page 15 du registre des membres de l’Église protestante de Saint-Brieuc et aussi en 1930 : "M. Mouton, confiserie de la Gare". 

Registre 1930. Paroisse protestante de Saint-Brieuc.

 

 

Les dernières années et le décès du père Mouton

Un journaliste attentif de Ouest-Eclair évoque ainsi les dernières années du Père Mouton à Saint-Brieuc :

"On aimait ce vieillard sympathique et on lui réservait une bonne place au spectacle en qualité de doyen. Il avait conservé sa lucidité, sa bonne santé et sa bonne humeur. Dans le quartier de la Croix-Mathias, où il s'était retiré en dernier lieu, il ne manquait pas de bavarder longuement avec deux de ses bons camarades : M. Jean-Baptiste Illio, ancien conseiller municipal et M. Blanvillain, professeur du Lycée en retraite, amis de la famille. Toutes les nouveautés du Théâtre l'intéressaient, mais malheureusement son grand âge ne lui permettait plus de suivre attentivement les tournées de notre théâtre. Il y a quelques mois, il faisait remarquer à ses amis du quartier qu'il se tenait encore bien à bicyclette.

En décembre 1939, le Père Mouton part à Concarneau dans le département du Finistère qui est cher à la famille : "Notre père est mort à Quimper en 1874. L'évêque de Quimper tint à célébrer lui-même la messe d'enterrement. Mon frère Pierre est mort aussi à Quimper (en 1935). Mon beau-frère, qui était violoniste remarquable, est enterré à Concarneau. Eh bien je serai enterré à côté de lui. Mais le plus tard possible tout de même !" pouvait-on lire le 14 janvier 1939 dans un entretien donné à Ouest-Eclair.

A Concarneau Romain Mouton retrouve sa soeur, "Mme Lejeune, qui porte si bien son nom malgré ses soixante-dix ans". Elle fut première chanteuse, tandis que son mari était chef d'orchestre. Elle a dix-neuf ans d'écart avec son frère et tous les deux sont alors les deux seuls survivants de la fratrie de neuf enfants.

Finalement, Romain Mouton et son épouse quittent Concarneau et reviennent à Saint-Brieuc. C'est là qu'il décède en 1941 (sans doute le 11 octobre) et cette nouvelle suscite une émotion particulière. Le 14 octobre 41, l'édition de Ouest-Eclair, en page Saint-Brieuc, fait le gros titre sur cette disparition. Mais d'autres articles sont publiés dans les pages de Rennes, Le Mans et Caen car il avait laissé de bons souvenirs dans tout le grand Ouest.


Le Père Mouton dans les mémoires

Une quinzaine d'années après son décès, son histoire beaucoup plus complète est racontée dans l’édition de Ouest-France du 17 juin 1954 : « Il tenait une boutique dans la rue de la Gare, dans le square municipal. Lors des fêtes foraines, il s’en allait sur le Champ de Mars saluer ses petits amis, les enfants de ses amis et de ses collègues. Il leur donnait « des leçons de conduite », le sourire toujours paternel, la casquette bien droite, la fameuse chaine de montre avec breloques-souvenirs bien en évidence.
Romain Mouton, dernier des « Romain » (comme il aimait à le dire) avait vu le jour dans la Tarn-et-Garonne et son épouse était angevine.

Tous les parents de Romain avaient été artistes forains, de père en fils. L’ancêtre débuta sous François 1er, en 1524, comme bateleur, acrobate de l’époque. A 5 ans, Romain paraissait sur les planches et gagnait sa vie comme ses frères et sœurs.
La Guerre de 1870 ruina le cirque Mouton, et, en 1871, le père de Romain vendit ses chevaux, monta un théâtre et prépara le drame et la comédie.
En 1874, Romain prit la direction de la troupe avec sa mère pour tenir les rênes pendant 50 ans, semant partout la générosité à l’égard notamment des Bureaux de bienfaisance ("J’ai donné plus de cent représentations au profit des oeuvres de bienfaisance, pour les sinistrés lors d’incendies ou d’inondations et je versais un dixième de la recette au bureau de bienfaisance des villes traversées" ). En 1887, Romain épousait son élève de gymnastique et lui apprenait la comédie.


La troupe fut dissoute lors de la mobilisation, à Quintin en 1914. Le Père Mouton obtint alors de M. Servain, maire, l’autorisation de monter une baraque à frites place de la Gare.


Mme Mouton y vendit un sou de frites et son mari des oranges.
M. Waron, maire, aida également M. Mouton à s’installer dans la baraque en planches (du jardin public de la gare) où il resta jusqu’à l’heure de la démolition...
».

Comme M et Mme Mouton habitaient et travaillaient en face de la gare, un endroit particulièrement en vue, tout le monde les connaissait.

Les briochins appréciaient beaucoup les frites vendues en cornet de Mme Mouton. On y trouvait aussi des oranges et des confiseries !

Leur baraque en planches, que M. Mouton avait construite de ses mains, était singulière. Après leur départ, elle fut d'ailleurs achetée par la Ville et transportée sur un autre terrain municipal.


Des traces du Père Mouton au square de la gare autrefois...

Il faut avoir de bons yeux, mais les deux personnes au premier plan dans le square devant la gare sont assurément M et Mme Mouton !


Sur cette autre photo ancienne, du début des années 40, sur la droite du square devant la gare de Saint-Brieuc, on voit une maison dans le style des chalets en bois. On pourrait se demander si c'est l'habitation de la famille Mouton, mais elle est manifestement beaucoup trop imposante quand on revient sur la construction de ce qui n'était qu'une baraque...



En effet, l'histoire est racontée dans le compte-rendu fait dans la presse en mars 1924, au moment où le conseil municipal veut créer un square en face de la gare, le terrain est occupé par deux établissements : le Foyer du Soldat et la Confiserie Mouton.

M. Mouton occupe l’angle du terrain, que constitue le square, avec un baraquement léger, depuis de nombreuses années. M. Mouton propose que ce baraquement devienne une sorte de kiosque qui s’appuie sur le mur de séparation de la caserne en bordure de rue. 

Registre du Conseil Municipal 24 février 1924

Le Conseil municipal, considère que « M. Mouton, jouissant de l’estime générale, son petit commerce rend des services dans le quartier, il pourrait en même temps se charger de la surveillance du square. La commission est d’avis que l’on peut avec ses arrangements, lui continuer la tolérance dont il profite, mais à condition d’être provisoire et de pouvoir être rapportée à tout instant et sans aucune indemnité. » (Ouest-Eclair, 3 mars 1924, compte-rendu du Conseil du 24 février)

Le bail précaire (qui durera une quinzaine d'années!) accordé à M. Mouton aura permis de mettre une touche particulière de vie dans ce quartier de la gare, autrefois très animé.  

 

Des descendants de la famille Mouton 

On ne connait pas bien la descendance de Romain Mouton. On sait que se son premier mariage, il aurait eu une fille, Louise Françoise née en 1875. De son deuxième mariage, il aurait eu trois autres filles Félicie Antonia née en 1881, Louise et Marie-Louise.

Toute l'histoire de la famille Mouton, industriels forains en Bretagne, est racontée dans un long article à retrouver en cliquant ici

Et l'histoire du neveu de Romain Mouton, Camille Mouton, ainsi que de son épouse Marthe, est racontée dans un autre article complet. Cliquer ici

Mme Camille Mouton et ses descendants. 31 août 1957 Ouest-France Châteaulin

 

Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter sur la famille Mouton, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

Des articles pour prolonger cette lecture :   

Marthe Mouton, née Calphas, épouse de Camille Mouton, cliquer ici

La famille Mouton, industriels forains en Bretagne, cliquer ici

Les cirques sur la place de Robien (1933-1961), cliquer ici

 

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Généalogie familiale de Romain Mouton.

Parents :

Le père de Romain Mouton est François Mouton, né le 17 août 1826 à Angoulême (Charente), artiste ambulant d’agilité, directeur de théâtre ambulant, décédé le 14 août 1875 à Quimper.

Catherine Beaumestre, née le 17 avril 1825 à Rotterdam en Hollande, artiste ambulante, mariée avec François Mouton, décédée Place Duguesclin à Saint-Brieuc le 1er novembre 1885, à l’âge de 60 ans. La Place Duguesclin était à l'époque le lieu où se produisaient les cirques et où se trouvaient les caravanes des artistes ambulants.
 

Les frères et soeurs de Romain Mouton 

Joséphine Mouton, née le 5 juillet 1846 à La Rochelle en Charente, artiste d’agilité, mariée avec Edouard Rougeul à Dinan, décédée le 17 décembre 1900 à Villiers Charlemagne en Mayenne, cliquer ici.

Jeanne, Marie Louise Mouton, née le 16 septembre 1848 à Toulouse en Haute-Garonne, mariée avec Francis Wilkes Beedle à Dinan le 6 mars 1872. Son mari est d’origine anglaise et il exerce comme gymnasiarque (professeur de gymnastique), cliquer ici.

Romain Mouton, né le 28 février 1850 à Lafrançaise dans le Tarn-et-Garonne. Sa date de décès n'a pas encore été trouvée mais elle est très proche du 11 octobre 1941 car le premier article à en parler est daté du 12 octobre.

Marie Louise Mouton, né le 25 mars 1858 à Poitiers dans la Vienne, mariée avec François Alciati à Rennes, cliquer ici

Pierre Victor Mouton, né le 12 avril 1861 à Brossac (Charente), marié avec Françoise Berthelot à Rennes, décédé en 1935 à Quimper, cliquer ici

Abel Édouard Mouton, né le 16 août 1863 à La Couronne (Charente), cliquer ici

Hélène Louise Mouton, née le 3 septembre 1868 à Jarnac (Charente), artiste lyrique, cliquer ici

Félicie, 1887, à Niort (en mention dans la marge sur l'acte de mariage), une autre source indique 1869-1940...


 

Sources

Archives du Tarn-et-Garonne en ligne, acte de naissance 1850, cliquer ici

Acte de mariage, commune de Le Croizic, cliquer ici

Site Généanet, fiche sur Romain Mouton, cliquer ici 

Site Généanet, fiche sur Catherine Beaumestre (Catharina Fileberta Bouwmeester), cliquer ici

Compte-rendu du Conseil municipal du 24 février 1924, site des archives municipales en ligne, vue 280 dans l'année 1924.

Photo de la maison en bois devant la gare, vers 1940. Site des Collections du Musée de Bretagne, cliquer ici

Fiche sur le film "La Brière" avec M. Mouton dans la liste des acteurs, cliquer ici

Site de Joseph Lohou, histoire de Callac, cliquer ici

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...