samedi 7 octobre 2023

Les Fêtes foraines sur la Place de Robien et à Saint-Brieuc. 1933-2004

 

Mai 1939 Fête foraine sur la place de Robien à Saint-Brieuc

Les fêtes foraines se déroulaient traditionnellement dans le pays de Saint-Brieuc à partir du printemps. La fête de Pordic commençait, suivie par celle de Cesson le dimanche et lundi de Pâques. Les marchands forains se déplaçaient ensuite au Légué, puis à Robien pour terminer avec une grande fête foraine qui durait un mois entier sur la Place du Champ de Mars à Saint-Brieuc.

Dans le quartier de Robien, depuis le début des années 1900, se tient une fête de quartier mais qui n'est pas appelée "fête foraine". Les attractions et divertissements sont organisés par les habitants du quartier eux-mêmes et des forains y participent. Cela est confirmé dans un article de Ouest-France de 1955 où M. Greneux, doyen des forains, affirme : "J'ai débuté il y a trente ans à Saint-Brieuc pour l'inauguration de la Fête de Robien" ; M. Greneux était donc présent en 1925.

A partir de 1932, le Champ-de-Foire de Robien est opérationnel pour accueillir différentes manifestations comme des foires et des marchés. Une Fête foraine va s'y installer à partir de 1932 chaque début du mois de juin et pendant une cinquantaine d'années. Dans cette même période des années 30, la fête foraine de Robien précèdera de quelques jours la Fête du Champ de Mars qui se tenait dans le centre de Saint-Brieuc.

 

1933 Robien

Une première trace dans la presse fait état d'une Fête foraine sur la place de Robien durant trois jours les 10, 11 et 12 juin 1933, avec un bal le 11 juin et quelques jours plus tard, le 18, la venue du Cirque Pinder. 

 
13 juin 1933 Ouest-Eclair

On ne trouve pas toujours de traces explicites d'une fête foraine dans la presse des années 30. Cela peut s'expliquer parce que le terme "fête foraine" n'est pas toujours utilisé. Il est plus souvent question en juin de "la fête de Robien", sans plus de précision. Mais derrière cette fête de Robien se trouvait bien entendu... une fête foraine.


1934

1er juin 1934 Ouest-Eclair
 

1935

L'écho briochin 1935

 

1936

Début de la Fête foraine le 6 juin à Robien.

 

1937

Ouest-Eclair du 14 juin : "Après la fête foraine de Robien, voici venir celle du Champ de Mars." La description qui suit permet de connaitre les attractions que l'on trouvait alors. Un bon nombre devait être à Robien avant de "descendre" au Champ-de-Mars.

 

1938

Fête foraine à Robien 4 juin 1938 Ouest-Eclair

Fête foraine à Robien 6 juin 1938 Ouest-Eclair

1939 à Cesson

Fête à Cesson 10 avril 1939 Ouest-Eclair

 

Pour se rendre à la Fête de Cesson, des trains partent de la gare de Saint-Brieuc toutes les 15 minutes à partir de 13h30 et de Cesson, toutes les 15 minutes aussi de 13h30 à 19h. Une réduction de 50% est appliquée pour  les enfants de 4 à 10 ans. 

"Cesson est le point d’attraction des briochins le jour de Pâques…Cette année nous avons remarqué à l’arrivée au bourg par les chemins de Ginglin, de Toupin et de Langueux, une foule de promeneurs qui profitaient du beau temps…

Puisque le temps était superbe et les attractions nombreuses, il y eut évidemment de la gaité..." Extraits de Ouest-Eclair, 10 avril 1939

 

1939 

En mars 1939, Ouest-Eclair annonce par avance toutes les fêtes qui se déroulent dans le pays de Saint-Brieuc à Pordic, à Cesson , au Légué et  "les grandes Fêtes foraines de Robien et du Champ-de-Mars. "(24 mars 1939).

En effet, la Fête de Robien qui se déroule au mois de mai 1939 est une immense réussite. La fête bat son plein tant à l'extérieur sur le Champ-de-Foire, qu'à l'intérieur (mais on ne sait pas dans quel bâtiment) où plus de mille personnes sont réunies pour un gala. Toutes les autorités locales sont présentes au vin d'honneur offert par le comité des fêtes : le sénateur M. Bouguen, le député M. Duault, le maire et conseiller général M. Brilleaud.

La description de la fête dans l'édition de Ouest-Eclair du 29 mai montre que plusieurs lieux étaient investis comme par exemple l'école Guébriant où se déroulait un concours de tir et un bal le dimanche soir ou le café Ruellan rue de Trégueux pour le concours de belote coinchée. Une course cycliste partait du café Rio, rue Jules Ferry.

La fête regroupe des jeux divers, un mât de cocagne, "des ciseaux?", des casse-pots, des chenilles ainsi que des loteries foraines.

Ce qui est appelé "Fête foraine" ne débutera que le 4 juin, après la fête du quartier et après le passage d'un grand cirque...



Fête de Robien. 29 mai 1939 Ouest-Eclair

1940 à Cesson, l'inquiétude plane...

« La Fête de Cesson, le Pardon comme on dit encore, quoique cette assemblée ne soit plus qu’une fête profane et tout uniquement une fête foraine, la fête de Cesson donc a battu son plein, c’est bien de le dire, le dimanche et le lundi de Pâques, selon une tradition lointaine. C’est en tout cas une tradition qui n’est pas près de se perdre. Que de monde dans le bourg ! On eut dit que tous voulaient saisir cette occasion de s’amuser qui paraissait un  fruit rare en notre époque sévère, devant un avenir voilé.

Le temps fut un peu de la partie : le soleil fut l’après-midi vainqueur des nuages sombres du matin. Aussi les forains ne firent jamais tant d’affaires, surtout dimanche. Tout tournait sans arrêt. On faisait la queue interminablement aux chenilles pour attendre son tour. Il en était de même aux balançoires tournantes dites « casse-gueule ». Le vieux et pathétique manège mixte de cochons, de chevaux, de voitures avait lui-même un honorable succès avec sa clientèle de bambins. Les cochons en avaient l’air tout fiers et ils « rosissaient » avec éclat.

Les confettis eux-mêmes étaient là, malgré la cherté du papier, mais c’était sans doute des vieux stocks qu’on liquidait. Quoi qu’il en soit, ils voltigeaient un peu partout, par petites pincées, et non plus à bonnes poignées comme autrefois : c’est l’ère de la vie chère et des restrictions !

Cela n’empêchait pas les demoiselles d’en être parsemées…

Il y avait là aussi des tirs, des loteries, des boutiques de jouets, de friandises et des clients pour tout le monde ! Les auberges et cafés regorgeaient de buveurs car, je vous le demande, peut-il y avoir une fête sans gosiers altérés ?

Une vieille Cessonnaise fuyait les bousculades en filant dans une rue plus calme.

-Non, non, j’irai pas à leur fête ! disait-elle à un passant, qué qu’j’irais faire là ? Regarder quoi, les machines qui tournent ? Ça m’étourdit ! C’est bon pour les jeunes… »

 

 

Les Fêtes foraines. 1940-1945


Les fêtes disparaissent pendant la période de l'Occupation sur le Champ-de-foire de Robien en raison de la situation politique mais aussi parce que la place n'est plus disponible car des baraquements sont installés dans la partie basse. En ville par contre, aux Grandes Promenades, une fête foraine se déroula par exemple le 6 juin 1941.

Après-guerre à Robien, une fête du quartier se déroule le 16 septembre 1945. Par contre, la fête foraine du mois de juin ne semble pas recommencer avant 1948, la raison principale réside dans le fait que la place de Robien conserve encore ses baraquements en 46 et 47.

Sur le Champ-de-Mars, la fête foraine a repris en juin 1945 : "Il y avait foule sur le Champ-de-Mars. Peu de loteries évidement, en raison des circonstances. Nombreux jeux d'adresse qui doivent faire une bonne recette à en juger par le petit nombre de gagnants". (13 juin 1945 Ouest-France)

 

1948, au Légué

La fête foraine au Légué 7 avril 1948 Ouest-France



1948

En 1948, une attraction foraine fait sensation sur la place de Robien, il s'agit de "L'homme tronc" ! La presse en fait une description qui choque aujourd'hui : "Cet homme travaille sans bras et vit depuis 65 ans. L'homme tronc est accompagné de son père, âgé aujourd'hui de 93 ans. Il fume, parle comme tout le monde et répond à toutes les questions posées".

Cette "attraction" a été présentée, avec d'autres, à la fête foraine de Robien, puis elles sont déplacées une semaine après sur la fête foraine du Champ de Mars. (Ouest-France 9 juin 1948)

 


1950, sur le Champ-de-Mars

Les samedi 3, dimanche 4 et lundi 5 juin se déroule la fête foraine sur la place du Champ-de-Foire de Robien. La municipalité fixe les règles de cette foire : par exemple, pas de musique gênante pour les riverains après 22h, fin de la fête à minuit. La municipalité invite les industriels forains choisis à venir sur le Champ-de-Foire dès le mardi 30 mai pour que les places leur soient attribuées et toutes les installations devront être enlevées pour le 6 juin.

En survolant le Champ-de-Mars. 13 juin 1950. Ouest-France

Manège sur le Champ-de-Mars. 13 juin 1950. Ouest-France


 

1950 à Cesson

Les préparatifs de la fête pascale de Cesson se déroulent toujours dans une grande effervescence : les industriels forains montent les manèges, les électriciens vérifient les lignes, les enfants se donnent rendez-vous sur la place du bourg, les cafés s'approvisionnent en boissons fraiches, en charcuterie fine et sandwiches. Le père Liscouët, l'un des doyens de la place et M. Jouyaux, dépositaire de Ouest-France, retrouvent les forains habituels comme les Décamps (voir le portrait en fin d'article). 

"Les promeneurs ont défilé sans arrête à la fête en écoutant la musique des pick-up, les chants en vogue, les boniments des uns et des autres, pour soulever les éclats de rire, sympathiser avec le public, faisant oublier quelques instants nos soucis, au milieu de la poussière et du vent. La fête de Cesson reste, malgré la crise financière, la grande fête des familles briochines, celle de la jeunesse, et des commerçants du bourg et aussi celle des marins-pêcheurs qui ne manquent pas de choquer le verre de l’amitié".

(Ouest-France du 11 avril 1950)


 

Ci-dessous, Mme veuve Derrien, la doyenne des foraines briochines, vend des confettis à la jeunesse. Mme Derrien est bien connue avec ses jeux, son bazar, sa confiserie. Elle est accompagnée par ses filles.

 

Fête foraine à Cesson, Mme Derrien au centre. 11 avril 1950 Ouest-France

1951 à Cesson

Autour du manège à Cesson. 27 mars 1951 ouest-France
 
"Ce jour-là, la population du centre et de tous les faubourgs se rend à pied, en car, à bicyclettes, pour respirer l'air pur de Cesson, goûter la délicieuse saucisse chaude, le pâté incomparable dans les cafés du bourg, les brioches chaudes du pays, le bon cidre tel que l'aiment les Cessonnais.
Jusqu'au soir, la jeunesse a défilé devant les balançoires, les chenilles, les loteries, les boutiques de bonbons, de gâteaux, de délicieux berlingots, les petits bazars, les manèges d'enfants, les loteries et tirs, envahissant les autos-tamponneuses, s'engouffrant au dancing ambulant, lançant  les balles de sciure et les confettis, tout cela dans une atmosphère de fête foraine, dans le bruit des pick-up et divers manèges".
 

1951


Le 2 juin 1951 s'ouvre la grande fête foraine de Robien sur le Champ de Foire : "Ce sera le rendez-vous de la jeunesse et le but de promenade dominicale de tout Saint-Brieuc." (Ouest-France 2 juin 1951)

Quand la fête foraine débute sur le Champ de Mars, "les voitures de transport descendent de Robien et l'installation commence aussitôt. Le soleil chauffe, les forains sont heureux et nous leur souhaitons une bonne recette. La fête foraine est leur gagne-pain et chaque année nous les revoyons avec plaisir." (Ouest-France 7 juin 1951)


1952


En 1952, la Fête foraine débute le 31 mai dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc jusqu’au 8 juin inclus. Ce qui se passe alors à Robien donne un avant-goût de ce qui aura lieu au centre-ville...

"Le quartier va être au rendez-vous des promeneurs briochins qui y trouveront les distractions de toutes sortes et donneront déjà une idée des grandes fêtes foraines du Champ de Mars".

 

1952 à Cesson

 

A Cesson. Le Télégramme. 1952

En 1952, Le Télégramme évoque la fête foraine de Cesson : 


"Un soleil d'été, une chaleur douce, un dimanche de Pâques, avaient incité les Briochins à se rendre en foule, à la traditionnelle fête de Cesson qui obtint un succès considérable. On se pressait, on se bousculait sur la petite place du bourg entre les manèges, les tirs et les loteries que dominait placidement le clocher de l’église. La jeunesse joyeuse a pris d'assaut les casse-gueule, les chenilles, les auto-tampons, tenté sa chance à la roue de la fortune, rivalisé d'adresse au tir à la carabine. Après s'être grisés de tours de manèges, les promeneurs s'évadaient vers la vieille Tour ou vers les grèves, fuyant le bruit de la foule".

Ce texte et cette photo ont été retrouvés par Pierre Perrin et oubliés dans le Facebook Cesson et la baie de Saint-Brieuc.

 

1953, sur le Champ-de-Mars

Le public très dense atour des attractions.18 juin 1953 Ouest-France


1953 à Cesson

 

"Les balançoires près du Pont de Cesson", 7 avril 1953 Ouest-France

 

Monique Tanghe se souvient


"A l'époque ce manège avec des balançoires on l'appelait " Le casse-gueule ". A Cesson, Il était situé près de l'église, ce manège me fascinait mais j'étais trop jeune pour monter dessus".

Ce casse-gueule était placé Rue de la République et ensuite derrière l’église.

 

« A l’arrivée du bourg, sur un terrain ayant appartenu autrefois aux Chemins de fer des Côtes-du-Nord, il y avait le manège des balançoires et les autos-tampons de M. Décamp , nécessitant un vaste emplacement, étaient installées sur la route du cimetière ».

Sur la place de l’église on retrouve les tourniquets-loteries, les roues de la fortune, les bouteilles de vin, les étalages d’ours en peluche et de poupées bretonnes, les chanteurs ambulants, les diseuses de bonne aventure, la charmeuse de vipères, les étalages de cocardes et d’objets souvenirs.  

D'après l'édition du 7 avril 1953 de Ouest-France



La course de petits chevaux. 7 avril 1953 Ouest-France


1954 à Cesson


Des jeunes de Ginglin à la fête de Cesson. 20 avril 1954 Ouest-France

1955 à Cesson
 
Une attraction à la fête de Cesson. 12 avril 1955 Ouest-France

 
La foule dans la rue de la République à Cesson.12 avril 1955 Ouest-France
 
On vient de très loin à la fête de Cesson pour "humer l'air salin, passer agréablement l'après-midi et la soirée en compagnie des sympathiques Cessonnais, faire les cent pas dans la grande rue du bourg et tourner autour des attractions foraines. Il n'y a plus de marchands de farine comme autrefois, mais des marchands de brioches, de saucisses roulées dans des galettes, des marchandes de frites, de berlingots, de caramels, de nougats et de chewing-gum. Le "mazout" ne manque pas dans les cafés : il coule dans les verres, remplaçant la bolée d'autrefois...
L'acrobate, les chiens savants, le monstre des mers,  la voiture d'Hitler formaient les principales exhibitions de la fête et la salle de bal ambulante attirait la jeunesse désireuse d'évoluer sur la piste et se dégourdir les jambes. Pendant ce temps, la musique de pick-up lançait ça et là des airs en vogue, créant l'ambiance de la fête foraine. " Ouest-France 12 avril 1955

 

 

1955, sur le Champ-de-Mars

Fête foraine à Saint-Brieuc 17 juin 1955 Ouest-France

Fête foraine à Saint-Brieuc 17 juin 1955 Ouest-France

 Un groupe de jeunes gens à la fête foraine. 24 juin 1955 Ouest-France

1956 à Cesson

A la fête foraine de Cesson. Une loterie particulièrement bien achalandée retient l'attention d'un nombreux public. 6 avril 1956 Ouest-France
  

1956

La fête foraine dans le bourg de Plérin. 4 mai 1956 Ouest-France

 

 

1956, sur le Champ-de-Mars

Un manège sur la fête foraine sur le Champ-de-Mars.15 juin 1956 Ouest-France

Fête foraine sur le Champ-de-Mars à St Brieuc. 15 juin 1956 Ouest-France. La loterie de la famille Jeandemange.

Ci-dessus, en partant de la droite le clown Tito, 1ère danseuse Josiane  Jeandemange 2e, Christiane Minet-Velge 3e, Gigitte Jeandemange, 4e Zézette Jeandemange et leur frère Jean. Ce sont les costumes de parade du couturier Vicaire à Paris.

Grosse affluence à la Fête foraine sur le Champ-de-Mars. 20 juin 1956 Ouest-France


1957 à Cesson

A la fête foraine de Cesson 23 avril 1957 Ouest-France

Devant l'église, à la fête foraine de Cesson 23 avril 1957 Ouest-France


Édition de Ouest-France du 23 avril 1957 : "Favorisé par les vacances pascales et un temps printanier d'une douceur exceptionnelle, la fête foraine de Cesson a connu une affluence record".

 

1957 Robien


Un aperçu de la Fête sur le haut de la place.11 juin 1957 Ouest-France

Au moment de la Pentecôte, les manèges forains s’installent sur le Champ de Foire de Robien. Voilà comment Ouest-France décrit cette fête dans  son édition du 8 juin 1957 : auto-tampon, stands de tir, loteries, du bruit, de la musique. Animation traditionnelle et sympathique.

Manège à la Fête foraine de Robien.11 juin 1957 Ouest-France

La fête de 1957 est terminée, c’est le moment du bilan : « Les loteries et tirs dominaient sur le Champ de Foire : loteries aux poupées principalement et loterie aux pigeons qui ont fait des heureux… Le manège des enfants a été pris d’assaut par les petits désireux d’obtenir un tour supplémentaire avec l’arrachage du « pompon », sous l’œil attentif des parents.

L’attraction à succès était celle qui consistait à monter sur une plate-forme à l’aide d’un tapis roulant et à descendre assez rapidement en toboggan, jeu amusant pour les « victimes », mais aussi pour les spectateurs qui suivent les faux pas et glissades des débutants sur le tapis ».(Ouest-France 11 juin 1957)


Notons que M. Greneux (voir son portrait plus bas), le délégué du syndicat des forains et doyen, tient avec ses enfants, une grande partie du Champ de Foire avec ses stands de tirs et boutiques de confiseries.

Après la Fête sur le Champ de Foire, les attractions se reportent sur le Champ de Mars pour « La quinzaine de Juin », une autre fête très prisée par le public.(photo ci-dessous)

La foule au milieu des attractions sur le Champ-de-Mars. 18 juin 1957 Ouest-France



1958 

Pour qu'une fête foraine se passe bien, il faut que tous les emplacements soient attribués avec la fête. C'est le travail des services municipaux et de M. Greneux, le doyen des forains. En juin 1958, on voit M. Greneux en photo sur la place de Robien avec les placiers MM Rumen et Kerharo.

MM Rumen, Kerharo et Greneux place de Robien. 5 juin 1958 Ouest-France



Fête foraine de Robien. 9 juin 1958 Ouest-France

 
1959 à Cesson
 
Fête foraine de Cesson. 31 mars 1959 Ouest-France
 
"Malgré un temps pluvieux (du moins le dimanche), la fête foraine de Pâques a connu à Cesson son traditionnel succès". Ouest-France 31 mars 1959
 
Ce n'est pas à Cesson mais c'est le même manège...Photo publiée par Dominique Majean sur le Facebook Forains d'autrefois



1959

En 1959, la Fête foraine du Champ de Foire de Robien se déroule du 6 au 8 juin et celle sur le Champ de Mars du samedi 13 au dimanche 28 juin.

 

1960 à Cesson


Les manèges des avions en cours de montage à Cesson. 15 avril 1960 Ouest-France

 

1960


Fête foraine à Robien 7 juin 1960 Ouest-France

La fête foraine de 1960 qui s'est déroulée sur trois jours début juin n'a pas eu le même succès que les années précédentes. Les industriels forains peuvent encore se rattraper sur le Champ de Mars dans les jours qui vont suivre...

1960, sur le Champ-de-Mars 

Le 10 juin 1960, Ouest-France publie cette photo de la fête foraine qui se déroule comme chaque année à Saint-Brieuc, sur le Champ de Mars, "avec la même ambiance et la même sympathie entre le public et les industriels forains". Au premier plan on voit le Loch-Ness et peut-être Le Comet d'Eugène Coéffic?  La belle époque !

Fête foraine Saint-Brieuc 10 juin 1960 Ouest-France

 

1961, au Légué

Après Cesson, la fête se déplace sur les quais du Légué. 19 avril 1961 Ouest-France

 

1961, sur le Champ-de-Mars

Fête foraine sur le Champ-de-Mars.10 juin 1961 Ouest-France

Ici on gagne "les plus belles poupées d'Europe" ! 13 juin 1961 Ouest-France


1965

Du samedi 5 au lundi 7 juin se déroule la fête foraine mais seulement sur le partie sud de la place.

1965, c'est l'année où la Fête foraine vient s'installer pour la première fois Place de la Liberté après Robien. Les forains n'ont pas quitté le Champ-de-mars de gaité de coeur mais ils n'avaient pas le choix. Le nouvel emplacement proposé par la municipalité était leur seule chance de continuer de venir à Saint-Brieuc pour une fête foraine d'ampleur. 

Une nouveauté est proposée : un auto-strade (voir la photo ci-dessous)

Fête foraine Place de la Liberté. 12 juin 1965 Ouest-France

1967. Les industriels forains à Robien

En 1967, la fête foraine se déroule à Robien du 28 mai au 5 juin. La municipalité établit un plan pour indiquer la place à chacun le long de la rue Guébriant. Nous retrouvons des familles dont il a déjà été question dans cet article : famille Mouton, avec Édouard Mouton et la famille Tricoire. Mais nous avons aussi les familles Figuier, Hoffmann, Noël, Grangier, Jeffroy, Le Moine, Deschamps et Watrin.

(Dans les années 2020, on a Meryl Watrin et son père Eric, fabriquant de confiserie sur les fêtes foraines, une affaire créée par l'arrière-grand-père de Meryl. Ils sont en avril-mai sur la Foire du Trône.)

 


 
Emplacements des forains à Robien en 1967. Archives municipales 3Fi279

 Un accident à la fête de Robien. 1967

Une voiture qui circulait entre les manèges de la Fête foraine de Robien heurte et blesse Mme Annick Cordrie, née Bourdet, demeurant 110 rue Jules Ferry.

Arrêté, le conducteur a passé la nuit au commissariat de police.

 

10 juin 1967 Ouest-France

 
1968 à Cesson
 
Fête foraine à Cesson 16 avril 1968 Ouest-France

 

1969

Fête foraine à partir du 2 juin à Robien.

 

1970 à Cesson

Fête foraine à Cesson 31 mars 1970 Ouest-France

 
"Les manèges modernes ont détrôné les chevaux de bois et leur musique métallique, mais les enfants ont la facilité d eprendre l'avion, de tourner sur place et de voir le public d'un peu plus haut que sur la murette voisine". 
Ouest-France 31 mars 1970
 

 

1972

La fête foraine a lieu du samedi 27 mai au lundi 5 juin mais seulement dans la partie sud de la place de Robien. La municipalité avertit les industriels forains par voie de presse que leurs appareils amplificateurs devront être utilisés sans que le bruit ne trouble les riverains. Les amplificateurs devront être placés à l’intérieur des stands et orientés vers le sol.

 

1973 Place de la Liberté

Sur la Place de la Liberté, la fête ouvre le 10 juin et se poursuit jusqu'au 25 juin au soir. Quarante industriels forains sont présents et certaines familles de forains viennent depuis trois générations et plus.

 

Montage du Bully-Gully. Place de la Liberté. 10 juin 1973 Ouest-France
Bully-Gully en action 12 juin 1973 Ouest-France

Industriels forains 20 juin 1973 Ouest-France

 

Les représentants du syndicat des forains tiennent leur assemblée générale au Collège Racine en juin 1973 en présence de M. Moulary, président national; M. Watrin, administrateur national ; M. Paton délégué départemental et M. Pérez, délégué de Quimper. Sur le plan des revendications locales, le syndicat souhaite l'aménagement de la Place de la Liberté avec des postes d'eau et d'électricité. Ils souhaitent aussi rester sur ce lieu et non déménager à Brézillet comme on leur propose...

 

1974

La fête foraine se déroule du 1er au 10 juin à Robien, avant de s'installer Place de la Liberté du 15 au 30 juin...Les forains font de la résistance car on leur propose déjà depuis 1973 de déménager à Brézillet.

 

1976. Place de la Liberté  

Ci-dessous, voici une image arrêtée d'un petit film publié par "Prince Sokhura" sur le Facebook "Forain d'autrefois". On y voit le manège de P'tit Louis et Solange Lafosse, en septembre 1976, sur la Place de La Liberté à Saint-Brieuc. La famille Leseigneur aidait au montage

Photo Prince Sokhura

Ci-dessous, une autre image arrêtée d'une vidéo publiée par "Prince Sokhura" avec le manège "Le Monstre" de la famille Lemoine, en septembre 1976, sur la Place de La Liberté.


Photo Prince Sokhura

Enfin, toujours publié par "Prince Sokhura" le "casse-gueule" de P'tit Louis et Solange Lafosse, en 1976, à la braderie de Saint-Brieuc.

Photo Prince Sokhura

 

 

Les dernières fêtes foraines à Robien

La fête foraine s'est encore déroulée dans les années 80 et jusqu'au début des années 2000 sur la place Octave Brilleaud.

Elle sera suivie des fêtes sur Place de la Liberté puis à Brézillet, dans la continuité de celle de Robien. La fête foraine de Robien disparaitra définitivement vers 2004 (à préciser). 

Une nouvelle génération d'industriels forains, entrainée par Marc Courteaux, a pris le relai avec un nouveau concept Luna Park, au début des années 80, devenu American Luna Park. Luna Park s'est d'abord installé au Parc des expositions puis pendant trois ans sous le skate-parc au niveau du petit parking Pierre de Coubertin. Quand le marché de gros a fermé au début des années 2000, les attractions ont pris place autour du marché de gros. Samy Courteaux, le fils, continue de relever le défi d'organiser et de perpétuer à Saint-Brieuc, chaque année, une très grande fête foraine.(Renseignements pris auprès de Samy Courteaux le 29 novembre 2022)

 

Samy Courteaux. American Lunapark. Photo Ouest-France

 


 

Portrait, "Le père Greneux"

 

Aimé Greneux en 1960. Photo Ouest-France

 

Aimé Greneux était la figure du monde forain en Bretagne et son porte-parole dans les années 50-60. Il était le doyen des industriels forains de Bretagne « dont il était aussi la figure la plus sympathique », peut-on lire dans l’édition de Ouest-France du 27 avril 1960. Il était connu sous le nom du « père Greneux » et propriétaire du « Grand stand de tir. Idéal Stand ».

Aimé Greneux fréquentait la fête foraine de Saint-Brieuc depuis 1922. Plus tard, il continua de venir avec sa fille et son gendre, M. Tricoire.

Aimé Greneux et toute sa famille. 24 juin 1955 Photo Ouest-France

 

Il avait son franc-parler comme on peut le lire dans un entretien à Ouest-France du 13 juin 1957 où il souhaite qu’on s’adresse à lui comme « industriel forain », pour éviter d’être comparé aux forains nomades et « romanichels ».


A. Greneux 13 juin 1957 Ouest-France

Au mois d’octobre 1958, on lui remet la Croix d’Honneur de Chevalier de l’éducation civique. 

 

Remise de médaille A. Greneux. 6 octobre 1958 Ouest-France

M. Greneux est décédé subitement en 1960 à l’âge de 79 ans, à Douarnenez où il est enterré. Son décès et ses obsèques ont donné lieu à plusieurs articles élogieux, accompagnés de photos, dans Ouest-France.


Obsèques A. Greneux. 27 avril 1960 Ouest-France


 

 Le monde forain de St Brieuc en 1957


 

Les forains sont connus et reconnus car d'une année sur l'autre le public les retrouve à Saint-Brieuc sur le Champ de Mars et sur le Champ de Foire de Robien. En juin 1957, Ouest-France a la bonne idée de réaliser des "Interviews-Express" autour des fêtes foraines briochines. A travers les personnes interrogées, c’est le monde des industriels forains qui se dévoile un peu. On retrouve en premier Aimé Greneux dont il a été question plus haut, mais aussi trois autres personnes.


Georges Drouet 13 juin 1957
Georges Drouet, Brestois, dirige un stand de tir et vient à Saint-Brieuc depuis 1944. Il est très satisfait du règlement établi par la municipalité car les forains savent exactement à quoi s’en tenir.

 

François Rumen.
M. François Rumen est employé municipal, placier sur les foires et marchés. Il précise que les forains conservent leur place d’une année sur l’autre, l’ancienneté jouant dans la mesure du possible.

 

Mme veuve Dauvier
 
Mme veuve Dauvier, vendéenne, depuis 50 ans sur les Champs de foire, toute jeune elle faisait fonctionner les manèges de chevaux de bois. Ses enfants, M et Mme Briand sont propriétaires d’un stand de tir et d’une boutique ambulante de confiserie. Elle évoque les enfants qui sont accueillis dans les écoles où leurs parents séjournent et la chapelle de Nazareth, dédiée aux forains où les familles fêtent les évènements religieux à Saint-Brieuc. L’aumônier national, le Révérend Père Magnien visite les familles la veille des cérémonies de communions ou confirmations.

 

Fêtes religieuses chez les forains de Saint-Brieuc. 24 juin 1959 Ouest-France

Communions 24 juin 1959 Ouest-France

 

 "On ne devient pas forain, on naît forain"

Samy Courteaux, organisateur de Lunapark

 




Si vous avez des documents ou des témoignages à apporter sur les fêtes foraines à Robien, merci d'utiliser le formulaire de contact en haut de page.

 

 

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A lire en complément

Les fêtes dans le quartier de Robien avant 1945, cliquer ici

Les cirques sur le Champ-de-Foire de Robien, cliquer ici

L'histoire du Père Mouton, une figure du monde forain et des cirques, cliquer ici 

Sur la Place de Robien, les foires aux bestiaux et comices agricoles, cliquer ici

D'autres familles d'industriels forains en Bretagne :

La famille Audroin, cliquer ici ; La famille Chira, cliquer ici ; La famille Descamps, cliquer ici ; la famille Coéffic, cliquer ici ; La famille Drouet, cliquer ici ; La famille Figuier, cliquer ici ; La famille Greneux, cliquer ici ; La famille Hoffmann, cliquer ici ; La famille Mouton, cliquer ici ; Romain Mouton, appelé le Père Mouton, cliquer ici ; la famille Tricoire, cliquer ici  ; la famille Watrin, cliquer ici

 

Sources

Nombreuses recherches dans les archives de Ouest-France. 

Articles du Télégramme : 30 juillet 1999, 15 juin 2001

Article Wikipédia, American Luna Park, ici

Entretien avec Samy Courteaux, organisateur de American Lunapark à Saint-Brieuc, le 29 novembre 2022. 

Facebook de l'American Lunapark Saint-Brieuc, cliquer ici 

L'histoire du cirque Figuier, cliquer ici 

Site Mémoire d'Erquy, famille Figuier, cliquer ici 

Facebook "Forain d'autrefois", cliquer ici 

Article complet de Joseph Lohou, à propos de la famille Mouton, sur son site de l'histoire de Callac, cliquer ici 

Merci à toutes les personnes qui ont participé au forum dans "Tu sais que tu viens de Saint-Brieuc" en décembre 2022 au moment de la publication de cet article sur Facebook.

 

 


dimanche 1 octobre 2023

Le Tertre Marie-Dondaine dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc, un site à découvrir.


Le Tertre Marie Dondaine, dans le quartier de Robien à Saint-Brieuc c’est un site à découvrir, un lieu remarquable sur le plan géographique, un lieu chargé d’histoire, un lieu d’avenir !

 

Affiche Coccolithes pour la fête organisée sur le Tertre en 2019.

 

Quelques repères géographiques

Saint-Brieuc possède plusieurs points hauts, appelés Tertres : Le tertre Notre-Dame (appelé autrefois le tertre Buette), le Tertre aux lièvres  au dessus du Gouédic, le Tertre Aubé (proche de Rohannec)...

Le Tertre Marie-Dondaine, dans le quartier de Robien est aussi l’un de ces lieux remarquables.

Sur un plan ancien de Saint-Brieuc entre 1814 et 1847, on voit que cette zone ne possède pas de propriétés bâties, elle n’est constituée que de lieux dits qui portent le nom des champs ou des prés avoisinants : Le Pré Chênaie, champ sur les sentiers, les Prés Sots, les Petits prés…

Le point le plus haut est évoquée par ce qui est appelé le « Signal du Pré Tison ».

 

Plan 1814-1847. Archives municipales.

 

Dans l’étude des noms de lieux (toponymie), lorsqu’on trouve un Signal, il s’agit le plus souvent d’un point en hauteur qui correspond au « Signal de Cassini ». Un signal indique un lieu qui a servi à faire des mesures cartographiques de l'époque et Cassini est le nom d’une famille de géographes qui, sur quatre générations, se succèderont pour établir une cartographie entière de la France, appelée Carte de Cassini.

D'après l'historien briochin Jean-Baptiste Illio, une pierre rectangulaire, appelée "Signal" aurait servi de repère dès 1715 puis en 1805 pour l’établissement de la première carte topographique de la France, appelée « carte de Cassini ». Chaque borne située sur un point haut matérialise ce qui est appelée « signal de Cassini ».

 

Quartier de Robien en 1814, dans "Histoire de St Brieuc, J.B Illio"



Ci-dessous, cette carte générale de la France montre les principaux triangles qui servent à la description géométrique de la France, levée par ordre du Roi par Messirs Maraldi et Cassini de Thury, de l'Académie Royale des Sciences. Elle est datée de l'année 1744. (lien sur Gallica en cliquant ici)

Le point "T de St Brieux" pourrait être le signal du Pré-Tison


Plus tard, en 1925, l’évêque préside l’inauguration d’une croix dressée en retrait de la rue du Pré-Chesnay, tout à côté de la borne de Cassini. Mais cette borne disparaitra malheureusement en même temps que la croix au milieu des années 60.

 

Pourquoi ce nom de Marie-Dondaine ?

Dans un article de Ouest-France, du 31 octobre-1er novembre 1995, le journaliste pose la question à Marcel Blivet, un ancien habitant du tertre.

M. Blivet semble être la seule personne à se souvenir de l’origine de ce nom. Il fait remonter cette histoire au temps où ses grands-parents habitaient rue Luzel et où Auguste, son propre père né en 1900, venait jouer sur le tertre : «A cette époque, il y avait une femme ermite qui logeait dans un talus. Elle s’appelait Marie. Comme elle était de forte taille, tous les enfants l’appelaient la Marie-Dondaine. Les parents en avaient fait une sorte de croque-mitaine et interdisaient aux enfants d’y aller ». 

Dans les années 1920, on trouve cette appellation dans plusieurs articles de presse.

Par exemple, le journal La Croix des Côtes-du-Nord fait le compte-rendu de la fête patronale du dimanche 26 juillet 1925 et mentionne qu'après la bénédiction "la procession se met en marche vers le tertre bien connu de la Marydondaine".

Ce n’est que par une délibération du Conseil municipal du 19 juin 1967 que le nom de Tertre Marie-Dondaine est donné à cet espace.

 


L’espace naturel se réduit et la population du Tertre augmente

A la fin du XIXe siècle, le quartier change, en partie avec l'arrivée du train et de l’impressionnante usine des Forges-et-Laminoirs. 

En 1884, l'historien Jules Lamare se promène dans les parages et regardant vers le sud il est séduit par le Tertre : « Au-dessus de cette usine, à côté de son réservoir, est le point culminant du versant sur lequel la ville de Saint-Brieuc est assise. On y voit encore la borne qui servit, au commencement de ce siècle, aux opérations du cadastre.

De cette hauteur, l’œil embrasse les riches campagnes de Ploufragan, de Trégueux et de Langueux. À droite, on peut suivre le train de Pontivy, longeant le bois des Châtelets, et gravissant les premières pentes qui conduisent aux montagnes du Mené ».

Le Tertre est progressivement habité au début du XXe siècle avec la création de la rue du Pré-Chesnay qui le borde au nord. Cette rue a d’ailleurs coupé le Tertre en deux parties quand elle a été prolongée vers l’ouest. L’usine Glémot, construite en 1934, a également beaucoup changé la physionomie du tertre en occupant un point haut.


Photo aérienne 1946. Annotations RF

Sur le plan géographique le Tertre Marie-Dondaine a été modifié à deux reprises. D'une part quand une petite ligne de chemin de fer a été créée pour relier l'usine Sambre-et-Meuse et d'autre part pendant la Seconde Guerre mondiale où le tertre a été arasé par les troupes américaines qui ont installé des batteries anti-aériennes. De nombreux rochers ont alors disparu.

La photo aérienne ci-dessous montre assez bien qu'il y avait deux parois avec une saignée pour laisser passer la petite ligne de chemin de fer. Par la suite, d'autres terrains au sud de la voie ferrée ont été arasés et c'est ce qui donne cet aspect de falaises de nos jours. Plusieurs bâtiments ont été construits sur ces emplacements, une fois les terrains aplanis.

Avant on accédait au Tertre par de petits sentiers en pente douce. L'aspect était vallonné  de la rue Émile Zola en direction du tertre.

 

Photo aérienne années 40. Archives municipales


"Falaise" créée artificiellement entre la rue Emile Zola et le Tertre Marie-Dondaine

 


Dans l'herbe au pied de cette "falaise", jusqu'en 2022, on trouvait encore des vestiges de la voie ferrée qui passait là. Ces vestiges ont disparu depuis octobre 2022 malheureusement.

 

Morceau de rail. Photo RF

Morceau de rail. Photo RF


Trace encore visible de la voie ferrée, rue Émile Zola
 

Quelques maisons ont également été construites en partant de la rue Luzel et en remontant sur une cinquantaine de mètres. Une scierie était également présente dans les années 30 et jusqu’à la fin des années 40 mais il n’en reste presque rien. A la même époque, on trouvait une quinzaine d’habitations (dont une dizaine de baraques construites par le propriétaire de la scierie) et aussi des gens du voyage logeant dans des caravanes et dans des constructions légères.

 

La baraque de la famille Corack sur le tertre. Photo Claude Corack

 

Les habitants du Tertre recueillaient l’eau de pluie pour leurs besoins quotidiens. Dans les  années 60, la vie était encore difficile mais les habitants du Tertre avaient à disposition un point d’eau potable. Ce robinet, installé par la municipalité, était accessible à tous.  Une nouvelle maison en dur a été bâtie, elle était en partie basse électrifiée. Les premiers habitants ont été remplacés par d’autres qui n’avaient pas connu la misère totale, tous étaient partis au début des années 90.


Les différents projets d’aménagement : le Tertre Marie-Dondaine résiste

Le tertre a été occupé au XXe siècle mais pas par des habitations en dur. 

Si ce tertre est toujours à l’état naturel c’est parce que les différents projets d’aménagement de cet espace n’ont pas abouti. 

Pour commencer, en 1965, Édouard Quemper, l'adjoint au Maire de l'époque chargé des sports, prévoit de créer des installations sportives sur le Tertre.

 

Plan paru dans le journal municipal Le Griffon. 1966 numéro 4.


 

Puis un projet de groupe scolaire est conçu par la ville de Saint-Brieuc, mais rien ne sera fait...

Projet de groupe scolaire. Plan des archives municipales

Projet de groupe scolaire. Plan des archives municipales

 

Un plan de la ville de 1980 fait apparaitre une rue Marie-Dondaine qui traverse complètement le Tertre.


 

Les élus en visite. 1985

Au début de l’été 1985, les élus sont conviés par le Comité de quartier de Robien pour effectuer une visite sur le terrain. Le journal Ouest-France fait un compte-rendu et souligne que tertre Marie Dondaine constitue un point noir sur lequel le comité veut des réponses concrètes. 

Ses responsables affirment : « Le terrain a besoin d’un assainissement complet. Il devient urgent de démolir les cabanes en tôle et de débroussailler. Avant tout, nous demandons le respect de la propreté. Il ne faut plus que le Tertre serve de dépôt d’ordures. Par ailleurs, une partie du terrain qui appartient à la Ville est occupé par des nomades. Nous avons demandé que les services municipaux y apposent des panneaux interdiction de stationner. »

Les élus en visite sur le tertre, Claude Saunier et son équipe. 1985

 

Sur la photo ci-dessous, on aperçoit une baraque qui tient encore debout et la caravane de la famille Blivet.

Les élus en visite sur le tertre, sous l'oeil attentif du comité de quartier. 1985
 

Une cabane du Tertre en 1985.

 


Le tertre vidé de ses cabanes


Photo aérienne. Archives municipales

Photo aérienne. Archives municipales


Une opération d'urbanisation. 1987

En 1987, est lancée la création d’une Z.A.C (Zone d’Aménagement Concerté) à vocation de logements, d’activités commerciales et de bureaux. Michel Fraboulet, l'adjoint à l'urbanisme, déclare dans Ouest-France qu'il espère bien alors "redynamiser le quartier et transformer son image de marque par un habitat diversifié...". L'opération immobilière pourrait voir sortir de terre  entre quarante et soixante-dix logements. Des échanges de terres, sans expropriation, ont été réalisés par la municipalité. 

Devant une cinquantaine d’habitants de Robien, M. Morel, l'architecte de la Ville, présente le projet à la maison de quartier, un projet globalement accepté par le comite de quartier. La concertation fonctionne, tout semble en bonne voie...

 

Ouest-France 1988.

 

Mais quelques années plus tard, le projet lancé en 1987 et affiné plus tard, n’arrive pas à se concrétiser. Cette Z.A.C finit par être abrogée au moment de la révision du Plan local d’Urbanisme en 2013.

Maquette du projet de lotissement en 1995. Archives municipales.Photo RF

Maquette du projet de lotissement en 1995. Archives municipales.Photo RF
 

Marie-Dondaine : le tertre sauvage. Ouest-France 31 octobre 1995.


Un nouveau projet de lotissement communal est envisagé en 2016 mais il est aussi abandonné par une décision du Conseil municipal le 22 octobre 2018.

Cette décision fait suite à la démarche de labellisation EcoQuartier obtenue fin 2017. 

Tout ceci a remis progressivement en question le projet initial de lotissement, pour laisser place à un scénario prévoyant la mise en valeur du site, par un espace ouvert et partagé.


 

Le tertre aujourd’hui : Un milieu naturel bien préservé en ville


Le Tertre, été 2019. Photo RF

Ce qu’on appelle de nos jours le Tertre Marie-Dondaine est en fait une parcelle non construite qui fait près de deux hectares et demi.

Ce qui est frappant, c’est ce vaste espace d’herbe qui change de couleur au grès des saisons. L’herbe verte la plupart du temps mais qui se transforme en herbes hautes et jaunies quand vient l’été. Au milieu du terrain, il y a ce bois avec des pommiers, des noisetiers, des pruniers, des ronces et si on regarde de plus près des iris, des orchidées des prés…

 

Allée d'arbres sur le tertre Marie-Dondaine en automne. Photo RF 2020

Le haut du tertre Marie-Dondaine en automne. Photo RF 2020

Le petit bois du tertre Marie-Dondaine en automne. Photo RF 2020

Et si on se penche encore un peu plus vers la terre, que voit-on ? Des escargots, des limaces, des bourdons, des sauterelles…

La biodiversité n’est pas un vain mot sur le Tertre…

Depuis 2020, des aménagements ont été effectués en tenant compte de l'aspect naturel du site (présence de moutons, brebis et chèvres, ruches, bancs, reconstructions de murets...)

 

 

Le saviez-vous ?

Les anciens se souviennent des chasseurs de vipères du Tertre Marie-Dondaine. Dans les buissons et les talus de la butte, les plus courageux traquaient les plus venimeuses. Ces chasseurs improvisés les revendaient un prix d’or aux différents pharmaciens de Saint-Brieuc, intéressés par le précieux venin.


Un site à préserver

Ajoutons que, de par sa situation en hauteur, le site du tertre Marie Dondaine offre de nombreux points de vue sur la ville et les communes alentours dans cette partie sud de Saint-Brieuc

Vu d’en haut, le Tertre apparaît comme une curieuse petite tache verte au milieu des maisons et des voies de circulation, à proximité de bâtiments industriels imposants comme ceux de l’usine Manoir Industrie...


 

Une opportunité pour l’avenir du quartier

Le développement d’un quartier comme Robien ne peut se résumer pour les années à venir au développement de zones à construire. De nombreux logements individuels ou collectifs ont été réalisés et on peut s’en réjouir car ils permettent à une nouvelle population de se loger. 

Mais un quartier doit aussi préserver des espaces naturels, c’est ce qui sera laissé aux générations futures. Le tertre, c’est un espace de liberté où il pourrait y avoir des jardins partagés, des cabanes dans les arbres pour jouer ou pour lire, un espace de promenade, une petite ferme avec des animaux, des ruches, des pommiers, des œuvres d’art en plein air, une maison en bois comme dans les années 40, une buvette et de quoi faire à manger, des bancs, des lunettes panoramiques pour admirer la vue… Tout est encore à imaginer !

 

Ci-dessous, quelques images d'un projet d'aménagement du Tertre conçu par Bryan Morin, élève de BTS à l'école d'horticulture de St Ilan (22), sous la direction de ses professeurs Véronique Cadiou et Olivier Samica.

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019.

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019.

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019.


D'autres articles à lire au sujet du Tertre

Rubrique "Le passé ouvrier de Robien":  Les baraques du Tertre Marie-Dondaine ici

Rubrique "La paroisse de Robien", L'histoire du calvaire du Tertre Marie-Dondaine ici

Rubrique "L'habitat à Robien", Logements atypiques (les caravanes) ici

Les habitants du tertre, de nouveau réunis en juin 2019, ici

 

 

 

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Sources

Archives municipales, plan de 1804-1847

Site des Archives municipales en ligne. Collection du journal municipal Le Griffon.

Histoire de la ville de Saint-Brieuc, chapitre XII. Jules Lamare 1884

Histoire condensée et illustrée de notre cité gentille. Alain Le Duizet

Histoire de St Brieuc par J.B Illio, page 190. 1931

Histoire du Tertre Marie Dondaine. M. Claude Corack.

Article de Ouest-France juin-juillet 1985

Souvenirs de Marcel Blivet, recueillis dans un article de Ouest-France

Rapport sur l’EcoQuartier de Robien. Lisa Sherpa, 2018. Édition C.A.U.E

Projet de Bryan Morin, élève au lycée de St Ilan en 2019. Pour voir le site, cliquer ICI 

Projet des Coccolithes sur le site du Tertre en 2019. Pour voir le site, cliquer ICI

Rubrique "Tertre Marie-Dondaine" du site du Comité d'animation de Robien, cliquer ICI

 

 

L'histoire du quartier de Robien à Saint-Brieuc. Sommaire

Le quartier de Robien à Saint-Brieuc s’est vraiment peuplé il n’y a pas plus d’un siècle, mais son histoire présente de multiples intérêts...