vendredi 3 février 2023

Jean Laurent et Yves Laurent successeur, entreprise de bâtiment, boulevard Hoche à Saint-Brieuc

 


 

Archives municipales. Fonds Faure

 

L'entreprise de bâtiment Laurent s'est constituée à Saint-Brieuc avec à sa tête Jean Laurent dont le successeur sera son fils Yves Laurent.

Jean Laurent était connu comme propriétaire de carrières au niveau de la vallée de Gouédic et du Tertre de Robien, depuis au moins 1889, et un peu plus tard comme entrepreneur. 

Les autres fils de Jean Laurent, Henri et Alphonse Laurent ont repris la scierie de Mafart Aîné, dont leur père était devenu propriétaire.

 

Dans la presse

 

Les accidents du travail sont fréquents dans le bâtiment et c'est ainsi qu'entre 1924 et 1926, on peut retrouver des traces de l'entreprise de travaux de M. Laurent à Saint-Brieuc. Les ouvriers qui sont cités sont : Valentin Richet, Jean Corlay,Yves Le Moal, Marcel Troadec, Lucien Cocheril et Yves Denoual.

 

26 décembre 1924 Ouest-Eclair


 

1er janvier 1925 Ouest-Eclair

 

30 décembre 1925 Ouest-Eclair

16 mars 1926 Ouest-Eclair


 

Marcel Troadec, 18 ans, 22 septembre 1926

 
4 septembre 1930 Ouest-Eclair

 

14 novembre 1930 Ouest-Eclair

 

Dans la presse, on trouve également de nombreuses annonces d'emplois recherchés par l'entreprise, en particulier des menuisiers et des tailleurs de pierres.


24 août 1930 Ouest-Eclair

 
15 février 1931 Ouest-Eclair

 

1er août 1932 Ouest-Eclair

 

7 novembre 1935 Ouest-Eclair

 

Localisation de l'entreprise Laurent

 

Dans un premier temps, l'entreprise semble avoir été domiciliée au 22 rue Gourien, domicile familial des Laurent.

Jean Laurent dirige ce qui est appelé une entreprise générale qui fait le commerce de matériaux utiles dans le bâtiment et emploie différents corps de métiers : tailleurs de pierre, plâtriers, maçons, menuisiers... 

L'entreprise Laurent ne construit pas que des maisons, c'est par exemple elle qui est choisie en 1908 pour l'édification de l'église de Robien, sur des plans de M. Courcoux.


 

Dans un second temps, le chantier de la rue Gourien devient une annexe et le chantier principal est installé dans le boulevard Hoche, dans le quartier de Robien, jusqu'en 1935.

 

En 1935 sous la Municipalité d’Octave Brilleaud, la Ville fait l’acquisition d’un terrain et de bâtiments le 11 juillet 1935 pour établir  le chantier dit « de Robien », situé entre le boulevard Hoche et la rue Guébriant. C'est le chantier d'Yves Laurent.

Une annonce passe dans la presse concernant cette vente le 7 juillet 1935.

Annonce. La Dépêche de Brest 7 juillet 1935

La description établie par le Service des travaux mentionne un ensemble de maison, bureaux et chantier d’une surface de 2 700 mètres carrés et d’une autre parcelle de 1 000 mètres carrés. Le tout appartient à Yves Laurent, entrepreneur, boulevard Hoche, au lieu dit « Les quartiers de Robien » à St Brieuc (section D, numéros 510 P et 511 P).

 

 

Des chantiers avec la Mairie et l'architecte Faure


L'entreprise Laurent obtient des chantiers avec la municipalité de Saint-Brieuc comme l'indique la facture ci-dessous datée de 1928 où Yves Laurent a effectué des travaux de serrurerie.

 

Facture mairie. Archives municipales 3L137


Les archives municipales conservent plusieurs documents qui montrent que l'entreprise travaille régulièrement avec l'architecte M. Faure. 

Le premier chantier dont on retrouve la trace est celui de la maison de M. Feurgard en 1924.

 

Fonds Faure. Archives municipales.

 

Le deuxième chantier concerne le presbytère de la paroisse Sainte-Anne de Robien avec la reconstruction des salles de catéchisme en 1928.

 


 

Sous la direction de l'architecte Lefort, l'entreprise Berhens-Laurent assure le gros oeuvre du nouvel externat du Lycée de jeunes filles de Saint-Brieuc appelé le Lycée Renan de nos jours. (Ouest-Eclair 1er septembre 1935)

 

Yves Laurent participe aussi à la construction de la maison Mafart rue Baratoux en 1929.

 

Fonds Faure 65 Z 42 Archives municipales

L'entreprise Laurent construit une maison chemin de Tréfois à Robien, en 1933-1934 pour Jean Flageul, employé aux Chemins de Fer, 56 rue Jules Ferry à Saint-Brieuc.

 

Maison Jean Flageul Archives municipales 2T28

 

Après le milieu des années 30, on perd la trace de l'entreprise générale Laurent après la vente du chantier du boulevard Hoche, acheté par la municipalité.

On peut se demander si l'entreprise Behrens, dont le nom est associé à l'entreprise Laurent de 1924 à 1935 dans des annonces publiques, n'a pas absorbé cette dernière.


1933 Archives municipales 2T28


Le 16 novembre 1937, Jean Laurent, à l'origine de cette entreprise, décède dans sa demeure rue Gourien.


Jean Laurent 18 novembre 1937 Ouest-Eclair

 
Le saviez-vous ?

De 1929 à 1932, Yves Laurent est le constructeur de l'église Sainte-Thérèse, sous la conduite de l'architecte James Bouillé de Perros-Guirec.

 

A lire 

Les carrières de granit dans le quartier de Robien, cliquer ici

Les frères Laurent, scierie mécanique et entreprise de bâtiment, cliquer ici

La famille Mafart, cliquer ici

 

Si vous avez des remarques ou d'autres renseignements sur l'entreprise ou sur la famille Laurent, merci d'utiliser le formulaire de contact. 

 

 

 

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Sources 


Archives de Ouest-Eclair


Archives municipales. Factures. Dossier 3 L 137.

Archives municipales. Fonds Faure 65Z42

Archives municipales. Permis de construire Jean Flageul 2T28

 

Site du greffe du tribunal, site en ligne

 


Les entreprises de matériaux et de construction dans le quartier de Robien.

Repères chronologiques.

 

 

Avant 1900

Briques et tuiles, Le Dû, boulevard Carnot

Carrière de granit, Le Bars, boulevard Carnot

 

 

1922 

Bois de construction : Sébert Léon, rue Jules Ferry ; A et H Laurent, rue Jules Ferry 

Briques et tuiles : Le Dû, boulevard Carnot

Cimentier : Zochetti Octave, 44 rue Jules Ferry 

Entreprise de bâtiment, Jean et Yves Laurent, boulevard Carnot (1924)

 

1932

Bois de construction et scierie, Chaux et ciment, Matériaux de construction : Laurent Louis, 14 rue Jules Ferry

Bois de construction, Robert Jean, 11 et 13 rue Luzel

Briques et tuiles, Le Dû, boulevard Carnot

Chaux et ciment, Matériaux de construction, Robert, boulevard Carnot

Cimentier, Entrepreneurs de bâtiment, Henri Rideau, 12 rue Jules Ferry

Cimentier, Zochetti Octave, 32 et 46 rue Jules Ferry

Entrepreneurs de bâtiment, Laurent, boulevard Hoche 

 

1934

Agglomérés, Chaux et ciment, Huet-Delafarge, 18 rue Jules Ferry

Agglomérés, Cimentier, Zocchetti, 32 rue Jules Ferry

Bois de constructionJean Robert , 11 et 13 rue Luzel ; Le Cornec, 14 Jules Ferry

Bois de construction, Matériaux de construction, Huet-Delafargue 18 rue Jules Ferry

Bois de construction, Scierie mécanique, Laurent frères, impasse Jules Ferry

Briques et tuiles, Le Dû, boulevard Carnot

Chaux et ciment, Matériaux de construction, Robert, boulevard Carnot

Cimentier, Entreprise générale de bâtiment, Henri Rideau, 12 rue Jules Ferry

Entreprise générale de bâtiment, Laurent, boulevard Hoche (vente en 1935 à la municipalité)

Scierie mécanique, Hue, rue Jules Ferry

 

1938-1939

Matériaux de construction, Robert, boulevard Carnot

 

1955

Bois de construction, négociant en bois, Jean Le Cornec , 40 rue Émile Zola

Bois de construction, E.Roy, bois, impasse Jules Ferry

Briques et tuiles, Matériaux de construction, Rivière-et-Letort, 5 rue abbé Garnier

Cimentier, fabrication d’agglomérés, Zochetti, 32 rue Jules Ferry

Couvreur, François Davy, 1 rue de Robien

Entreprise générale de bâtiment, Henri Rideau, boulevard Hoche

Entreprises générales de bâtiment : Société commerciale d’affrètement et de commission, charbon, bois, matériaux de construction, 12 boulevard Carnot ; Gélard François, rue de Tréfoix

Entreprise de travaux publics, Le Moullec, 36 rue Aristide Briand

Matériaux de construction : Gaudu, 18 Jules Ferry ; R.Hervé, 24 rue Jean Jaurès ; Le Cornec, 16 rue Jules Ferry

 

 

1973

Briques et tuiles, Rivière et Letort, Rue abbé Garnier

Couvreur, François Davy, 3 boulevard Carnot

Matériaux du bâtiment, Bolloré, 29 boulevard Carnot

Matériaux du bâtiment, matériaux, ciment, explosifs, Établissements Gaudu,  18 rue Jules Ferry

 

1980-1990

rien...

 

lundi 9 janvier 2023

Maurice Reux, musicien, chanteur, chef d'orchestre d'harmonie à Saint-Brieuc (1884-1956)

 

 

La famille Reux était établie rue Jules Ferry dans le quartier de Robien au début des années 1900. 

Maurice Reux est le plus connu de la famille car, en dehors de son métier de camionneur puis de gérant de l'entreprise de transport Reux, il était très impliqué dans le milieu musical. 

Retraçons la très riche carrière de cet homme de culture.


Maurice Reux Photo 1949. Ouest-France

 

L'Estudiantina. 1906

 

En 1906, Maurice Reux va créer à Saint-Brieuc l’Estudiantina.  C’est une société qui regroupe des jeunes, garçons et filles, aux multiples talents artistiques. Ce groupe se produit régulièrement pour offrir des moments de loisirs et de détente au public de St Brieuc et des alentours.


Maurice Reux s’y révèle, comme on peut le lire dans un premier article de Ouest-Eclair daté du 10 avril 1908 :

« Maurice Reux a dévoilé un impeccable talent de chanteur dans le grand air du Trouvère de Verdi. Sa voix vibrante et sonore, tour à tour puissante et caressante, a conquis la sympathie de l’auditoire, qui ne lui a pas ménagé les applaudissements…Une charmante comédie « Valse assise », jouée par M. Reux et Mlle Marguerite Lelay, en actes consommés, a terminé gentiment le soirée. »

 

La presse locale dresse le parcours du jeune et talentueux Maurice Reux.  Après avoir commencé fort jeune l’étude de la musique, c’est à l’âge de 18 ans, alors qu’il s’est engagé volontairement dans l’armée, qu’il se fait remarquer dans son régiment :

« M. Reux, dont le caractère aimable et les facultés d’assimilation se prêtent à tous les rôles, devint le premier comique de la troupe du régiment, composée en majeure partie d’artistes de talent et occupant maintenant des situations marquantes dans le théâtre. M. Reux fit des études de chant sous la direction de M. Henri Pégasse, professeur au Conservatoire de Verviers, et fut applaudi à Vannes, à Quimperlé, Dinan, Morlaix etc.

D’une grande activité, on le vit créer et diriger l’Estudiantina avec une activité des plus remarquables, et conduire sa petite troupe à Jersey, où il remporta de brillants succès au concours international.

M. Reux à Jersey, obtint en effet le 2e prix du concours des solistes chanteurs ; à Rennes le 1er prix de chant dans la section des barytons, le 2e prix de chant au concours d’honneur etc.

M. Reux est un véritable artiste, d’une compréhension artistique élevée, très sympathique et toujours très applaudi. »


 

Maurice Reux, debout à droite de la photo. Bibliothèque municipale St Brieuc

 

La presse ne tarit pas d’éloges envers M. Reux comme après un concert donné en janvier 1909 : « Félicitons d’abord le distingué directeur de la société M. Reux, pour le zèle et le dévouement avec lequel il inculque, à ces jeunes artistes, l’art musical qu’il possède lui-même à un si haut point, se prodiguant sans relâche pour procurer à la classe populaire briochine de saines et agréables distractions ». (22 janvier 1909 Ouest-Eclair)

 

L’Estudiantina briochine se réunit deux fois par semaine à l’Hôtel de Ville pour ses répétitions. En 1909, elle recrute :

 « Les jeunes gens et jeunes filles qui désireraient en faire partie comme mandolinistes, guitaristes etc. sont priés de bien vouloir se présenter au directeur…Les amateurs de théâtre, demoiselles et jeunes gens, trouveront également place et bon accueil au sein de la section théâtrale de la société. » (Ouest-Eclair 13 octobre 1909). 

 

 


Une activité débordante


En plus d'avoir créé l'Estudiantina, Maurice Reux est le créateur de deux sociétés musicales : l’Harmonie St-Michel et l’Harmonie briochine.


C'est un homme qui veut apporter la musique dans tous les milieux. Ainsi, Maurice Reux apporte son concours à une fête de la Mutuelle des Cheminots au cinéma le Familia, boulevard Clémenceau le 30 juillet 1924. Dans la même soirée le public assiste à des films fournis par la Ligue Antituberculeuse, de petites pièces mimées comme « La première cigarette du collégien » et des morceaux chantés qu'il interprète.

Mais il va tout aussi bien se produire à l’église, avec la maîtrise de la paroisse Sainte-Anne-de-Robien comme pour la Fête de la Sainte-Anne en août 1924. Il chante à cette occasion le Pater Noster, O quam Suavis et Tantum de Duffuer, et l’Ave Maria de Franck.

En ce mois d'août 1924, il dirige également le concert donné en plein air avec 50 exécutants dans l’avenue de Robien.

  

En 1925, au challenge national de la Fédération Musicale de France qui se déroule à Caen, Maurice Reux reçoit le Premier prix pour la direction (Ouest-Eclair 13 août 1925).

En juillet 1927, à l’occasion de la course automobile de la Coupe Fleuriot « Sous les frondaisons des promenades garnies d’une multitude de lampes électriques et de lampions…un orchestre de 70 musiciens, sous la direction de M. Maurice Reux, entrainera toute la jeunesse dans de joyeuses farandoles ».


Maurice Reux concert. 17 juillet 1927 Ouest-Eclair


 

En février 1928, les membres de la société musicale se rendent à Robien devant la maison de Maurice Reux pour lui remettre la Médaille d'honneur des sociétés musicales. Ensuite, un vin d'honneur fut servi au restaurant Bougeard, 10 rue Jules Ferry.


Distinction Maurice Reux 29 février 1928 La Dépêche de Brest


Le dimanche 15 juillet 1928, l’Harmonie briochine emmenée par Maurice Reux participe à l’inauguration du monument élevé à la mémoire du chansonnier breton Théodore Botrel, sous la présidence de M. Charles Le Goffic. L’Harmonie briochine assure la partie musicale de la messe commémorative à 9h, Place du Martray elle donne un concert à 11h30, l’après-midi elle défile en ville avant de donner un ultime concert au Théâtre de verdure. (Ouest-Eclair 12 juillet 1928)


 

En juillet 1935, Maurice Reux est le Commissaire général du concours qui réunit des ensembles musicaux venus de tout l’Ouest, et aussi de la musique de la Garde Républicaine.

La ville est en effervescence !

« Les trains de l’État et des Côtes-du-Nord venant de toutes les directions sont arrivés bondés. Sur le Champ de Mars, les files d’autocars et de voitures particulières s’alignent à perte de vue. La ville a pris son aspect festival. » 

Le maire M. Octave Brilleaud salue la présence de Guy Ropartz, Paul Le Flem et Casadessus dont les œuvres ont été applaudies lors d’un grand concert. Les sociétés musicales défilent dans toute la ville et ensuite des milliers de personnes sont rassemblées dans le Parc de la Préfecture pour le grand concert en plein air. La Garde Républicaine est très applaudie le soir lors d’un ultime concert aux Promenades. (Ouest-Eclair 22 juillet 1935)

 

 


 

 

 

Les responsabilités régionales de Maurice Reux



La Guerre 39-45 rend impossible toutes les activités associatives habituelles, mais après-guerre, Maurice Reux devient le président de la Fédération Musicale de Bretagne, Maine et Anjou. A ce titre, en juin 1949, il préside à Saint-Nazaire un congrès où sont représentées une cinquantaine de sociétés musicales. Après avoir retracé le calvaire enduré par la ville de St Nazaire pendant la guerre, Maurice Reux constata que de nouvelles adhésions venaient renforcer la fédération, composée de 182 sociétés.

Maurice Reux multiplie les concerts au début des années 50.

 

En 1952, après quelques « querelles de pupitres », une réorganisation des sociétés musicales à St Brieuc permit à Maurice Reux de reprendre la tête de l’Harmonie Briochine tandis que M. Roman, professeur à l’Ecole de Musique,  dirigeait l’Harmonie Municipale.

 

 

 

Les obsèques de Maurice Reux 1956

 


Le 8 octobre 1956, Ouest-France fait le compte-rendu des obsèques de Maurice Reux, célébrées en l’église paroissiale de Robien au milieu d’une très grande affluence et de personnalités très nombreuses du monde politique, éducatif, associatif et musical, parfois venus de toute la France. A ce titre, M. Collard, vice-président, prit la parole au nom de la Confédération Musicale de France. Il rappela le souvenir du musicien que fut Maurice Reux et de « l’excellent ami qu’était le briochin aux grands cheveux et au grand chapeau d’artiste, comme on disait familièrement dans les réunions des milieux musicaux à Paris et à Angers. » Il ajouta que Maurice Reux « aimait ses élèves et ses anciens élèves ; il aimait la musique pour laquelle il avait sacrifié tous ses loisirs et ses dimanches ».

 

Ainsi se termine l'évocation de cette grande figure de la vie associative et culturelle de Saint-Brieuc dont la tombe au cimetière St Michel, surmontée d'une lyre, nous rappelle à tout jamais son amour de la musique.

 

Maurice Reux (tout en bas du cimetière St Michel sur la droite). Photo RF 2022

 

 

 

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Sources 

 

Articles de presse Ouest-Eclair et Ouest-France

 

Archives municipales, factures et annuaires

 

Archives départementales, recensement 1906. Reux, entrepreneur vue 86.

Site Généarmor, registre matricule, situation militaire de Maurice Reux, classe 1904, ici

 

L'Estudiantine briochine. Site Cartolis, base de données du Musée de la carte postale, pour la notice complète cliquer ici

  

 



vendredi 6 janvier 2023

La cuisine centrale, rue abbé Garnier dans le quartier de Robien à St Brieuc. 1951-1965

 

Comme pour l’histoire de l’entrepôt des bus ou pour les bains-douches, nous allons voir que la rue abbé Garnier dans le quartier de Robien à St Brieuc a longtemps été le siège d'équipements et de services municipaux. 
 
 

La cuisine centrale, un outil moderne 


Le projet de mettre en place une cuisine centrale à St Brieuc date de 1951.

Ce projet est abordé dans l’édition de Ouest-France du 14 mars 1951 après le conseil municipal qui en a débattu. L’équipement est prévu pour fournir 1500 repas par jour. « Cette cuisine sera destinée à remplacer la cuisine actuelle (dirigée par M. Hamon) qui est insuffisante et installée dans les locaux de l’école Berthelot. Elle s’avère nécessaire pour la préparation des repas servis dans les cantines scolaires et dans les Foyers de Vieux Travailleurs. »

 

Mais la réalisation va demander quelques années entre les plans de l'architecte, le vote des budgets, l'achat du matériel (en 1952) et son installation, le recrutement et la formation des équipes. Tout est opérationnel en 1954.

 

L'équipe de direction de la cuisine centrale. Photo Archives municipales



Chaque personne dans l'équipe a ses spécialités et utilise des machines adaptées.


Photo Archives municipales

Cuisson. Photo Archives municipales

Découpe de la viande. Photo Archives municipales

Tout le monde est à son poste. Photo Archives municipales

 

Les équipements représentent pour l'époque un progrès important. Tout est fonctionnel et l'hygiène est irréprochable.

 

Éléments de cuisine en inox. Photo Archives municipales


 Photo Archives municipales

 

En 1954, la Ville a donc une cuisine centrale qui bénéficie de deux niveaux. 


La cuisine centrale au moment de sa construction. Photo Archives municipales

 

Le premier est au niveau de la place Octave Brilleaud, c’est là qu’est la cuisine et le second est au niveau de la rue Abbé Garnier, c’est là où se situe la réception et le départ des plats. On voit le départ de la nourriture vers les écoles sur une photo d’époque.

 

Le départ des plats. Photo Archives municipales

 

Ouest-France dans son édition du 19 décembre 1956 rend compte du tour de Saint-Brieuc, en onze étapes, réalisé par le Préfet  des Côtes-du-Nord, accompagné par M. Victor Rault, maire de la Ville ; M. Mazier, député et différentes personnalités. Dans ces onze étapes, plusieurs menaient à Robien, un quartier en pleine transformation : l’école Hoche, la Salle de Robien et la cuisine centrale :

« La cuisine centrale retint l’attention de tous. Des employés chargeaient des bouteillons tout chauds dans une camionnette. Chaque jour plus de 2000 repas sont ainsi servis aux élèves des établissements scolaires, publics et privés de Saint-Brieuc.

Tout est propre, clair et net. Grâce à cette cuisine, des banquets monstres pourront être organisés dans la salle municipale de Robien. »

 

 

Un reportage complet en 1961

 

Le 27 septembre 1961, Ouest-France publie une page entière sur la cuisine centrale, sous forme d’un reportage, agrémenté de plusieurs photos.

 



 

« Notre enquête nous a conduit en début de matinée, à Robien, dans le bureau de M et Mme Deklunder, intendants municipaux, qui, depuis six ans, dirigent cette cuisine centrale. Ils en ont pris la direction quelques semaines après sa création… »


M et Mme Deklunder

"Le chef M. Nogues, découpait d’appétissants rôtis de porc, sortant de vastes fourneaux…"


Le chef cuisinier M. Nogues

 

"Près de lui, ses adjoints garnissent les plats qui s’alignent, près de ceux des légumes". 


Une équipe uniquement féminine s'active autour des plats en cuisine.


"Le pain est coupé. Les pommes du dessert sont empilées…Les assiettes par piles de douze sont placées comme dans un classeur. Un personnel de service reçoit le tout, qui est dirigé sur chariot vers l’ascenseur qui descendra les « bouteillons » vers le quai de départ, rue abbé Garnier, où des camionnettes conduites quotidiennement, par les mêmes chauffeurs, sont chargées en peu de temps".

 

Ci-dessous, les chauffeurs, avec leurs tabliers, qui amènent chaque jour les plats :  Pierre, André, Petit Guy et Jean... que l'on voit ici avec le contrôleur Pierrot, reconnaissable à sa veste.



 

"Lorsque tout est prêt, et au signale du vérificateur, les véhicules partent vers leurs cantines respectives".

 

Le reporter de Ouest-France constate ensuite que le repas pris par les enfants à la cantine de l’école Hoche se passe sans problème…

« Les femmes de service rassemblent la vaisselle, de sorte que lorsque la camionnette revient, tout est prêt à embarquer pour Robien… La vaisselle se fait à Robien sauf pour les verres. Dans cette même vaste cuisine moderne, après les scolaires, cuisiniers et cuisinières préparent le repas du personnel municipal, dont la cantine se trouve à proximité, dans la petite salle de Robien.

Ils sont là, environ soixante « municipaux », et pour eux, la vie amicale continue : quelle que soit la fonction de l’un ou de l’autre, il n’y a aucune distinction entre les chefs de service et le personnel. »

 

En 1961, pas moins de 22 cantines scolaires briochines sont servies par la cuisine de Robien "ainsi que les repas de 30 vieux au Foyer de Cesson, et à une centaine d’enfants nécessiteux de dix écoles privées de Saint-Brieuc... 

Les trois camionnettes effectuent le transport des repas chaque jour, sauf le jeudi et le dimanche. 

Les plats disposés dans des emballages conditionnés sont conservés pratiquement à température constante, les mets chauds ne perdent qu’un degré à l’heure. »

 

Ce reportage, très complet, nous permet de mieux imaginer comment fonctionnait cette cuisine centrale de Robien dans les années 50-60.



 

Parole d'habitant 


Guy Flageul habitait rue de Robien dans les années 50-60, il se souvient : "Monsieur Pinsart, dont la femme tenait les bains-douches, livrait les écoles avec les véhicules de la cantine centrale".

 

La cuisine centrale fonctionnera dans ses locaux de la rue Abbé Garnier jusqu’en 1965. En juin 1989, un nouveau déménagement conduira la cuisine centrale dans la zone artisanale de la Beauchée. 

 

 

La réserve

Après le déménagement de la cuisine centrale en 1965, les locaux ont servi pendant des années comme réserve. De la nourriture et du matériel y étaient entreposés, ce qui n'a pas manqué d'attirer la convoitise.


Ainsi, on apprend que les réserves de la cantine municipales, rue abbé Garnier, ont été visitées pendant le week-end de Pâques en avril 1974. Les quatre auteurs de ces vols ont vite été interpelés et écroués. Ils s’étaient introduits dans la cantine en cassant un carreau. Leur butin était constitué de 20 kg de salami, 10 kg de viande de bœuf, 6 kg de pâté de campagne, 5 kg de beurre, des bouteilles de vin, des draps, des nappes et serviettes de tables… Les quatre complices ont transporté le tout dans des valises notamment à la consigne de la gare SNCF (pour le linge), dans une maison abandonnée de la rue Luzel  et dans les alentours de l’étang de Robien. Ce butin a été en grande partie récupéré.

(D’après un article de Ouest-France du 19 avril 1974)

 

 

Les bâtiments après le départ de la cuisine centrale

De nos jours, nous voyons que l'aspect extérieur des bâtiments n'a pas été trop transformé. 


L'ancien bâtiment. Photo RF 2020

L’ancienne cuisine centrale, c’est la maison de quartier aujourd’hui, dans sa partie se trouvant au niveau du parking Octave Brilleaud. Mais il faut savoir qu'à l'automne 1990, le Comité de quartier a tout d'abord occupé l'appartement situé au dessus de la petite salle de Robien. Ce n'était pas le plus pratique car l'accès se faisait obligatoirement par la rue Abbé Garnier, ensuite il y avait deux étages pour y accéder et le maximum de personnes pouvant s'y réunir était de 19.
 

Dans la partie au niveau de la rue Abbé Garnier se trouvent maintenant dans un bâtiment la salle de boxe et dans l’autre bâtiment, le club de reliure et le club d’aquariophilie ACARA.

 

 

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Article sur un sujet proche
L'histoire de la maison de quartier dans l'ancienne cuisine centrale, cliquer ici
 
Sources
 

Archives municipales, dossier de presse des années 90 avec des articles de Ouest-France.

 

Archives municipales. Photographies anciennes de la cuisine.

 

Nombreux articles de Ouest-France : 14 mars 1951, 19 décembre 1956, 27 septembre 1961...
 

Merci à Stéphane Botrel des Archives municipales pour sa disponibilité et ses remarques avisées. 

 

 



L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

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