mardi 4 juillet 2023

Édouard Prigent, homme politique et de culture, 5 rue de l'Ondine, quartier de Robien à Saint-Brieuc

 

Portrait d’Édouard Prigent 1919-1992
 


Édouard Prigent

Édouard Aimé Marie  Prigent est né le 20 mai 1919 à Kerverbel en Saint-Martin-des-Prés (22) où son père était couvreur.

Prigent. Acte de naissance. 1919


Il fait ses études au Lycée Anatole Le Braz à Saint-Brieuc puis à la Faculté des Lettres de Rennes. Il est mobilisé et fait prisonnier en juin 1940, s'évade puis est repris.

Démobilisé, il enseigne à Valognes dans la Manche à partir d'octobre 1943. C'est là qu'il rencontre Étiennette Rilliot avec laquelle il se marie le 22 février 1945 à Boutteville, dans la Manche.

Le couple décide de s'installer en Bretagne, un retour pour Édouard Prigent qui est nommé à Saint-Brieuc en octobre 1945. Il prend une année de congés pour passer l'agrégation de grammaire à laquelle il est reçu second en 1947.

Enseignant de Français aux Lycées Le Braz, Renan et Rabelais, il aura formé des centaines de jeunes briochins pendant ses 35 années de carrière avant de prendre sa retraite en juin 1977. 

25 juin 1977 Ouest-France

"Celui que ses élèves appelaient affectueusement "Doudou" reste dans la mémoire de nombreux briochins. Claude Saunier, ancien maire de la Ville, est l'un d'eux. Il se souvient particulièrement du cours qui a suivi le décès de l'acteur Gérard Philippe... Tous gardent en mémoire l'attention extrême qu'il leur portait. "Ce qu'il nous a appris, c'est la rigueur de la pensée, la limpidité de l'expression". Reste aujourd'hui le souvenir de sa modestie, de sa sensibilité, de sa profonde humanité." (Extraits de l'édition de Ouest-France du 3 mars 1992)

 

Edouard Prigent. Photo Ouest-France

 

Le jeudi 13 février 1992, Édouard Prigent avait programmé bien à l'avance, à la Maison du Peuple, une conférence sur l'histoire des rues de Saint-Brieuc. Mais, hospitalisé pour être soigné d'une angine de poitrine, ce projet n'aboutit jamais et c'est le 14 février 1992 à Saint-Brieuc que s'éteint Édouard Prigent à l'âge de 72 ans.

 

Édouard Prigent, un homme engagé

Édouard Prigent était une figure locale, connu pour son engagement au Parti  communiste dont il est membre de la direction départementale de 1948 à 1962.

C'est donc sous l'étiquette communiste qu'il se présente à plusieurs élections comme par exemple aux cantonales de mars 1949, d'octobre 1951, d'octobre 1958 et de juin 1961. 

Il devient conseiller municipal dès 1947 et jusqu'en 1977, on le retrouve la plupart du temps adjoint au maire de Saint-Brieuc.

Il est également maire par intérim après le décès d’Antoine Mazier de décembre 1964 jusqu'aux élections de mars 1965. 

Au moment de son décès en 1992, le Parti Communiste  organise une cérémonie à la Maison du Peuple, un lieu qu'il affectionnait particulièrement.

La Ville de Saint-Brieuc, de son côté, a voulu lui rendre hommage en donnant son nom à un boulevard en 1992. 

3 mars 1992 Ouest-France

L'inauguration de ce boulevard partant de la Croix-Mathias est malheureusement ternie par l'absence de Mme Prigent qui n'avait été invitée ni à la séance du Conseil municipal sur le sujet, ni à l'ouverture du boulevard.

24 décembre 1992. Ouest-France

Cette "bévue" de la municipalité a causé un certain émoi dans le quartier de Robien ainsi que de la colère...

26 décembre 1992 Ouest-France

Les excuses de la municipalité n'y changeront rien...

 

Plaque du boulevard Edouard Prigent à Saint-Brieuc. Photo RF 2023

 

Édouard Prigent, homme de culture

Édouard Prigent était un professeur et un homme de culture qui donnait des conférences pour partager sa passion de la littérature : "Saint-Brieuc dans l'oeuvre de Louis Guilloux" 1957, "La littérature et la mer" 1960, "Le surréalisme", "Georges Palante"...

E. Prigent 8 novembre 1990 Ouest-France

Édouard Prigent est un spécialiste de l'oeuvre de Louis Guilloux dont il avait découvert La maison du Peuple, en classe de Seconde grâce à son professeur au Lycée Le Braz. En 1935, il ne manque pas la sortie de Le Sang Noir

Quand il revient à Saint-Brieuc en 1949, il se met à lire les autres ouvrages de Louis Guilloux et propose une conférence sur "Saint-Brieuc dans l'oeuvre de Louis Guilloux". L'écrivain n'est pas présent mais son épouse et sa fille sont dans la salle. "Dès le lendemain, il m'attendait à la sortie du Lycée. Ce fut le début d'une amitié qui dura jusqu'à sa mort. Je le voyais assez souvent quand il n'était pas à Paris. Il me téléphonait. Il parlait de ses projets et des évènements. Il était très préoccupé par la guerre, la crise, la guerre froide, l'Indochine, l'Algérie. Il était assez désespéré devant ce qu'il concevait comme des échecs de l'humanité pour parvenir à un monde meilleur." raconte Édouard Prigent.

22 janvier 1957 Ouest-France

 

Édouard Prigent a publié plusieurs ouvrages dont celui sur   Louis Guilloux en 1972 aux Presses Universitaires de Bretagne. Cet ouvrage de référence a inspiré bien des auteurs par la suite.


Un autre ouvrage intitulé Les rues de Saint-Brieuc chantent la Révolution a été publié en 1989.


Édouard Prigent y recense une quarantaine de rues, boulevards ou places ayant trait à la Révolution de 1789.

Le premier outil de travail d'Edouard Prigent : le plan de Saint-Brieuc.

C'est un livre conçu pour pouvoir déambuler dans les rues, un plan à la main, tout en faisant un bond dans l'histoire passée. Cette promenade est illustrée par des documents des Archives municipales.

12 et 13 août 1989. Le Télégramme


Édouard Prigent avait aussi des talents de conteur. Très sensibilisé par les contes populaires, il mettait sur le même plan le Français, le Breton et le Gallo.

 

Document

En 1949, la Municipalité de Saint-Brieuc décide de supprimer sa subvention pour la saison lyrique. Édouard Prigent monte au créneau, en tant que Conseiller municipal d'opposition, dans une tribune libre dans le journal du Parti Communiste, L'Aube Nouvelle (18 juin 1949). Extraits :

"On sacrifie le théâtre lyrique ? Et pourquoi pas les pelouses, les jardins, la bibliothèque et les congés payés? ... On objecte les difficultés financières de la cité ? Et les difficultés des artistes et des professionnels du théâtre ?... C'est ainsi que l'on organise en France une crise de l'art dramatique qui est une attaque à la Patrie et à sa grandeur...

Une fois de plus apparaissent, de façon criante, les méfaits de cette politique qui tend à l’abrutissement de la nation."

 

Édouard Prigent à Robien

Au 5 rue de l’Ondine, on peut alors apercevoir une maison de style néo-normand avec un mélange de faux pans de bois en béton peint et de pierres apparentes en granit rose : c’est la maison qu'ont fait construire M et Mme Rilliot en 1937, beaux-parents d’Édouard Prigent. C'est là que ce dernier choisit de venir habiter avec sa famille en 1953.

Maison Prigent 5 rue de l'Ondine. Photo RF

 Edouard Prigent dans son bureau. Photo Gilbert Coutelier. Bretagne Plus

Dans le quartier de Robien, Édouard Prigent a pris une place importante en 1949 dans la lutte des lavandières du Carpont. (article à retrouver en cliquant ici ). Sur le même sujet, avec le Docteur Rahuel, il a interpelé très concrètement les élus sur la qualité de l'eau au niveau du Moulin au Chaix. Leurs habitants "ont rempli quelques bouteilles avec cette eau nauséabonde, et plusieurs membres du Conseil municipal, invités à mettre leur nez dans le goulot, n'ont pu supporter sans défaillir, de respirer plus d'une bouffée de ce liquide infect." (Ouest-France 18 juin 1952)

Édouard Prigent a été par ailleurs le Président de l'Association des Parents d'élèves des écoles de Robien dans les années 60. Cela lui permettait d'être au plus près des préoccupations quotidiennes des habitants comme on le découvre dans le compte-rendu d'une visite effectuée par M. Poupard, maire de Saint-Brieuc, à l'école de filles et à la maternelle de Robien. Édouard Prigent, en tant que Président, Louis Cabon, secrétaire et Mmes Daoulas et Lavanant, du bureau, ont pu à cette occasion faire entendre leur suggestions et revendications. (Ouest-France 5 février 1960)


Sources

Photo et informations du site Le Maitron, excellent site sur le mouvement ouvrier et social.

Articles de Ouest-France, 22 janvier 1957, 22 décembre 1960, 25 juin 1977, 13 juillet 1989, 8 novembre 1990, 19 février 1992, 3 mars 1992, 24 et 26 décembre 1992.

Article du Télégramme, 12 et 13 août 1989.

Entretiens et correspondances avec Christian Prigent.

 

A consulter

L'histoire du Parti Communiste à Robien, cliquer ici

Christian Prigent, écrivain, cliquer ici

 

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